Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 7 février 2014

Réflexions matinales..

Bernard Stiegler peut bien pester contre le «détournement» des ordinateurs, assis qu'il est constamment, lui et ses comparses, devant les leurs, mais il ne se rend pas compte que «The medium is the message»..

Tout cet «activisme» intellectuel d'Ars Industrialis me semble destiné aux jeunes en mal de polémiques et de sensations fortes..

Dans «Réenchanter le monde» on voit poindre tout le «système»:

- La comédie de l'indignation (tous assis devant leurs ordinateurs)
- Le mépris de la société en général («jamais l'humanité n'a été aussi aveuglée, abrutie et irresponsable», etc.)
- Tout le scientisme des socialistes, plus que jamais
- La «pulsion scopique», si dénoncée par eux-mêmes, mais qu'ils utilisent à souhait avec l'utilisation de titres et de propos «chocs»: eux aussi, au fond, se battent pour le «temps de cerveau disponible»..

Dans une autre veine «révolutionnaire»:

Je lisais le livre «Tenir tête» de Gabriel Nadeau-Dubois l'autre jour, et j'avoue que j'ai été emporté par la qualité d'écriture de ce jeune homme. Cependant, derrière toutes les questions, dont celle de la dignité du peuple, du refus de l'augmentation des frais de scolarité, de la politisation de la police ou des tribunaux, etc., il reste toujours la question de savoir comment vont être financées les universités.. L'argent ne pousse pas encore dans les arbres..

Par delà l'émotif et les questions de résistance et de révolution, qui excitent beaucoup les jeunes, il y a des questions bien concrètes, trop concrètes, de moyens financiers.. On n'a rien pour rien, en tout cas, pas encore aujourd'hui.. On sait que le coût de la vie a beaucoup augmenté ces dernières années, alors comment faire en sorte que les coûts des universités n'augmentent pas aussi? C'est ça la vraie question, non?

Tout ce qui s'est passé jusqu'à maintenant à ce sujet n'a été qu'une réaction à des problèmes beaucoup plus profonds, qui prennent du temps à résoudre, sont complexes, et ne peuvent non plus juste disparaître parce qu'on s'indigne, qu'on veut ou qu'on est bons entre nous aut'es..

Au bout du compte, il y a toujours quelqu'un qui sera obligé d'aller ramasser gratuitement pour les autres la bouffe dans les champs..

Même s'il y a un robot pour aller ramasser la bouffe, va falloir payer celui qui a fait le robot..

Et lui-même, au bout du compte, doit payer d'autres personnes pour ses pièces, ses composantes, etc.

Se rend-on compte que la fabrication du robot demande une armée de personnes pour le faire?

Se rend-on compte aussi que personne ne pourra ou ne voudra offrir gratuitement son travail?

La raison est bien simple: la vie n'est pas infinie, ni la santé, ni l'énergie, ni la bonne volonté..

Et encore moins la «bonne entente».. Si quelqu'un a un avantage sur un autre, il utilisera probablement cet avantage..

La concurrence est la loi de notre système économique, et elle emporte tout avec elle..

Mais comment faire pour avoir un système économique viable sans concurrence?

Comment faire pour motiver l'innovation si on interdit la concurrence et l'avantage ou le prestige qui peuvent en être retirés?

Si l'innovation ne se traduit pas par un avantage et du prestige, à quoi cela sert-il de se casser les méninges?

Ainsi, même dans un système socialiste on se retrouverait avec des classes avantagées et des classes désavantagées..

Il y a des gens qui sont créatifs, d'autres moins, et d'autres qui ne le sont pas du tout ou qui le sont mais d'une façon qui ne peut payer en aucune façon.. Il y a aussi ceux qui ont été créatifs, mais qui ne le sont plus.. Ou d'autres qui ne l'étaient pas et qui le deviennent.. Etc.

Par contre, la «créativité» est un bien grand mot, ce peut être aussi, par exemple, de la ruse.. Dans ce cas, on est loin d'Einstein..

Mais là aujourd'hui, le but est, et vous me voyez venir, d'être créatifs au point où plus personne ne sera obligé de travailler pour vivre, au lieu de rester dans les cadres du profit à court terme, imposé par la concurrence, justement..

Pour que cela fonctionne, il faut que TOUT soit automatisé d'un bout à l'autre après un input de bonne volonté initiale, mais surtout, une compréhension des problèmes futurs que cela nous épargnera.. puisque le «travail forcé» sera pratiquement éliminé.. Ensuite, le monde sera renversé: au lieu que les étudiants aient à se battre stérilement pour des rabais d'étude, ILS SERONT PAYÉS POUR ÉTUDIER, comme si c'était un «travail», et on n'aura jamais autant vu dans l'histoire de l’humanité récente une aussi haute et forte scolarisation.. Nous vivrons alors définitivement dans le monde du SAVOIR, dans une SOCIÉTÉ DU SAVOIR, et nous serons, en travaillant tous ensemble, une puissance invincible qui PEUT résoudre TOUS les problèmes.

Le «savoir est pouvoir», mais lorsque le savoir est entre les mains de l'industrie et des actionnaires, il est parasité et détourné de son but ultime et véritable qui est l'ÉMANCIPATION DE L'HUMANITÉ.

N'est-ce pas un bel idéal ça?

Mais il y en aura encore pour chialer après sa réalisation, parce que tous n'auront sûrement pas la même notion de l'«émancipation»..

On aime bien se «différencier» des autres après tout.. sortir de la banalité..

Être «uniques»..

Veut-on VRAIMENT être tous PAREILS?

La «guerre» n'est-elle pas un état permanent de la vie, de la vie qui veut vivre?

Qu'est-ce que «vivre»?

Comment définir cela lorsque nous avons l'«impression de vivre», le «sentiment de vivre», le «sentiment d'exister»?

C'est plus que le «bien vivre» d'Aristote..

L'«intensification de l'existence» ne peut venir que de l'amour..

Or, la vraie pénurie, c'est le manque d'amour:

Nous manquons d'amour.

Nous manquons d'amour dans ce que nous faisons.

Nous ne croyons plus en ce que nous faisons.

Nous ne croyons plus en nous-mêmes.

Il reste l'argent.. et le non-sens de tout.. l'équivalence universelle de tout.. l'indifférence universelle de tout..

Seul l'Amour peut encore nous sauver.. (et non un «Dieu», comme chez Heidegger, ce croyant «dans le placard»)

L'amour est GRATUIT.. (pour un temps limité seulement, disponible dans tous les bons magasins près de chez vous, incluant les salons de massage)

2 commentaires:

  1. Je pleure actuellement, mais c'est parce que je mange des croustilles jalapeno en lisant

    RépondreEffacer
  2. Quoi? Ça rend triste manger des chips jalapeno? :D

    RépondreEffacer