«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 14 juillet 2024

La vérité facile ou la doxa

La vérité suppose que nous pouvons savoir. Mais cette supposition est fondée sur quoi, sinon sur la croyance que le monde est «rationnel»? La raison ne peut «savoir» que le monde est infini, mais elle suppose que le monde est infini, qu'il devrait être infini. De la même façon, nous ne pouvons que dire sur nos origines que ceci ou cela devrait être la vérité, mais jamais que c'est la vérité. Il y a toujours un écart possible, un égarement potentiel.

La vérité facile arrive entre l'enfance et 40 ans. Après 40 ans, on commence généralement à douter de tout. À 50, on ne croit plus à rien, voilà. Il n'y a plus rien de sûr, de solide, de stable, de certain. Toute forme de solidité ou de permanence s'est avérée un mirage, une illusion incompréhensible. Tout vient alors à être remis en jeu par défi, et on perd tout, sans grande surprise. Mais le désarroi nous poigne à la gorge, le sol s'écroule sous nos pieds.

Plus nous en apprenons sur l'Univers, plus il paraît étrange, inhabituel. Se pourrait-il qu'il ne soit rien de ce que nous pensons de lui? De même, se peut-il que nous ne soyons rien de ce que nous pensons de nous-mêmes? Que cela ne nous ait encore jamais même effleuré l'esprit?

Se peut-il que nous ne sachions rien de la vérité?

Généralement, toutes les «vérités» qui farcissent notre esprit sont des vérités faciles, et plus elles sont faciles, plus elles durent longtemps. Elles appartiennent malheureusement toutes à la doxa.

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