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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 30 décembre 2016

Le discours des maîtres

Il m'arrive souvent de tomber, à la télé, sur des discours de blacks successful qui parle de réinvestir dans la black community à Montréal.

Il me font toujours sourire un peu.

Généralement, ils parlent pas pire en anglais. Mais on voit quand même que c'est des french Québécois de Saint-Michel ou de Montréal-Nord.

De leur bouche sort des discours d'argent, d'investissement, de succès, de passion, de sacrifice, de hard working, de communauté, et d'optimisme de vendeur, etc.

On y met de la conviction avec les gestes, les habits, la voix, mais je ne trouve rien de nouveau à tout cela.

Je me demande même dans tout cela où peut bien se cacher la révolution?

Il n'y en a pas. Et il n'y en aura pas. Tout ce qu'on veut c'est ses pantoufles de mouton et bien dormir le soir.

L'idée est tout simplement de remplacer les anciens maîtres blancs par des nouveaux maîtres blacks.

On a soif de s'embourgeoiser, quoi qu'on dise.

Comment peut-on prétendre que n'importe qui peut avoir la passion de l'investissement?

Comment peut-on prétendre que tout le monde peut avoir même une seule passion dans la vie? Moi par exemple, j'ai plusieurs petites passions, mais à mon grand malheur, pas une seule de forte. Des fois je me demande pourquoi je n'ai pas une seule passion très forte qui emporte tout, ce serait tellement plus simple. Par exemple, à écrire de façon continue des romans jour et nuit, j'aurais une chance de devenir riche et successful. Je pourrais après cela écrire dans un livre ma recette pour devenir riche, et devenir encore plus riche, etc. On pourrait en parler encore longtemps des idées que j'ai quotidiennement pour devenir riche... Mais il y a aussi énormément de gens qui n'ont absolument aucune passion dans la vie, quel sera leur sort?

Comment peut-on prétendre que ton net worth (valeur nette) est égal à ton network (réseau)?

Ce n'est pas vrai que ta valeur équivaut à ton portefeuille ou à tes relations.

Prenez Trump, par exemple: il est riche, il a beaucoup de relations et il est, de plus, président des États-Unis, mais ça n'y change rien du tout: il reste quand même un trou du cul.

Combien de génies ont passé leur vie dans une quasi solitude et sont connus aujourd'hui mondialement?

On parle de Nietzsche jusque dans des tribus reculées d'Afrique... Qui l'aurait cru? Et toi? Qui parlera encore de toi dans 20, 50, ou encore 100 ans?

Mais on persiste à nous servir des discours de vendeur comme si c'était de l'or en barre ou l'idée du siècle, en nous faisant croire, comme Anthony Robbins et autres comparses qui deviennent riches en vendant des cassettes et des livres sur comment devenir riche, que n'importe qui peut devenir riche, juste en le voulant un peu. Que n'importe qui, avec une bonne volonté, peut se passionner pour la vente, l'investissement, la business, la gestion, les calculs financiers.

Voyons donc crisse!

Personne ne voit que c'est juste des vendeurs?

Que ça prend un talent de vendeur pour faire tout ça?

Que c'est pas tout le monde qui peut avoir la passion de la vente?

Moi en tout cas, je ne passerais pas ma vie à faire ça, que ça me rende riche ou non, pour moi, ça n'en vaut pas la peine.

Passer sa vie à courir après les moyens qui vont faire que je n'aurai plus à courir après les moyens, c'est une illusion.

Une fois qu'on commence à courir, on court toute sa vie.

L'important est de faire ce qu'on aime, peu importe que ça rapporte ou non. Parce que demain tu ne seras peut-être plus là. Que dis-je? -Parce que dans la prochaine heure tu ne seras peut-être plus là. Il faut que notre récompense soit intrinsèque à ce qu'on fait. Plus de délai. Il faut viser l'hédonisme le plus possible et arrêter de se faire chier, parce que ça conduit seulement à faire chier les autres. Et c'est ce qu'on vit collectivement en ce moment: on se fait chier, et on fait chier les autres... C'est bien et beau, à ce qu'il paraît.

Si les vendeurs aiment ce qu'ils font, tant mieux. Mais qu'ils n'essaient pas de me convaincre que «tout est de la vente».

Chaque seconde de la vie qui passe d'un mourant vaut une montagne d'or. Or, nouvelle de dernière heure:


«Nous sommes tous mourants.»


Mais on ne commence à s'en rendre compte qu'une fois dans la quarantaine, alors que tout semble trop tard.

Il devrait toujours être trop tard pour remettre sa vie à plus tard.

Mais l'homme pense à vingt ans qu'il a l'infinité devant lui, et c'est ce qui fait rouler le monde, depuis que le monde est monde, dans son obstinée stupidité...

Ils sont maîtres dans la game du capitalisme, et nous servent bien leur toc de vendeur, mais ce n'est pas ma game, ni mon discours...

6 commentaires:

  1. Merci - tu dis ici des choses qui sont parmi les + importantes qui soient .
    Choisir entre l ' être ou l ' avoir .
    Que le miel coule dans ta barbe comme dans celle d ' Aaron !
    Quant aux passions qui nous animent , nous avons facilement l ' impression qu ' elles sont petites , simplement parce qu ' elles sont nombreuses , que nous ne savons comment faire pour les contenter toutes .
    Quand bien m^me n ' en aurions qu ' une ou deux , nous ne saurions pas mieux les satisfaire - et c ' est tant-mieux : la passion nous entraîne sur des chemins infinis et si nous pouvons en réaliser un tout petit bout , elle nous donne des océans de plaisir et de bonheur -

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  2. Je ne sais pas pourquoi, mais quand j'imagine du miel couler sur du poil, j'imagine invariablement que ça coule sur une chatte, et non une barbe. :D

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    1. Je l ' imagine bien couler sur ma barbe aussi et sur la chatte :D

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  3. N'envie jamais les vendeurs. Ce sont eux les jaloux. Ils voudraient avoir tes talents et comme ils ne les ont pas il ne leur reste que l'argent. S'ils te dénigrent, c'est pour détourner l'attention, pour qu'on ne se rende pas compte qu'ils ne sont rien, même s'ils pensent être devenus quelque chose. C'est pas juste que le talent ne revienne qu'à ceux qui sont touchés par la grâce... On devrait pouvoir se l'acheter, comme tout le reste!

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  4. Il y a quelque chose de fondamentalement non-noble dans la vente.

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