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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 28 septembre 2022

Le Livre des Mille Pensées 2

13 août 2022

6. J'ai toujours pensé que c'était dû à mes problèmes de santé chroniques, comme les allergies saisonnières ou alimentaires mal identifiées, à la fatigue qu'ils engendraient, car c'est vrai que ça produit toujours chez moi, à chaque saison, un grand épuisement et un profond découragement, puisque à ce moment-là, je me sens incapable de rien faire. Cependant, j'ai observé ce qui se passe dans mon esprit, et j'ai remarqué que je n'ai jamais été capable de trouver l'impulsion et les ressources en moi-même pour faire, seul, ce que je voulais. Dans mon esprit, j'ai toujours compté sur l'aide des autres, comme mes parents ou mes amis, pour m'amener là où je voulais, et pourtant, j'ai toujours dû me débrouiller que par moi-même. J'ai toujours senti qu'une aide manquait, qui d'ailleurs n'est jamais venue. Je ne comprends pas cette faiblesse morale, volitive, ce vide en moi. J'ai comme un immense trou qui m'habite et tue ma volonté et ma confiance en moi. C'est peut-être le père que ma mère n'a jamais connu, et qui maintenant me hante sous forme de vide affectif. C'est comme un trou noir que j'ai au centre de moi-même qui me pompe mes énergies et mes rêves. Je ne sais pas pourquoi j'ai toujours tendance à penser que j'ai besoin de m'appuyer sur les autres pour réussir. Il y a encore toujours peu de domaines où j'ai vraiment confiance en moi. J'ai pensé dernièrement, en lisant Huxley sur l'éducation dans son livre «La Fin et les Moyens», que je devais avoir des ancêtres fortement conditionnés à l'obéissance, comme des policiers, des militaires, des soldats surtout, qui ont toujours besoin de se faire dire quoi faire, et donc de s'appuyer sur les autres. Cette réflexion m'a profondément dégoûté, mais m'a permis de réaliser que mon «vide» provient peut-être de beaucoup plus loin que je pouvais le penser, et que ça expliquerait pourquoi il est si difficile à vaincre. Si je me retrouve tout le temps dans des positions inférieures, c'est parce que je suis passif et que j'attends que les autres fassent quelque chose pour moi ou me disent quoi faire. Je ne veux surtout pas être comme cela, mais c'est ainsi, on dirait, qu'est mon être affectif profond, c'est comme une transaction émotive qui serait en quelque sorte à la fois un besoin d'amour et une preuve d'amour. C'est un manque qui part du vécu de ma mère, et qui se retrouve en moi, dans mon vécu. Mon être affectif troué a donné naissance à un mental de subalterne, de subordonné, mais presque au niveau inconscient, car mon mental conscient est très critique et ne veut se soumettre à aucune autorité. Évidemment, dans le discours ordinaire, ma situation ira toujours de mal en pis si je n'arrive pas à changer mon état d'esprit, et cela doit commencer impérativement par l'élimination des pensées négatives. Les pensées négatives sont le propre des perdants et des dépendants. Je dois donc absolument me débarrasser de ce qui me tire vers le bas mentalement et m'empêche d'avancer et de réussir. Je dois prendre les commandes de ma vie et devenir un «chef», c'est-à-dire assumer pleinement je ne sais quoi, disons, le «non-chef» en moi. Je n'ai jamais voulu être le chef de quoi que ce soit, et c'est pourquoi cette rhétorique de croissance et de réussite dans laquelle on s'enferre presque tous par réflexe me répugne tant. Je trouve que j'ai mieux à faire que de m'occuper de diriger les autres ou de me mêler de leurs affaires, ou encore de faire mon autopromotion par le «succès» en extirpant le négatif en moi. Le vrai négatif ne se cache nulle part, on l'est, même en étant positif jusqu'au bout des ongles. Le succès est très subjectif. On peut être millionnaire et se considérer comme une merde, ce qui devrait être plus souvent le cas, mais on assiste plutôt au contraire, puisque la société étant extrêmement matérialiste, elle adule les riches et l'argent. Comme si les billets de banque conféraient un pouvoir magique. Je n'ai aucun pouvoir sur rien, et la vérité, c'est que les autres non plus n'ont aucun pouvoir sur quoi que ce soit, alors il serait vain de compter sur eux. Je ne peux rien pour moi-même, et les autres ne peuvent rien pour moi, puisqu'ils ne peuvent rien pour eux-mêmes, et que je ne peux rien pour eux. C'est ce que je constate peu à peu, et c'est terrible comme constat. Je ne suis pas une merde, par contre, je suis dans la merde, et pour longtemps. À ce qu'il semble, c'est dans la merde que je suis à mon meilleur. Ce qui me soulage un peu cependant, c'est la conviction que les autres le sont tout autant que moi, même s'ils essaient toujours de faire paraître le contraire, et que ça n'arrange rien à la fin. Je vois les gens jouer une comédie du bonheur à laquelle ils s'efforcent de croire, en vain. Il s'agit pour soi-même de ne pas y croire, et de voir plutôt des squelettes au volant des Mercedes. Ça tue l'envie.

7. Je ne peux pas dire que j'ai la foi, et pourtant, il est impossible que je ne croie pas en quelque chose. Il est difficile de croire que toute la beauté de la nature soit là pour rien. Puisqu'il est plus facile de ne rien faire que de faire quelque chose, si un effort est déployé, c'est toujours dans un but. Mais lequel? Sommes-nous aveugles à quelque chose que nous avons dans notre face? Sommes-nous si incapables d'amour? La beauté et la complexité de la nature mérite tout notre respect et notre plus grand dévouement, tout en étant nécessaire à notre survie. Que ceux qui détruisent cette œuvre soient déportés sur la Lune. À leur retour, ils verront peut-être ce qu'ils avaient devant les yeux, mais qu'ils ne voyaient plus.

8. Pourquoi ai-je parfois la forte impression que l'avenir est déjà fixé d'avance? Et pourquoi et comment le serait-il?

9. Après qu'on m'ait refusé comme soldat dans l'armée, au début de ma vingtaine, à cause de ma myopie, je suis tombé à la place aux «ordres» de la drogue et de mes impulsions diverses... J'avais besoin d'obéir à quelque chose d'extérieur à moi.

14 août 2022

10. Pourquoi ai-je l'impression que tout le monde a le cerveau brûlé autour de moi et que je parle dans le vide? Les gens veulent du tout cuit dans le bec, ensuite ils se détournent dans l'indifférence la plus totale. Ils ne cherchent pas. Ils ne cherchent rien. Ils n'ont rien à foutre de la vérité, ils veulent s'amuser comme de petits enfants. Ils n'ont pas de réponse, puisque «tout est relatif», et voici leur brillante conclusion. La clé qui ouvre toutes les portes au foutisme intégral. On est chrétien un jour, bouddhiste l'autre jour, athée demain, épicurien le lendemain... L'esprit est coincé dans un cycle masturbatoire. On veut s'«éclater», tout cela est bien bon.

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