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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 6 avril 2022

La mort de l'insouciance dans un monde hyperviolent

Ce qui me manque le plus, c'est l'insouciance. J'ai la tête prise constamment dans les problèmes, les soucis, les tâches, la compétition, la fatigue, les maladies. Le temps presse, et je suis pressurisé. On me dira que c'est la normalité, mais je n'accepte pas cette condition de l'homme moderne. Je ne trouve pas ça normal de ne plus être capable même de penser spontanément au sexe, de penser simplement à s'amuser pour le plaisir de s'amuser en dehors de ses heures d'esclavage, de ne plus être capable, sans se sentir mal, de «perdre son temps» dans des choses qu'on aime vraiment faire, dans des «futilités». Le bien-vivre a pris le bord pour la sacro-sainte productivité. Mauvais calcul. C'était ça finalement le pacte de la raison avec le diable.

Le monde m'accapare avec sa pollution, ses guerres, ses conflits interminables, ses problèmes économiques insolubles, son stress, pour pourrir ma vie, détruire mes plans, mes rêves, mes ambitions, ma joie de vivre, ma bonne humeur, ma jeunesse, ma santé. Je ne trouve pas ça acceptable. Je donne littéralement ma peau à cette société, et en échange, on me donne l'aliénation de moi-même et de mon précieux temps. 

Il y a une époque où je ne m'inquiétais ni de ma santé, ni de l'argent, ni de l'avenir, ni de la mort. Aujourd'hui je m'inquiète quotidiennement, comme probablement presque tout le monde, de tout ça. Je me lève en pleine nuit pour lire l'Apocalypse de Jean en croyant y voir, halluciné, des signes de ce qui se passe aujourd'hui. On y parle d'un animal fantastique avec des pattes d'ours, ça y est, que je me dis, c'est les Russes! Je me souhaite la fin du monde, parce que je n'en suis plus capable. Je suis au bout du rouleau. Ça fait longtemps que j'ai besoin d'air frais et non contaminé dans ce monde cruel et hyperviolent.

Le monde est sale, les gens sont sales. L'air est sale, l'eau est sale, la terre est sale, la nourriture est sale. Tous les rapports sont empoisonnés. De sales nuages noirs de haine et de souffrance se dessinent à l'horizon. Il m'est impossible de couper le contact avec ce monde toxique et terrifiant. Mais je ne peux accepter cela.

Qu'on me détruise l'art, la vie et l'amour en pleine face à coups de masses, de canons, de bombes, de mensonges de tous les gouvernements...

Je ne pourrai jamais l'accepter.

Tout notre système de vie est pourri dans l'oeuf, fondé sur le mensonge, l'égoïsme, la violence, l'ignorance et l'inconscience. Personne ne voulait penser plus loin que le bout de son nez, et surtout pas à l'autre, sauf pour lui voler son bout de pain. Et voilà que nous sommes rendus à la conclusion de cette misérable histoire, les masques tombent, et la merde remonte à la surface pour nous étouffer.

Nous allons maintenant récolter le salaire de ce que nous avons été, et de ce que nous sommes toujours encore.

L'homme est destiné à s'autodétruire, c'est son fond secret, sa vérité.

Mais pourquoi?

Pourquoi ne pouvons-nous éviter cette horrible fin?

Parce que nous sommes incapables de réaliser que, comme dans un puzzle, la solution est forcée. Nous ne sommes pas libres de mettre les pièces où l'on veut.

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