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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 31 juillet 2016

La fin de l'argent et du travail

Mes amis, un jour, nous serons tous des BS. Les scientifiques sont sur le point de faire plusieurs découvertes majeures qui rendront tout travail (tel qu'on le connaît) inutile.

Il n'y aura plus d'argent. Comment fera-t-on pour que l'homme soit incité à innover, à continuer de se dépasser, au moins au nom du progrès de l'ensemble de la société? - Pas besoin de l'homme pour ça, l'intelligence artificielle le fera pour nous, mieux, et plus rapidement. Des IA dont les connaissances et les capacités sont constamment en progrès sont actuellement à l'essai dans toutes sortes de domaines. Si les IA peuvent apprendre toutes choses comme l'homme, et même plus rapidement et mieux que lui, ainsi que retenir indéfiniment tout ce qu'elles apprennent, nous serons amplement dépassés par les machines que nous avons créées, et c'est tant mieux. Les chercheurs sont sur le point de créer une superintelligence quantique qui prendra toutes les décisions et prendra la place de l'État (tel qu'on le connaît).

Il n'y aura plus de politiciens (tels qu'on les connaît). Les superintelligences seront comme des oracles qui verront très loin dans le futur de l'humanité. Au moyen de leur vision totale et intégrale, ils pourront faire des prédictions pour tout ce qui nous concerne actuellement, et pour tout ce qui ne nous concerne pas encore et dont nous n'avons aucune idée. Elles pourront prendre toutes les décisions les plus importantes de façon entièrement éclairées, et les appliquer.

Les hommes seront éternels. L'être humain ne «meurt» pas; il n'y a pas de nécrose programmée dans l'ADN humain, comme dans aucune autre forme de vie d'ailleurs. Ce qui tue les hommes, c'est l'usure des organes, de la structure osseuse, de l'épiderme, du cerveau, etc. Si on pouvait changer les pièces qui s'usent au fur et à mesure, ou les régénérer, ce qui serait encore mieux, les hommes ne mourraient pas. C'est en partie de cette façon que les êtres humains deviendront immortels. Les cellules souches et le design génétique et d'autres procédés empêcheront l'homme de vieillir dès la maturité atteinte.

On peut se demander légitimement ce que les hommes feront une fois qu'ils n'auront plus besoin de travailler. En effet, on s'imagine des gens désœuvrés, en pleine déchéance, faisant n'importe quoi pour se désennuyer, consommant drogue, alcool et sexe, mais on ne pense pas aux gens retraités, qui paradoxalement, lorsqu'ils ne travaillent plus, sont plus occupés que jamais... Ils s'occupent de quoi? - De choses futiles: garder les petits-enfants, faire du jardinage, aller voir des spectacles, voyager, etc. Le futile est plus occupant que l'utile. L'avenir ne sera plus à l'utilité, mais à la futilité. Nous aurons cessé de vouloir être «utiles», de vouloir «servir», de nous comporter en «serviteurs». L'être humain n'est pas fait pour «servir» et il doit se déshabituer de ce comportement. Tous nous serons des individus autonomes, créatifs, respectueux, quand même compétitifs, mais davantage collaboratifs. Les gens vivront en associations, en communautés, et pourront définir leurs villes à leur guise. Si une communauté veut revivre dans un village de style moyen âge, ce sera possible. Chaque communauté s'autodéterminera, un peu à la manière des arrondissements actuels, mais de façon encore plus indépendante.

Les pays n'existeront plus. Nous pourrons voyager où nous voulons, quand nous le voulons, sans passeport, nous pourrons même aller dans l'espace et sur d'autres planètes habitées. Les voyages dans l'espace ne seront plus un monopole d'État, et les coûts ainsi que les véhicules pour y aller seront équivalents à ceux d'aujourd'hui quand on prend son auto pour aller magasiner.

Il n'y a aura plus de magasins, ni de routes (telles qu'on les connaît). Actuellement, les routes servent majoritairement aux déplacements des autos, et les autos se déplacent majoritairement pour des raisons reliées au travail. Le travail étant définitivement aboli, il y aura beaucoup moins d'autos en circulation, jusqu'au jour où il y aura d'autres moyens de transport comme les superloops, qui sont actuellement en développement. Ces engins permettront de voyager à des vitesses fulgurantes dans tous les endroits d'une ville.

L'énergie sera gratuite. Les tokamaks, des chambres à fusion nucléaire, donnent dix fois l'énergie nécessaire à leur fonctionnement. Il y en a actuellement plusieurs de construits à travers le monde, mais d'autres modèles plus puissants et plus stables sont en développement.

Il n'y aura plus de police, de guerre, ni d'armée. Il n'y aura plus de pauvres, mais seulement des personnes vivant richement (si elles le veulent). Il n'y aura plus de prisons, plus de crimes, plus de violence. Les citoyens ne seront pas pucés, mais il y aura d'autres moyens pour les identifier et les contrôler au besoin. Leur santé sera prise en charge à tout instant par des IA virtuelles qui remplaceront les médecins et toute la médecine de pilules pharmaceutico-capitaliste telle qu'on la connaît actuellement. Les IA médecins ne traiteront pas seulement les effets comme on le fait actuellement, mais traiteront les causes et élimineront les maladies ou empêcheront même leur apparition.

Il n'y aura plus de souffrance, ni physique ni psychologique (si l'homme le veut). Les hommes ne passeront pas leur temps à essayer d'éliminer la souffrance par toutes sortes de moyens comme on le fait aujourd'hui, elle sera inexistante. Bien entendu, les individus seront libres de vouloir revivre à l'ancienne, dans un mode de vie rude, mais ils pourront toujours revenir dans la vie sans souffrance. Il leur sera ainsi plus facile de vivre rudement, sachant qu'ils peuvent arrêter l'expérience à tout moment, comme par exemple il est plus facile à un riche de vivre tout à fait comme un pauvre, sachant qu'il peut à tout moment quitter son mode de vie si ça devenait intolérable.

Dans une journée très «chargée», disons, le citoyen de ce nouveau monde rencontre plein d'amis ou plein d'amantes, fait ses activités préférées, établit ses horaires (car il y a trop de choses «futiles» à faire), se déplace extrêmement rapidement d'un point à un autre, socialise, créé, découvre plein de choses, joint ou quitte des associations qui ont toutes leurs propres règles de fonctionnement, leur mode de vie, change de vie, se redéfinit physiquement, psychologiquement, change d'identité, change de planète, créé des objets, des œuvres d'art qui se matérialisent sous ses yeux au moyen d'imprimantes 3D avancées, compose des symphonies sans avoir appris aucun instrument, écrit des livres simplement en les imaginant, écrit sans texte, d'esprit à esprit, fait ressentir des choses, des impressions à distance à une autre personne, etc.

Le citoyen peut aussi joindre une communauté qui vit en l'état actuel des choses, avec toutes les règles présentes, peut-être par conviction, peut-être afin de jouir davantage de son état de béatitude lorsqu'il reviendra au monde de la Cinquième Révolution Industrielle, peut-être afin de connaître temporairement les conditions affreuses dans lesquelles les hommes ont vécu pendant des milliers d'années, sans pouvoir rien y faire, et qui sera, pour les citoyens du nouveau monde, comme un âge des cavernes.

[Je vous invite à aller lire le compte-rendu du Forum économique 2016 sur la Quatrième Révolution industrielle en marche et qui nous tombera dessus d'ici 5 ans, entraînant possiblement 5 millions de pertes d'emplois. Selon le président du Forum, Klaus Schwab, «les ingénieurs, designers et architectes combinent la conception assistée par ordinateur, la fabrication additive, le génie des matériaux et la biologie synthétique afin d’opérer une nouvelle symbiose entre les micro-organismes, le corps humain, les produits que nous consommons et même les immeubles dans lesquels nous vivons».]

2 commentaires:

  1. Dans Le meilleur des mondes de Aldous Huxley apparaît le personnage du Sauvage qui ne veut rien savoir du Soma et des trucs qui vous rendent heureux. Il se mortifie à grands coups de fouet et vieillit lamentablement. Cela me fait songer au phénomène du jackass. Dans une société qui abolirait toute souffrance, il y aurait des types qui trouveraient le moyen de se brocher la poche...

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  2. Évidemment, l'homme a besoin de souffrir un peu. Je pense par exemple à l'enfant qui se casse la gueule en bicyclette parce qu'il a fait le fou: ça lui apprend à ne pas recommencer. Toutes les fois qu'on a souffert, on a appris quelque chose. Les désirs aussi nous font souffrir. S'il n'y a plus de souffrance, il n'y a plus de désir? C'est possible. Mais l'homme trouvera des moyens de s'habituer à tout avoir. Les choses qu'on fait passer en troisième place aujourd'hui, deviendront de première importance dans un monde super évolué. C'est un texte d'inspiration où je me suis projeté loin dans le futur, dans la Cinquième Révolution, mais la description que j'en fais ressemble probablement au fier téléphone-caméra des films de science-fiction des années 70 par rapport à ce que c'est aujourd'hui, une chose tout à fait banale, c'est-à-dire Skype.

    Les scientifiques aiment nous dire que tout va changer très vite, mais il est impossible que ça aille plus vite que ce que l'homme est capable de supporter comme changement. Si nous étions libérés d'un paquet de contraintes, la Cinquième Révolution serait déjà là (et la Quatrième, celle qui s'en vient en réalité, loin derrière), mais nous ne savons pas ce qui peut arriver maintenant. Beaucoup de catastrophes écologiques et économiques nous attendent. Si nous sommes chanceux, j'ai peut-être entrevu, candidement, un monde qui ressemblera vaguement à ça dans 200-300 ans.

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