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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 6 octobre 2017

Vivre dans le bois en ville

La semaine passée, j'ai été porté la boîte pour le câble. On nous offrait un rabais pour rester abonnés, mais j'ai refusé. Nous n'avons donc plus de télévision.

Je continue cependant de me servir de l'écran pour jouer à des jeux, et on se commandera éventuellement des films cet hiver, mais c'est à peu près tout.

Dans notre nouveau salon de notre future nouvelle maison en banlieue, il n'y aura pas d'écran, et rien ne sera orienté vers un écran, comme dans la plupart des salons habituels. Nous en ferons à la place un endroit de lecture et de repos chaleureux.

Cela faisait des mois qu'on n'écoutait presque plus la télévision. Mais c'était une tendance déjà depuis quelques années. Une tendance à l'isolement...

Oui, parce que nous avons besoin de nous isoler de la violence et de l'agression extérieures.

Lorsque nous ouvrons le téléviseur, ce n'est que des mauvaises nouvelles, et nous n'avons pas besoin des mauvaises nouvelles des autres, nous avons bien assez des nôtres.

On s'écartait donc graduellement de l'écran aux mauvaises nouvelles.

L'autre raison, c'était le bombardage de pubs. Nous n'étions plus capables non plus de subir l'exposition aux publicités.

Nous avons donc décidé d'un commun accord de ne plus nous tenir informés, c'est-à-dire, de ne plus écouter les nouvelles, en tous cas, pas de façon suivie. Quand je dis ça, c'est parce que les nouvelles saturent de toute façon tout notre environnement: les gens en parlent au bureau, sur la rue, on nous tend aussi des journaux où l'on aperçoit les manchettes, et dans les métros ou les salles d'attente, il y a des écrans partout avec des actualités. Difficile de ne pas savoir en gros ce qui se passe.

On ne s'en sort donc pas de cette réalité toxique. Elle nous rejoint partout. C'est aussi la raison pour laquelle je ne veux pas de cellulaire non plus, car je sais que je serai alors saturé de communications non voulues.

La raison qui m'a décidée, au fond, n'est pas une «raison», c'est mon sentiment intérieur.

Je me sentais de plus en plus mal en écoutant la télévision et en suivant les nouvelles, avec les attaques terroristes, les fusillades, les démêlés judiciaires, les agressions sexuelles, les catastrophes climatiques «imminentes», les scandales financiers et politiques, les violences envers les animaux, etc. En gros, c'est souvent un mélange in your face de sexe et de violence extrême. Oui, on est malades d'écouter ça.

Ça me faisait devenir enragé, anxieux, angoissé même, et négatif.

Bref, ça assombrissait beaucoup ma vie, et ça m'empêchait de me concentrer sur autre chose de plus positif ou constructif. Quand on commence à écouter les nouvelles, on n'est plus capables d'arrêter, c'est comme une addiction très malsaine, on pense tout le temps à la suite des événements, on attend les nouvelles du lendemain, l'histoire d'un tel ou de l'autre tel, qu'on ne connaît pas plus l'un que l'autre au fond, nous pop constamment dans la tête, parce que «c'est donc ben terrible», etc. Il y a quelque chose de très malsain à vouloir suivre au jour le jour les mauvaises nouvelles des autres... C'est comme si on prenait plaisir à voir les autres dans la merde... Parce que la plupart du temps, bien entendu, on ne fait que regarder, on ne fait rien, ou on ne peut rien faire. La télévision, selon moi, nous tord l'esprit à la longue. Elle détruit l'attention.

Donc, bon débarras, moi j'ai autre chose à faire que de me tenir au courant de la shit de l'actualité.

Même si on nous avait offert le câble gratis, je l'aurais refusé.

Si j'écris ce billet, c'est parce que j'ai été tantôt voir les manchettes sur Internet, juste pour voir à nouveau ce que ça faisait. Le contenu des manchettes se résumait à des procès d'agressions sexuelles, des funérailles en lien avec une fusillade, et d'autres violences. Après environ une minute, je me sentais déjà mal, anxieux, tourné en dedans, troublé, et j'avais des palpitations. La pulsion d'agression de l'homme actuel ne trouve pas de débouchés, n'est pas satisfaite, c'est la raison pour laquelle les médias doivent lui donner du sang pur à boire tous les jours, et il en redemande. Avant j'étais capable d'endurer ça quotidiennement, j'étais capable de prendre la charge toxique, de prendre le coup, le choc, mais plus maintenant.

Je crois que c'est parce que je vieillis, et que j'ai mangé aussi de dur coup durant les dernières années.

Je suis passé près de mourir, et j'ai donc décidé de couper la switch à merde. Je veux revenir à l'ancienne, avec un temps plus lent, et plus de contacts de personne à personne.

Vous pouvez vous douter que je ne suis pas pro gadgets sophistiqués, en tout cas, plus aujourd'hui. Tout ça ne m'intéresse plus. Le moins possible de technologie pour moi.

Je me sens de plus en plus coupé du monde actuel, «en retard», un peu rétro, et c'est bien comme ça. Je m'en fous totalement. Et je m'en fous, parce que je me sens comme un homme nouveau, mieux dans sa peau et son esprit. Je me sens plus humain, plus connecté à ce qui est vrai dans la vie, plus connecté à moi-même et aux autres, plus heureux, plus attentif, plus centré.

Je trouve que c'est in d'être out.

Je cherche la paix, en ville. Est-ce encore possible?

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