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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 10 mars 2022

Les héros du quotidien

Lorsque je consomme du cannabis, je me sens en état de détresse. C'est le mot qui m'est finalement venu à l'esprit pour qualifier cette sorte d'angoisse totale et de face à face avec la mort.

J'ai fait le lien avec la «détresse» de l'homme moderne mentionnée par Heidegger. Le fait que l'homme, en temps normal, ne ressent pas cette détresse. Et c'est vrai, normalement, moi aussi je ne la ressens pas, sauf que je suis capable, grâce à mon expérience avec le cannabis, de la reconstituer.

Disons que le cannabis a forcé l'ouverture des portes de ma conscience. Pourtant, ce n'est surtout pas la première fois que j'en prends. J'ai commencé vers 15 ans à en consommer, de façon très irrégulière, donc vraiment pas souvent, car je n'ai jamais vraiment aimé l'effet. Par contre, je n'avais alors pas ces expériences de «mort imminente». Ces expériences terrifiantes sont nouvelles. Et elles me retiennent de consommer trop souvent, me forcent à faire attention.

Dans ces moments de «décollage» de moi-même, je m'appréhende comme être fini, comme entre-deux entre la naissance et la mort. Et je ne vois pas le sens de ma vie, ni le sens de tout ce que je fais, ni le sens de nous-mêmes qui sommes sur la terre.

Je nous perçois comme un Esprit qui construit des formes toujours plus complexes et qui apprend à se connaître soi-même et l'univers. Dans quel but? Là est la question.

Pourquoi vivons-nous? Pourquoi mourons-nous? Pourquoi sommes-nous ici sur terre à construire de zéro la somme du savoir et à souffrir? Chacun vient avec sa petite théorie rassurante, mais au final, personne n'a vraiment de réponse.

Pourquoi y aurait-il une vie éternelle après la mort? Est-ce que j'arrive à me souvenir de ce qu'il y avait avant ma naissance? Tous les événements qui apparaissent à la surface de la conscience collective sont-ils déjà écrits, tel un script, dans une conscience plus profonde? C'est ce dont j'ai l'impression, et c'est ce dont l'existence de «voyants» semble témoigner. Le passé, le présent et le futur seraient donc déjà «écrits».

L'humanité est-elle vouée à se détruire périodiquement et à tout recommencer de zéro? Dès lors, à quoi bon le progrès?

On voit ce que la science peut nous apporter, mais lorsque le pouvoir de la science est mis aux mains de dictateurs, ça ne va plus. Le sort est-il inévitable? C'est ce que personne ne sait. Va-t-il en sortir du mieux? personne ne peut savoir.

Serons-nous vraiment protégés d'«en haut» (extra-terrestres, Dieu, etc.) d'une attaque nucléaire? je ne crois pas. Si personne n'est protégé de sa propre mort individuelle, pourquoi l'humanité entière, elle, serait protégée? La politique est aujourd'hui du grand banditisme, et je ne vois pas pourquoi des êtres qui mettent à leur tête des bandits malveillants auraient droit d'être «sauvés». Et le totalitarisme nous menace nous aussi à l'ouest par la concentration du pouvoir et de l'argent entre les grandes compagnies. La religion de l'argent aux États-Unis mène droit à l'apocalypse, à la fin du monde, tel que nous l'aurons connu.

Selon moi, le chemin hors de ces mécanismes destructeurs est de donner. De faire siens l'espoir et la charité. Bref, d'être «bons», sans contrepartie.

Il ne semble pas y avoir de solution à l'existence, et tout ce qu'on peut faire de mieux, c'est d'apporter sa «petite» contribution à l'humanité.

Soyons donc les héros du quotidien.

La réponse nous est donnée par le modèle des moines: détachement des biens matériels, simplicité, dévouement, espoir, charité, bonté, amour. De comprendre que notre petit moi n'est pas le centre du monde dans le sens que nous croyons.

Nous sommes à la fois les centres du Centre et le Centre des centres. C'est comme un Dieu que nous devons veiller sur les autres et sur le salut de l'humanité.

Ma vie, qui semble absolument unique et impénétrable à autrui, fait de moi le Centre en tant que témoin unique de ma propre vie. Cependant, je ne suis pas le seul à être un Centre pour soi-même, il y a d'autres Centres, et disons que l'ensemble de ceux-ci sont à la fois le Centre, et dans le Centre.

Ce Centre, qui est central partout, est l'Infini. Je dois réaliser que je suis momentanément l'Infini qui se regarde lui-même et prend conscience de son existence.

Chacun doit, à la fois, veiller sur les autres et veiller sur soi-même, pour pouvoir accomplir cette unique mission, qui peut seulement être motivée par l'espoir en une vie meilleure et en un but final de l'humanité qui est la maîtrise de tout le savoir, autrement dit, la possession de la Science de l'immortalité, de la structure du Tout, et des énergies infinies. Le but est la compréhension de l'être humain lui-même et de tout ce qui l'entoure, de l'infiniment grand comme de l'infiniment petit.

Qui ne veut pas tout pouvoir sur tout?

Commençons par être en ordre dans notre quotidien.

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