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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 7 août 2020

Vivre sa vie

Un moment donné, l'homme doit lâcher prise, faire ses adieux au ventre plat, aux cheveux et poils dociles, à la force musculaire infinie, à la peau lisse et douce, aux prouesses sexuelles.

Il manque de temps, il manque d'énergie, il commence à avoir des bobos, qui font mal.

Il manque aussi de patience.

Il est revenu de bien des rêves et ambitions. Il est aussi revenu de bien des déceptions.

Quand il était jeune, il ne savait pas ce qu'il voulait et il l'avait quand même parfois, maintenant qu'il est plus âgé, il sait ce qu'il veut, mais c'est un dur, et dans son équipe, ça joue encore plus dur, il fait donc office de mou.

Il a compris qu'il y a les matérialistes, et il y a les autres.

Tout cela n'est pas très inspirant au niveau sexuel et amoureux, et il en a parfois le sifflet coupé. Baisse de testostérone? -Pas vraiment. Baisse de motivation et d'excitation? -Peut-être bien.

Parce que l'excitation est basée sur l’enthousiasme, l'enthousiasme sur la naïveté, et la naïveté sur la fraîche jeunesse.

Il pense qu'il commence à comprendre le but de la vie avec le recul.

Il pense.

Il commence à entrevoir toute l'infamie de ce monde. Il commence à flairer à pleines narines la perversion de ce qu'on appelle «sacré».

Il sait qu'il n'y a pas d'âme, pas de vie après la mort, pas d'enfer, pas de Dieu. Que tout cela n'a jamais servi qu'à rassurer les hommes et contrôler les populations.

Les choses qui lui semblaient égales hier, ne le sont plus aujourd'hui.

Il hume le parfum écœurant du cynisme sans fond des blouses blanches, des financiers, et des politiciens.

Il se déconnecte de l'actualité pour se connecter sur lui-même. Et ça marche.

Il vit chez lui comme un étranger. Il lui arrive de s'informer vaguement sur ce qui se passe dans le monde extérieur auprès des gens qu'il croise. Mais en général, cela ne lui fait pas un pli de ne rien savoir. Il s'évite ainsi beaucoup de stress et d'émotions négatives. Il sait que ça va mal dans le monde.

Que ça va tout le temps mal.

Mais il s'en fout totalement, parce qu'il tient avant tout à vivre sa vie.

Ce peu qui lui reste.

Lire, écrire, aimer.

Retrouver l'enthousiasme, la passion, l'émerveillement, mais au deuxième degré.

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