«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno
mercredi 24 août 2016
mardi 9 août 2016
Vertige
j'ai un vertige en pensant à toutes les vies que je suis en train de manquer
ma pensée explose dans toutes les directions
tous les lieux réels ou imaginables ou impossibles
ces vies que je ne peux pas rejoindre
qui sont là
à ma portée
mais inatteignables
ces vies infinies qui ne sont pas moi
moi qui ne suis pas ma vie
moi qui ne suis pas moi
qui veut être tout à la fois
ces vies dont je rêve un instant
sans pouvoir les vivre, les toucher, les goûter
sans pouvoir les aimer, les rêver, m'imaginer en elles ailleurs
dans une autre vie ailleurs
toujours ailleurs
nulle part
ma pensée explose dans toutes les directions
tous les lieux réels ou imaginables ou impossibles
ces vies que je ne peux pas rejoindre
qui sont là
à ma portée
mais inatteignables
ces vies infinies qui ne sont pas moi
moi qui ne suis pas ma vie
moi qui ne suis pas moi
qui veut être tout à la fois
ces vies dont je rêve un instant
sans pouvoir les vivre, les toucher, les goûter
sans pouvoir les aimer, les rêver, m'imaginer en elles ailleurs
dans une autre vie ailleurs
toujours ailleurs
nulle part
lundi 8 août 2016
Critique et non critique
Les gens ne sont pas des punching-bags, ni des objets statiques, non-vivants. C'est-à-dire, qu'ils peuvent te répondre, se justifier, te faire voir des nuances, te donner tort: autrement dit, ils peuvent «frapper» en retour.
Il est toujours facile de juger quelqu'un, par exemple, un gardien de prison. On peut bien penser que ce qu'il fait est «lâche», «sans cœur», que c'est un «chien», etc., mais qu'arrive-t-il si le gardien de prison est critique par rapport à son travail? c'est-à-dire qu'il n'est pas d'accord avec un paquet d'affaires sur son travail? Ne devient-il pas alors plus dur à lyncher? -Pas mal, en effet, oui.
C'est toute la différence entre une personne critique et une autre non critique. C'est aussi la différence entre un être humain, «vivant», et un robot.
Dès lors qu'un «méchant» devient critique sur ce qu'il fait, il n'est plus si méchant qu'il devrait être.
C'est en même temps une énigme...
La critique sincère est souvent le seul moyen de se racheter, elle désarme...
Elle met en évidence les rôles rigides que nous jouons ou essayons de jouer, et qui ne sont pas faits pour des êtres, comme nous, de sang et de chair, des êtres «mous», dans un monde froid de science «dure».
Il est toujours facile de juger quelqu'un, par exemple, un gardien de prison. On peut bien penser que ce qu'il fait est «lâche», «sans cœur», que c'est un «chien», etc., mais qu'arrive-t-il si le gardien de prison est critique par rapport à son travail? c'est-à-dire qu'il n'est pas d'accord avec un paquet d'affaires sur son travail? Ne devient-il pas alors plus dur à lyncher? -Pas mal, en effet, oui.
C'est toute la différence entre une personne critique et une autre non critique. C'est aussi la différence entre un être humain, «vivant», et un robot.
Dès lors qu'un «méchant» devient critique sur ce qu'il fait, il n'est plus si méchant qu'il devrait être.
C'est en même temps une énigme...
La critique sincère est souvent le seul moyen de se racheter, elle désarme...
Elle met en évidence les rôles rigides que nous jouons ou essayons de jouer, et qui ne sont pas faits pour des êtres, comme nous, de sang et de chair, des êtres «mous», dans un monde froid de science «dure».
Sans solution
Je me suis acharné à résoudre un problème «sans solution» pendant plusieurs années...
C'est hier que ça m'est tombé dessus. J'ai pensé: «C'est comme un Rubik Cube que t'essaies de faire, et un malin génie s'amuse au fur et à mesure à placer les pièces de façon à ce que le cube ne soit pas résolvable». Comme quand tu prends un cube fait, enlèves des pièces et les replaces pas où elles doivent aller, il est évident qu'après avoir mélangé le cube, personne ne pourra le faire. Celui qui sait comment faire le cube, se rendra compte de la supercherie, mais il est possible que celui qui ne sait pas le faire ne se rende jamais compte qu'il est impossible à faire, et qu'il n'a donc pas de solution dans son état actuel.
Pour ma part, j'ai pris du temps à voir que ce problème n'avait pas de solution. Parce que c'était un problème nouveau pour moi. Pourtant, on me disait qu'il y avait une solution...
Je parle du harcèlement au travail.
On me disait: plains-toi au syndicat, fais une plainte de harcèlement, va-t’en en maladie, le psychologue me disait d'aller voir mon boss et de lui demander qu'on recommence à zéro, etc. Tout le monde me conseillait, mais personne ne savait vraiment quoi faire. Pour ma part, tout ce que j'envisageais c'était de casser la gueule de celui qui me harcelait, mais je n'étais pas prêt à retourner en prison. En fait, quand j'ai définitivement changé de vie, retourné aux études, cela était devenu définitivement hors de question.
J'essayais de calmer le jeu, mais rien à faire: mon harceleur voulait ma peau. Peu importe ce que je faisais, c'était jamais bon ou suffisant. J'ai vécu deux années de cet enfer. Bien sûr, je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas rester là à me laisser faire: j'ai donc fait une plainte de harcèlement. Mais ça n'a rien donné, et ça m'a pris toutes mes énergies, en plus de me rendre malade et dépressif. Le syndicat essayait de me décourager, etc. Je voyais bien que personne n'était de mon côté, et je m'empêtrais dans la merde. Il n'y a pas de solution quand une personne en autorité sur toi te hait.
Il faut juste lâcher le morceau et foutre le camp: c'est la seule solution. Et c'est ce que j'ai fait.
Maintenant, avec tout le salissage de réputation qu'on m'a fait, je dois me trouver un autre métier. Tout ça c'est très difficile, et il y a des fois où je me lève et que j'ai envie de tout abandonner et de partir vivre dans la rue. Des fois où j'ai envie de dire un grand «À quoi bon?», et de tout foutre là et d'aller mourir dans un coin, dans le silence, dans l'anonymat le plus complet.
Certaines choses me rattachent encore à la vie, mais des fois je deviens aveugle, tellement je suis triste.
C'est hier que ça m'est tombé dessus. J'ai pensé: «C'est comme un Rubik Cube que t'essaies de faire, et un malin génie s'amuse au fur et à mesure à placer les pièces de façon à ce que le cube ne soit pas résolvable». Comme quand tu prends un cube fait, enlèves des pièces et les replaces pas où elles doivent aller, il est évident qu'après avoir mélangé le cube, personne ne pourra le faire. Celui qui sait comment faire le cube, se rendra compte de la supercherie, mais il est possible que celui qui ne sait pas le faire ne se rende jamais compte qu'il est impossible à faire, et qu'il n'a donc pas de solution dans son état actuel.
Pour ma part, j'ai pris du temps à voir que ce problème n'avait pas de solution. Parce que c'était un problème nouveau pour moi. Pourtant, on me disait qu'il y avait une solution...
Je parle du harcèlement au travail.
On me disait: plains-toi au syndicat, fais une plainte de harcèlement, va-t’en en maladie, le psychologue me disait d'aller voir mon boss et de lui demander qu'on recommence à zéro, etc. Tout le monde me conseillait, mais personne ne savait vraiment quoi faire. Pour ma part, tout ce que j'envisageais c'était de casser la gueule de celui qui me harcelait, mais je n'étais pas prêt à retourner en prison. En fait, quand j'ai définitivement changé de vie, retourné aux études, cela était devenu définitivement hors de question.
J'essayais de calmer le jeu, mais rien à faire: mon harceleur voulait ma peau. Peu importe ce que je faisais, c'était jamais bon ou suffisant. J'ai vécu deux années de cet enfer. Bien sûr, je ne voulais pas, mais je ne pouvais pas rester là à me laisser faire: j'ai donc fait une plainte de harcèlement. Mais ça n'a rien donné, et ça m'a pris toutes mes énergies, en plus de me rendre malade et dépressif. Le syndicat essayait de me décourager, etc. Je voyais bien que personne n'était de mon côté, et je m'empêtrais dans la merde. Il n'y a pas de solution quand une personne en autorité sur toi te hait.
Il faut juste lâcher le morceau et foutre le camp: c'est la seule solution. Et c'est ce que j'ai fait.
Maintenant, avec tout le salissage de réputation qu'on m'a fait, je dois me trouver un autre métier. Tout ça c'est très difficile, et il y a des fois où je me lève et que j'ai envie de tout abandonner et de partir vivre dans la rue. Des fois où j'ai envie de dire un grand «À quoi bon?», et de tout foutre là et d'aller mourir dans un coin, dans le silence, dans l'anonymat le plus complet.
Certaines choses me rattachent encore à la vie, mais des fois je deviens aveugle, tellement je suis triste.
dimanche 7 août 2016
mercredi 3 août 2016
Je ne suis pas un gars de jour
Je suis plein d'affaires, mais je ne suis pas souvent un gars de jour. Et quand je le suis, si c'est par moi-même, ce n'est jamais très longtemps, sinon c'est pour le travail. Dans le cadre d'un travail, ça ne me dérange pas de me lever tôt le matin, même que j'aime mieux ça, ça finit la journée plus tôt, et on est débarrassé. Mais je ne me sens quand même pas moi-même. Je ne suis pas à mon maximum on dirait. Car on ne peut être à son maximum que quand on se sent soi-même et qu'on fait quelque chose qui est tout à fait soi-même, et ça on le sait, c'est utopique encore aujourd'hui.
Néanmoins, j'ai trouvé le moyen d'être bien dans un métier. Je me suis finalement trouvé une vocation, dans la quarantaine. Je me suis remis dernièrement à la traduction, un métier que j'avais commencé il y a dix ans et que j'ai mis de côté pour aller travailler stupidement à la Ville, un emploi «solide» et payant, mais qui était loin d'être valorisant. J'avais mauvaise conscience de continuer à ne rien faire de bon à la Ville, dans cette «cage dorée» sans avenir, et je commençais à regretter d'avoir laissé ma carrière en plan, quelque chose que j'aimais vraiment faire et qui me stimulait beaucoup. Au moins je me sentais intelligent quand j'étais traducteur, tandis que je me sentais comme un gros cave inutile à la Ville, et c'est ce que je suis devenu aussi, avec tous ces innombrables supérieurs incompétents qui font chier à longueur de journée. On dirait tous qu'ils ont de la famille à la Ville, et que c'est uniquement à cause de ça qu'ils sont là. Je peux juste vous dire que j'ai vu le manège de près, et que c'est un osti de manège de mongoles. Essayez pas de débrouiller, c'est obscur comme la Cosa Nostra, même le syndicat est dans la magouille. T'apprends au fil du temps, qu'un tel c'est l'ex-mari de ta boss au syndicat, que l'autre, son ex-femme travaille à l'hôtel de Ville, que celle-là, sa fille travaille aussi à la Ville... Y a pas du tout de népotisme, non, non, non... Oui, oui, oui, c'est fini cette époque-là... Tout est clean astheure... Imaginez, j'étais rendu que je me saoulais la gueule tous les jours, j'avais commencé à fumer, je m'enlignais directement pour la morgue, et je m'en foutais, parce que je ne savais pas quoi faire pour m'en sortir, et ça m'a amené à la crise finale, la crise cardiaque. Ce fut pour moi le wake-up call, comme pour beaucoup quand ça arrive. J'ai quitté la Ville, vraiment un endroit de merde, où des petits cons incompétents jouent au Napoléon et ne se soucient de personne dans leur ambition de devenir ché pas quoi. Si t'as pas de famille ou de bons petits amis à la Ville ou au syndicat, va pas là, t'as pas de protection, ça va venir un jour de tous bords tous côtés. La Ville c'est la mafia. Le filage souvent ne paraît pas, mais t'inquiète pas, il est bien là en dessous, jusque chez les flics, et après, jusqu'au top. Tout est tellement bien connecté, qu'on ne sait plus où ça commence ni où ça finit. Quand t'as un chien baveux qui te tape dessus avec sa matraque, t'as vraiment n'importe qui qui te tape dessus avec sa matraque: ils n'ont en réalité aucun droit. L'uniforme ne sert qu'à nous contrôler et nous empêcher de leur sauter dessus et foutre le système à terre. Notre système, notre droit, ne sont pas plus légitimes que le système de Staline et sa gang. C'est ce que je pense aujourd'hui. Toute autorité est toujours usurpée. Ils veulent nous faire accroire qu'ils travaillent pour les gens, mais ils sont comme les journalistes qui veulent nous faire accroire qu'ils travaillent pour le public: il y a toujours des riches qui se cachent derrière.
J'ai été passer une échographie dernièrement pour savoir où en était rendu mon cœur, et je suis à 53%. Il y a un an, après la crise, j'étais à 43%. Un cœur normal c'est 55%. Bref, on m'a dit que j'étais revenu pratiquement à un cœur normal. Mais moi je le savais déjà, car j'ai poussé la machine depuis un an. J'ai vraiment fait exprès de me mettre dans des positions difficiles physiquement, genre je sors en bicycle par grosse canicule et je pédale de longues distances pendant toute la journée, un bon 9-10 heures de route. Bref, j'ai fait beaucoup de cardio depuis mon incident, et je me suis fait un point d'honneur à ne jamais marcher à côté de mon bicycle dans une côte. En fait, j'ai monté toutes les côtes les plus abruptes que j'ai rencontrées depuis un an. Et ce n'est pas que je ne les ai pas cherchées. J'adore monter une de ces salopes de côtes. Je me mets en première, et je me fous de casser mon bicycle, en plus, je reste assis le cul bien ferme sur mon banc, question de me faire souffrir un peu plus. J'ai envoyé tous mes médicaments pour le cœur à la poubelle, mon cardiologue a pété un câble. Il me menaçait de me renvoyer à mon médecin de famille, il ne voulait plus me soigner. Finalement, il m'a envoyé passer une batterie de tests, il pensait me ravoir dans ses rets, mais je ne fais pas de pression ni de cholestérol et mon cœur est super en forme, il ne m'a donc pas rappelé. Je pense qu'il va me laisser tranquille. De toute façon, c'est moi qui décide. Je vais pas continuer à prendre des médicaments dont je n'ai pas besoin, «juste en cas où». Je n'ai pas envie de me faire prendre en charge comme un petit enfant par ces connards de médecins à quarante-cinq ans seulement, et jamais, si c'est possible. Je tiens à ma liberté. Je vais toujours me battre contre ces gens intéressés qui cherchent toujours à nous faire prendre un paquet de pilules pour rien. C'est pas compliqué, si j'avais écouté tous les médecins que j'ai vus depuis ma vingtaine, mettons, je prendrais aujourd'hui des centaines de pilules, bref, je serais probablement mort, ou pas très fort. En tous cas, je serais très dépendant su système de santé. Je serais un gros boulet de médicaments. Il faudrait que je prenne cette petite pilule-ci, cette grosse pilule-là, cette autre pilule pour contrer les effets secondaires de celle-ci ou celle-là, comme un con. D'la marde, j'aime mieux crever en liberté. Ce qui m'a encore plus décidé dans mon point dernièrement, c'est que ma blonde a failli se faire tuer avec des antibiotiques. Elle n'avait qu'un petit bobo au dos au retour de ses vacances. Le médecin a pensé que c'était du zona, mais ce n'en était pas. Le problème c'est que c'était alors beaucoup trop puissant, un traitement beaucoup trop long, genre on tue une mouche avec un train, et surtout, que ça allait contre son médicament pour la sclérose en plaques. Bref, elle a failli mourir, elle n'a pas pu travailler pendant deux semaines. J'ai dit «bravo le médecin!», vraiment pas fort crisse. On voit qu'on est dans un système dans lequel on est tous des numéros. On est comme du bétail pour eux. Un médecin peut nous tuer aussi facilement qu'il remplit une ordonnance avec une écriture illisible. D'ailleurs, je crois que les erreurs médicales tuent plus de monde par année que le cancer. Incroyable. Je dérape peut-être, mais je sais que le nombre de victimes par année est assez significatif pour avoir une bonne raison d'avoir peur de faire partie des statistiques.
Pour revenir à mon sujet, je suis un gars de soir. Peut-être pas tout à fait de nuit complète. Mais j'aime le soir et la nuit. J'aime le jour aussi, beaucoup, mais c'est dur à supporter des fois. Il fait trop chaud, c'est trop clair, surtout l'été, ça ne se prête pas bien à la lecture ou l'écriture, ou même l'inspiration en général. Surtout quand je me lève entre 4 et 6 heures du matin, j'ai l'impression que la journée ne finit plus, qu'elle dure depuis déjà une éternité rendu à midi seulement. C'est alors que je fais une sieste.
Et cette sieste me remet sur le bon beat, comme en ce moment, je suis capable d'écrire. Ce qui arrive je crois, ce pourquoi je ne suis pas capable d'avoir un beat régulier, c'est que premièrement, évidemment, je n'ai pas de boulot, mais que surtout, j'aime trop la nuit. Le problème, et c'est torturant, c'est que j'aime veiller la nuit, mais que j'aime aussi beaucoup bien dormir la nuit, car ce n'est que la nuit que l'on dort le mieux. Ce qui arrive alors, c'est que je veille toujours plus tard, aimant la nuit, et que je dépasse l'heure à laquelle je devrais me coucher. Je la dépasse parce que la nuit est légère, j'ai comme une énergie infinie et des idées sans fin. Finalement je me retrouve encore debout à 6, 7, 8, 9-10 heures, et puis c'est fini, je viens de fucker mon beat. Quand je commence à me lever à 2 heures de l'aprem, je suis fatigué, épuisé, et ma nuit est pénible, je ne crée rien de valable, ça devient même long la nuit à un certain moment. Tellement long que j'ai envie de revenir de jour. Et voilà mon balancement sans fin. Je commence une bonne phase présentement. Quand je réussis à veiller jusqu'à 4-5 heures et me lever par la suite avant midi, ma vie est joie. Sinon ça va mal. Je me satisfais très bien de dormir un peu moins de 8 heures par jour, car étant un type nerveux, j'ai souvent de la difficulté à m'endormir la nuit. Je suis souvent obligé de me coucher seulement quand je suis très fatigué, sinon ça marche pas, les pensées tournent dans ma tête.
Bref, c'était ce que j'avais à raconter ce soir.
Néanmoins, j'ai trouvé le moyen d'être bien dans un métier. Je me suis finalement trouvé une vocation, dans la quarantaine. Je me suis remis dernièrement à la traduction, un métier que j'avais commencé il y a dix ans et que j'ai mis de côté pour aller travailler stupidement à la Ville, un emploi «solide» et payant, mais qui était loin d'être valorisant. J'avais mauvaise conscience de continuer à ne rien faire de bon à la Ville, dans cette «cage dorée» sans avenir, et je commençais à regretter d'avoir laissé ma carrière en plan, quelque chose que j'aimais vraiment faire et qui me stimulait beaucoup. Au moins je me sentais intelligent quand j'étais traducteur, tandis que je me sentais comme un gros cave inutile à la Ville, et c'est ce que je suis devenu aussi, avec tous ces innombrables supérieurs incompétents qui font chier à longueur de journée. On dirait tous qu'ils ont de la famille à la Ville, et que c'est uniquement à cause de ça qu'ils sont là. Je peux juste vous dire que j'ai vu le manège de près, et que c'est un osti de manège de mongoles. Essayez pas de débrouiller, c'est obscur comme la Cosa Nostra, même le syndicat est dans la magouille. T'apprends au fil du temps, qu'un tel c'est l'ex-mari de ta boss au syndicat, que l'autre, son ex-femme travaille à l'hôtel de Ville, que celle-là, sa fille travaille aussi à la Ville... Y a pas du tout de népotisme, non, non, non... Oui, oui, oui, c'est fini cette époque-là... Tout est clean astheure... Imaginez, j'étais rendu que je me saoulais la gueule tous les jours, j'avais commencé à fumer, je m'enlignais directement pour la morgue, et je m'en foutais, parce que je ne savais pas quoi faire pour m'en sortir, et ça m'a amené à la crise finale, la crise cardiaque. Ce fut pour moi le wake-up call, comme pour beaucoup quand ça arrive. J'ai quitté la Ville, vraiment un endroit de merde, où des petits cons incompétents jouent au Napoléon et ne se soucient de personne dans leur ambition de devenir ché pas quoi. Si t'as pas de famille ou de bons petits amis à la Ville ou au syndicat, va pas là, t'as pas de protection, ça va venir un jour de tous bords tous côtés. La Ville c'est la mafia. Le filage souvent ne paraît pas, mais t'inquiète pas, il est bien là en dessous, jusque chez les flics, et après, jusqu'au top. Tout est tellement bien connecté, qu'on ne sait plus où ça commence ni où ça finit. Quand t'as un chien baveux qui te tape dessus avec sa matraque, t'as vraiment n'importe qui qui te tape dessus avec sa matraque: ils n'ont en réalité aucun droit. L'uniforme ne sert qu'à nous contrôler et nous empêcher de leur sauter dessus et foutre le système à terre. Notre système, notre droit, ne sont pas plus légitimes que le système de Staline et sa gang. C'est ce que je pense aujourd'hui. Toute autorité est toujours usurpée. Ils veulent nous faire accroire qu'ils travaillent pour les gens, mais ils sont comme les journalistes qui veulent nous faire accroire qu'ils travaillent pour le public: il y a toujours des riches qui se cachent derrière.
J'ai été passer une échographie dernièrement pour savoir où en était rendu mon cœur, et je suis à 53%. Il y a un an, après la crise, j'étais à 43%. Un cœur normal c'est 55%. Bref, on m'a dit que j'étais revenu pratiquement à un cœur normal. Mais moi je le savais déjà, car j'ai poussé la machine depuis un an. J'ai vraiment fait exprès de me mettre dans des positions difficiles physiquement, genre je sors en bicycle par grosse canicule et je pédale de longues distances pendant toute la journée, un bon 9-10 heures de route. Bref, j'ai fait beaucoup de cardio depuis mon incident, et je me suis fait un point d'honneur à ne jamais marcher à côté de mon bicycle dans une côte. En fait, j'ai monté toutes les côtes les plus abruptes que j'ai rencontrées depuis un an. Et ce n'est pas que je ne les ai pas cherchées. J'adore monter une de ces salopes de côtes. Je me mets en première, et je me fous de casser mon bicycle, en plus, je reste assis le cul bien ferme sur mon banc, question de me faire souffrir un peu plus. J'ai envoyé tous mes médicaments pour le cœur à la poubelle, mon cardiologue a pété un câble. Il me menaçait de me renvoyer à mon médecin de famille, il ne voulait plus me soigner. Finalement, il m'a envoyé passer une batterie de tests, il pensait me ravoir dans ses rets, mais je ne fais pas de pression ni de cholestérol et mon cœur est super en forme, il ne m'a donc pas rappelé. Je pense qu'il va me laisser tranquille. De toute façon, c'est moi qui décide. Je vais pas continuer à prendre des médicaments dont je n'ai pas besoin, «juste en cas où». Je n'ai pas envie de me faire prendre en charge comme un petit enfant par ces connards de médecins à quarante-cinq ans seulement, et jamais, si c'est possible. Je tiens à ma liberté. Je vais toujours me battre contre ces gens intéressés qui cherchent toujours à nous faire prendre un paquet de pilules pour rien. C'est pas compliqué, si j'avais écouté tous les médecins que j'ai vus depuis ma vingtaine, mettons, je prendrais aujourd'hui des centaines de pilules, bref, je serais probablement mort, ou pas très fort. En tous cas, je serais très dépendant su système de santé. Je serais un gros boulet de médicaments. Il faudrait que je prenne cette petite pilule-ci, cette grosse pilule-là, cette autre pilule pour contrer les effets secondaires de celle-ci ou celle-là, comme un con. D'la marde, j'aime mieux crever en liberté. Ce qui m'a encore plus décidé dans mon point dernièrement, c'est que ma blonde a failli se faire tuer avec des antibiotiques. Elle n'avait qu'un petit bobo au dos au retour de ses vacances. Le médecin a pensé que c'était du zona, mais ce n'en était pas. Le problème c'est que c'était alors beaucoup trop puissant, un traitement beaucoup trop long, genre on tue une mouche avec un train, et surtout, que ça allait contre son médicament pour la sclérose en plaques. Bref, elle a failli mourir, elle n'a pas pu travailler pendant deux semaines. J'ai dit «bravo le médecin!», vraiment pas fort crisse. On voit qu'on est dans un système dans lequel on est tous des numéros. On est comme du bétail pour eux. Un médecin peut nous tuer aussi facilement qu'il remplit une ordonnance avec une écriture illisible. D'ailleurs, je crois que les erreurs médicales tuent plus de monde par année que le cancer. Incroyable. Je dérape peut-être, mais je sais que le nombre de victimes par année est assez significatif pour avoir une bonne raison d'avoir peur de faire partie des statistiques.
Pour revenir à mon sujet, je suis un gars de soir. Peut-être pas tout à fait de nuit complète. Mais j'aime le soir et la nuit. J'aime le jour aussi, beaucoup, mais c'est dur à supporter des fois. Il fait trop chaud, c'est trop clair, surtout l'été, ça ne se prête pas bien à la lecture ou l'écriture, ou même l'inspiration en général. Surtout quand je me lève entre 4 et 6 heures du matin, j'ai l'impression que la journée ne finit plus, qu'elle dure depuis déjà une éternité rendu à midi seulement. C'est alors que je fais une sieste.
Et cette sieste me remet sur le bon beat, comme en ce moment, je suis capable d'écrire. Ce qui arrive je crois, ce pourquoi je ne suis pas capable d'avoir un beat régulier, c'est que premièrement, évidemment, je n'ai pas de boulot, mais que surtout, j'aime trop la nuit. Le problème, et c'est torturant, c'est que j'aime veiller la nuit, mais que j'aime aussi beaucoup bien dormir la nuit, car ce n'est que la nuit que l'on dort le mieux. Ce qui arrive alors, c'est que je veille toujours plus tard, aimant la nuit, et que je dépasse l'heure à laquelle je devrais me coucher. Je la dépasse parce que la nuit est légère, j'ai comme une énergie infinie et des idées sans fin. Finalement je me retrouve encore debout à 6, 7, 8, 9-10 heures, et puis c'est fini, je viens de fucker mon beat. Quand je commence à me lever à 2 heures de l'aprem, je suis fatigué, épuisé, et ma nuit est pénible, je ne crée rien de valable, ça devient même long la nuit à un certain moment. Tellement long que j'ai envie de revenir de jour. Et voilà mon balancement sans fin. Je commence une bonne phase présentement. Quand je réussis à veiller jusqu'à 4-5 heures et me lever par la suite avant midi, ma vie est joie. Sinon ça va mal. Je me satisfais très bien de dormir un peu moins de 8 heures par jour, car étant un type nerveux, j'ai souvent de la difficulté à m'endormir la nuit. Je suis souvent obligé de me coucher seulement quand je suis très fatigué, sinon ça marche pas, les pensées tournent dans ma tête.
Bref, c'était ce que j'avais à raconter ce soir.
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