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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 8 février 2017

Le manque de repères spirituels

Je constate toujours plus à quel point nous manquons de repères spirituels. Si je veux être chrétien, je dois minimalement lire la Bible, mais quel fouillis! Et le Nouveau Testament, c'est tellement mince!

De plus, dans ces écrits, tout est de seconde main, voir plus! Les prophètes n'ont rien écrit, comme Socrate. Comment savoir alors si ce qu'on nous raconte est bien la vérité? J'ai appris dans mes études à l'université que les Anciens étaient bien coquins dans leur façon de rapporter leurs histoires, souvent empreintes d'un intérêt personnel, à peine dissimulé. Ils n'avaient pas du tout notre notion d'«objectivité», typique d'un monde qui vit dans les données et la science.

Les sources spirituelles solides sont rares, éparpillées, disséminées. Même dans le bouddhisme, je crois que tout est rapporté.

J'essaie de trouver du solide quelque part, je n'en trouve pas. Tout est matière à interprétation dans ce domaine.

Quels sont les principaux points d'une religion?

-La croyance à une vie après la mort, dans un lieu quelconque, ou sous forme de réincarnation.
-Un jugement après la mort de nos actes, de notre vie.
-Un Dieu unique, ou une multiplicité de dieux.
-Un Dieu distant, froid et indifférent, ou un Dieu aimant et miséricordieux.
-Le pardon, l'humilité, la patience, l'amour, ou la libération du désir.

Vous voyez, ce sont les grandes lignes de toutes les religions, et quant à moi, c'est leur seul contenu. Tout le reste est de l'interprétation à partir de ces lignes directrices.

Quand on cherche, il n'y a RIEN.

Quand on se met à lire l'Ancien Testament, on se rend compte que c'est presque un texte administratif: généalogie, comptes-rendus des guerres, déplacements du peuple juif, etc. On décroche rapidement. Et la Genèse, on sait aujourd'hui que c'est l'histoire mésopotamienne mal rapportée d'Enki et Ninhursag. Vraiment aucune gêne! Avec en boni des contradictions, donc deux récits différents de la Genèse, à quelques pages de distance, quand on lit bien!

Non, vraiment, le sens est à chercher ailleurs...

C'est pas dans ces écrits qu'on va trouver le SENS.

Et ici, c'est un peu comme aux échecs: on peut étudier une défense autant qu'on veut, et perdre quand même avec cette défense, parce qu'on n'a pas regardé la position «avec ses yeux à soi», c'est-à-dire qu'on n'a pas regardé la position avec ses particularités, autrement dit, on n'a pas pensé par soi-même. Car qui a dit que ce qu'on a étudié dans les livres était la vérité dernière? Personne n'oserait le dire... pas même celui qui a écrit le livre. C'est pourquoi le simple fait d'être attentif, dans n'importe quelle situation, nous permet souvent de trouver la réponse par nous-mêmes, et de surprendre tout le monde, à tout le moins ceux qui se basent sur ce que les autres disent ou pensent à leur place.

Il faut donc construire nos repères spirituels, de pied en cap, parce qu'ils n'existent pas encore, dans notre époque particulière.

Ce grand projet commence par le travail sur soi, avec une pensée pour les autres.

Un peu plus de bonté est un bon commencement.

Je me rends compte que le travail sur soi est extrêmement difficile, voire le plus difficile.

J'ai toujours tendance à rejeter la faute de mes manquements sur les autres, la société, le gouvernement, le capitalisme, etc.

Mon corps m'indique tous les jours que je suis dans l'erreur nutritionnelle, mais je préfère prendre des antidouleurs puissants qui me détruisent le cerveau.

Je persiste et signe, dans l'erreur.

Pourquoi cet entêtement? cet aveuglement? Pourquoi cette volonté larvée de mourir?

-Parce que ce monde est en contradiction avec mes idéaux de jeunesse.

C'est tout.

Je dois maintenant réajuster le tir, avec un certain espoir, de voir ce monde arriver de mon vivant.

Je dois participer à sa création, à partir de moi-même, à ma façon personnelle, et c'est possible.

Je dois construire mon MONDE.

Parce qu'avoir le «travail» comme seule valeur, comme seul mot à la bouche, comme seule solution, et de travailler comme des cons, on ne sait vraiment pas où on s'en va.

On pense que la planète est en danger, mais on continue de travailler et de promouvoir le pétrole et les CFC, parce qu'il faut bien manger, mais qui pense sincèrement à l'avenir dans tout ça?

-Personne.

Le bateau navigue tout seul, et la faute sera rejetée sur les «autres» (gouvernement, capitalistes, etc.) quand les dommages seront faits.

C'est la réalité.

C'est pour ça que ça prend un changement intérieur de CHAQUE individu.

Et c'est pour ça que ça prend des repères spirituels profonds qui respectent, en plus, notre environnement.

La seule fonction des religions actuelles est de servir de consolation pour le mal qu'on se fait à soi-même.

3 commentaires:

  1. Ce n'est pas un manque de repères spirituels que de s'écarter de ce qui n'est en rien un point de repère... La divinité, comme le rapporte une vieille fable hindouiste, est cachée à l'intérieur de nous-mêmes parce que c'est le dernier endroit où nous penserions aller la chercher. Camus voyait l'absurdité comme un point de départ, et non pas comme un point d'arrivée. Le constat que tout est vain et stupide est un passage obligé pour transiter vers un peu plus de sens, de compassion et de sensibilité. Ton rejet des institutions et codes de conduite établies est le meilleur gage d'avancée spirituelle. Le chemin est sans doute abrupt et tortueux, mais à vaincre sans périls on triomphe sans gloire.

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  2. Le dernier post que j ' ai écrit va peut-être dans le sens de ce que tu dis ?
    http://mondeindien.centerblog.net/775-charite-bien-ordonnee

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