Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 1 février 2022

Comme une fleur dans l'infini

Personne ne me comprend, même pas mes proches. Je ne suis pas capable non plus de faire encore le tour de moi-même. Car je suis un Monstre de complexités. Mon père me disait tristement qu'on se retrouve toujours seul dans la vie; je comprends ce qu'il voulait dire, maintenant j'apprends à le vivre. La vie est autant dure que facile parfois, légère même. Pourquoi lorsque je me sens léger je me sens si près de mourir, comme libéré? C'est à ce moment que je me sens le plus vivre, mais en même temps si près de la mort. On dirait que l'un ne va pas sans l'autre, que l'intensité vivante ne va pas sans l'intensité mortelle. Je jette un dernier regard sur le monde, je lui fais mes adieux, je le photographie et le filme comme si c'était la dernière fois que je le voyais, qu'il est si beau! que c'est exquis! Que c'est un moment inoubliable! Mais on n'y pense jamais! Pourquoi je ne prends en photo que des rues, des ciels et des objets inanimés ou encore des arbres? Pourquoi me fait-il si plaisir de quitter ce monde d'humains qui ne me dit rien? Il y a beaucoup de vérités personnelles dans ce que je viens de dire. 

J'ai toujours voulu transcender le monde et le dépasser en me dépassant, mais les humains n'y ont jamais été un facteur d'élévation, au contraire. Ils ont toujours été l'élément laid dans le décor paradisiaque qu'est la Terre. L'élément qui m'apprend à maudire la vie et les autres hommes, mais je sais que ce sont des salauds et qu'il n'y a rien à espérer d'eux. Ils sont sans espoir et damnés à jamais, dans un monde où le bon est aussi pire que le mauvais. Autant se détourner vers le beau. Un beau évanescent, fugace, mais intense et profond. Un beau qui a une dimension. Un beau qui en vaut la peine.

Quand je parle de monstre, de fin du monde et d'entités extra-terrestres et de Dieu, c'est de moi et à moi que je parle. Il ne peut en être autrement.

Ce journal que j'écris est faussement pour les autres. En réalité, je n'écris que pour moi-même et ceux qui me lisent rentrent dans mon intimité en pensant à tort avoir une place en tant que lecteurs enthousiastes, mais non.

Je suis le seul spectateur de mon univers.

Et même si j'ai l'impression que ce que j'écris parfois tombe dans le vide et ne sert à rien, je n'écris jamais rien pour rien, et ce qu'il y en a à retirer viendra en son temps et à son heure.

Je sais qu'un jour je parlerai du Monstre que je suis à des gens qui ne me connaissent pas. Je leur ferai découvrir la vie à Montréal telle que je l'ai vécue à ma façon et avec mon point de vue particulier sur la ville. J'ai des secrets qui m'appartiennent cachés partout dans cette ville sacrée et maudite à la fois.

Un jour je retrouverai mon chemin, et je serai celui que je me suis promis d'être depuis toujours.

Toutes les planètes seront alignées et ce sera mon Jour, mon Temps, ma Venue.

Un rayon de mon Monde entrera dans votre monde et viendra y crisser le feu, parce que vous n'avez jamais rien compris à rien.

Vous n'avez jamais vu la tragédie de la Vie, de votre vie.

La vie coule en moi au fil des années et prend une autre saveur, une autre profondeur, souvent un accent fatal. Je ne me sens pas plus vivant, au contraire, mais plus près de la mort, et comme immatériel. Je me sens comme un esprit.

Je me sens inexistant, irréel.

Je sens que tout ce qui m'entoure est une illusion, que même mes valeurs, ma vie, ma pensée, ma personnalité, mes sentiments, mon vécu, mes projets, mes visions d'avenir sont des illusions. Tout est voué à disparaître à jamais. Nous ne sommes qu'une seule occurrence dans l'infini, comme une fleur. La vie se vit maintenant ou jamais. Chaque instant qui passe est mort pour toujours.

C'est aussi une illusion de croire que quelqu'un me comprendra un jour. 

Je resterai à jamais seul en moi-même. Et c'est ce qui est tragique, de croire à toutes ces conneries qu'on se force à croire toute sa vie. Oui, nous sommes conscients, mais on dirait que personne n'a conscience à quel point notre conscience est limitée, presque animale, pire encore, machinale. Il y a plein de choses dont on n'est pas conscient. Ces choses se révèlent à nous ou se détruisent parfois après un choc ou une grande prise de conscience qui demande beaucoup de travail et de concentration, tant au niveau intellectuel qu'émotionnel.

La vérité me vient graduellement, se distille en moi, et elle est triste comme les vagues de la mer, mais elle me fait vibrer plus que jamais.

Comme jamais.

Et je l'aime profondément.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire