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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 8 août 2016

Sans solution

Je me suis acharné à résoudre un problème «sans solution» pendant plusieurs années...

C'est hier que ça m'est tombé dessus. J'ai pensé: «C'est comme un Rubik Cube que t'essaies de faire, et un malin génie s'amuse au fur et à mesure à placer les pièces de façon à ce que le cube ne soit pas résolvable». Comme quand tu prends un cube fait, enlèves des pièces et les replaces pas où elles doivent aller, il est évident qu'après avoir mélangé le cube, personne ne pourra le faire. Celui qui sait comment faire le cube, se rendra compte de la supercherie, mais il est possible que celui qui ne sait pas le faire ne se rende jamais compte qu'il est impossible à faire, et qu'il n'a donc pas de solution dans son état actuel.

Pour ma part, j'ai pris du temps à voir que ce problème n'avait pas de solution. Parce que c'était un problème nouveau pour moi. Pourtant, on me disait qu'il y avait une solution...

Je parle du harcèlement au travail.

On me disait: plains-toi au syndicat, fais une plainte de harcèlement, va-t’en en maladie, le psychologue me disait d'aller voir mon boss et de lui demander qu'on recommence à zéro, etc. Tout le monde me conseillait, mais personne ne savait vraiment quoi faire. Pour ma part, tout ce que j'envisageais c'était de casser la gueule de celui qui me harcelait, mais je n'étais pas prêt à retourner en prison. En fait, quand j'ai définitivement changé de vie, retourné aux études, cela était devenu définitivement hors de question.

J'essayais de calmer le jeu, mais rien à faire: mon harceleur voulait ma peau. Peu importe ce que je faisais, c'était jamais bon ou suffisant. J'ai vécu deux années de cet enfer. Bien sûr, je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas rester là à me laisser faire: j'ai donc fait une plainte de harcèlement. Mais ça n'a rien donné, et ça m'a pris toutes mes énergies, en plus de me rendre malade et dépressif. Le syndicat essayait de me décourager, etc. Je voyais bien que personne n'était de mon côté, et je m'empêtrais dans la merde. Il n'y a pas de solution quand une personne en autorité sur toi te hait.

Il faut juste lâcher le morceau et foutre le camp: c'est la seule solution. Et c'est ce que j'ai fait.

Maintenant, avec tout le salissage de réputation qu'on m'a fait, je dois me trouver un autre métier. Tout ça c'est très difficile, et il y a des fois où je me lève et que j'ai envie de tout abandonner et de partir vivre dans la rue. Des fois où j'ai envie de dire un grand «À quoi bon?», et de tout foutre là et d'aller mourir dans un coin, dans le silence, dans l'anonymat le plus complet.

Certaines choses me rattachent encore à la vie, mais des fois je deviens aveugle, tellement je suis triste.

3 commentaires:

  1. Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants de ta situation. Par contre, je me suis fait détester parfois pour ma trop grande gueule. J'ai pensé à tort qu'on m'en voulait. En y réfléchissant bien, je portais le poids de mes déceptions et de mes coups d'épée dans l'eau. Mes contradicteurs ne pensaient plus à moi et étaient sans doute passer à autre chose depuis longtemps. J'entretenais la bête. Comme le capitaine Achab qui rêve de venir à bout de Moby Dick qui lui a fauché un membre. Achab aurait pu faire autre chose, jouer au basketball par exemple. Moby Dick ne pensait jamais au Capitaine Achab. Jamais. Je ne veux pas minimiser la douleur réelle de se sentir floué par des cons. Mais le mieux est encore de briller plus fort que jamais. Comme disait Diogène le cynique: le soleil rentre dans les écuries sans se salir.

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  2. Merci Gaétan, tu es toujours comme un rayon de soleil dans ma vie.

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