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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 4 avril 2018

Que faire dans cette vie absurde? - Mode d'emploi

Il est préférable de répondre à l'absurde par l'absurde. La vie n'a pas de sens. Nous sommes à la poursuite du beau, sans en être véritablement conscients, mais nous sommes toujours à la recherche du beau en tout, absolument tout, jusqu'à la beauté de notre étron que nous chions dans notre belle cuvette. Impossible d'en sortir. Notre cerveau est branché de cette façon. Pourquoi? Ce pourquoi est beau aussi. Il montre que nous nous questionnons, et il est beau de se questionner, il est beau de pouvoir se questionner. Pourquoi est-il beau d'être conscient? C'est-à-dire d'être «là», en train de savoir ce qu'on fait? Enfin, nous croyons savoir ce qu'on fait, mais le sait-on vraiment? - Je ne crois pas. Le sourire gratuit d'une jolie fille a le pouvoir d'inverser tous les signes de la vie d'un homme. Pourquoi? Comment? La beauté. Le sourire. Le regard souriant. Tout à coup l'avenir s'ouvre. De belles choses à l'horizon. Un océan de bonheur. Des couleurs fascinantes, des formes, des gestes. Un sourire pourtant mille fois vu, mais toujours nouveau, unique, toujours neuf, jeune, immortel, un éclair de joie infinie, paradisiaque. La beauté qui est le salut de tout. Mon salut. La vie est un combat non pour le pouvoir, mais la beauté. La beauté n'a pas de sens. C'est ce qui fait sa beauté. Le sens est interne, senti, vécu, actualisé. Pourquoi se questionne-t-on sur le sens de la vie lorsque le sourire gratuit d'une jolie fille est notre salut? - Parce que se questionner est beau. On ne sort pas du cercle. L'être humain se questionne. Que faire dans cette vie absurde. Je ne sais pas. Je me sens de plus en plus déconnecté, «inapproprié». Est-ce une réponse? Probablement. Si la beauté peut être une réponse. Je dirais que la vie a un sens lorsqu'on regarde les autres s'efforcer de croire qu'elle a un sens. Malheureusement, elle n'en a pas. Pourtant, tout est si beau. Nous sommes si déconnectés de notre corps pornographique, du corps pornographique des autres, de nos émotions pornographiques, des émotions pornographiques des autres. Englués dans notre moi pornographique, nous nous comprenons comme des ordinateurs pornographiques, des sortes de robots pornographiques, et nous avons raison. Nous avons soif de lumière bleue. Nous avons soif de force, d'expansion darwinienne, d'objectivation, d'aliénation de nous-mêmes. Nous mangeons des nutriments, nous analysons des grilles, nous quantifions des qualités, nous maximisons, croissons, performons. Il n'est plus question de moi, toi, nous, eux, mais de croissance. La croissance est de circonstance. À quelle fin? - À fin de faire exploser la planète. Pourquoi? - Parce que l'homme ne sait pas tout à fait ce qu'il fait, ni pourquoi, ni comment s'en sortir. Bref, il n'a aucune solution à son anéantissement programmé, et ne veut pas voir qu'il n'a pas de solution. Les femmes sont belles. La vie a un sens. Et pourtant elle n'en a pas. Mon corps et mon esprit sont utilisés par les autres à des fins que je n'approuve pas. Pourtant, je me force à croire que j'agis correctement. Pourquoi? - Parce que je dois manger moi aussi. L'État, la police, la société, les compagnies sont toutes des entités qui m'aliènent irrémédiablement. J'essaie d'en sortir, mais personne ne peut vraiment échapper au courant massif qui emporte tout. Je me sens pris dans cette vague puissante de merde qui me tue. Je ne peux y faire grand-chose. Je produis du capital, j'en dépense, je m'aliène comme tout le monde, et c'est normal. Comme c'est normal de voir les gens à travers des grilles et de les discarter comme de purs objets. Je pense à la mort et au suicide tous les jours, et c'est normal, comme une seconde nature. Nous sommes tous objectivés et quantifiés de l'autre côté des médias sociaux et de l'internet en général, et nous ne pouvons rien y faire. C'est vu comme presque normal, un mal nécessaire. C'est pour notre bien. Pour que le capital nous connaisse mieux. Pour le progrès, la croissance. Dans quel but, à quelle fin? - À fin de notre anéantissement, de nous, et de la nature, et du globe. À la fin, la beauté qui donne sens à tout se détruit elle-même. Pourquoi? - Parce qu'elle ne sait pas qu'elle se cherche en tout, et que c'est tout ce qu'elle cherche. La destruction est belle, le champignon est beau. La beauté cherche la beauté. Pourquoi? - Parce que ça lui fait du bien en dedans. Elle se sent bien quand elle voit de belles choses. Elle approuve, elle légitime, elle se rend à ce qui est beau, elle donne. Elle est prête à tout donner pour la plus grande beauté, même son feu. L'esthétique et l'art sont ce qui passe pour être le plus superficiel, et pourtant sont le plus essentiel. Nous ne pouvons nous l'avouer. Nous refusons ce fait en nous. Nous nous durcissons éthiquement contre cette vérité inéthique. Nous nous montrons brutaux, froids, objectivants, autoritaires. Nous avons peur de la beauté. La beauté gratuite. La nourriture est belle, bonne, manger est beau, mais ce ne sont que des nutriments calculés. L'être humain n'est qu'un consommateur égoïste, un amas de gènes en quête de pouvoir, de possessions, d'immortalité si possible. Il veut qu'on se souvienne de lui. Dans quel but, à quelle fin? - À fin qu'on se souvienne de sa vie absurde dans un monde absurde. Nous répétons machinalement des gestes, des attitudes, des émotions et des pensées obsolètes. Et nous le sentons parfois confusément, mais persistons quand même, parce que nous ne voyons pas d'autre solution, car en effet, à l'heure actuelle, il n'y a pas d'autre solution qui consiste à être autre chose qu'un foutu robot emporté par le flot des robots foutus sur la courbe fatale de la croissance foutaise. L'humanité n'est pas menacée de disparition. Elle est en fait disparue depuis si longtemps que nous ne pouvons que jouer pitoyablement à être humains avec les bribes de souvenirs que nous en avons, et c'est ainsi, nous ne réussirons toujours seulement qu'à être des robots imparfaits et pas propres, de pauvres simulacres impuissants de nous-mêmes et de tout le reste. Et c'est ici qu'il faut être le plus bassement artiste. C'est ainsi que le plus élevé est rabaissé au plus bas, le plus bas au plus haut, et tout devient parodie. Oui c'est ainsi. Vous savez maintenant comment employer votre vie absurde. Ça fonctionne.

1 commentaire:

  1. La beauté n ' existe pas en soi - elle existe par rapport à nous , à l ' existant , aux autres , à une belle femme ... En ce sens nous ne sommes pas " inappropriés " mais justement le contraire - nous sommes appropriés à telles ou telles situations - pas à toutes - appropriés à telles ou telles personnes - Le système libéraliste en place broie tout , effectivement , semble mener l ' humanité à sa perte , mais il n ' est pas une fatalité - Les robots et les automates finissent toujours par se dérégler un jour et exploser en 1000 morceaux - Je préfère rester un peu en marge , autant que possible - profiter de la beauté qui m ' est appropriée , à moi et à ceux que j ' aime - La mort ? elle est juste mystérieuse .. La vie à juste tout ce sens là - pas plus - le reste est mystère ..
    Ceci dit , tu dis plein de belles choses : le sourire d ' une fille qui a le pouvoir d ' inverser tous les signes de la vie d ' un homme ... super ! ( super homme .. superman .. ;)

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