Nous trouvons dans le taoïsme les intuitions qui sont à la base de la pensée chrétienne, nous permettant de fonder celle-ci sur une belle image, prise de la nature. Être "humble" et "charitable", c'est être à l'image de l'eau:
"La bonté suprême est semblable à l'eau. Car la bonté de l'eau profite aux dix mille êtres sans jamais les agresser. Elle se tient là où la masse des hommes déteste se trouver. C'est pourquoi elle est assimilable à la voie." Lao-tseu, VIII
Le temps passe, mon corps vieillit, je tourne en rond dans la même vie.
J'ai l'incroyable impression depuis un certain temps que tout ne fait que se répéter, puisqu'il ne peut plus y avoir rien de nouveau.
C'est ça l'enfer.
Que finalement, ce n'est que ça la vie.
J'ai fait le tour et je dois maintenant tourner en rond.
A été vraiment intense.
Je me souviens, dans ce coin perdu du Nouveau-Brunswick, je t'ai trouvé au bar Dooly's les yeux rougis par les larmes. Ton pick-up line c'était que t'étais une itinérante... J'ai eu peur sur le coup. Je savais que je m'engageais dans quelque chose. Mais tu avais soif, je t'ai fait boire. Tu avais faim, je t'ai fait manger. La soirée avançait, et bien réchauffés nous sommes allés en taxi chercher tes affaires devant une porte à Pointe-à-la-Croix. La maison des toxicos t'avait expulsée, parce que t'avais des bouteilles cachées un peu partout dans la chambre. Une vraie ado de quarante ans.
Puis tu étais assise sur moi dans mon fauteuil rose, et tu pleurais, en chantant sur la musique de Francis Cabrel. Je sentais le tragique et la tristesse en toi, et j'avais envie de tomber dans ta folie. J'avais envie de t'aimer.
Cela faisait exactement un an que j'étais séparé, et c'était le jour d'Action de grâce. Je voyais des signes partout. Et toi aussi. Tout était magique et nous aimions nous dire: "Rien n'est impossible".
Tu as trouvé des petits boulots qui n'ont pas duré très longtemps. Mais tout le monde t'aimait. Je t'ai jetée sept fois à la porte, car tu avais perdu le contrôle avec la boisson. Après t'avoir repris la dernière fois, j'ai décidé que je te garderais, peu importe ce qui arriverait, car j'étais amoureux de toi.
Lorsque tu es allée voir tes enfants à Québec, le Covid a failli nous séparer pour de bon, car ils ont fermé les frontières juste après ton retour. On pouvait pas savoir. À cause que j'étais à contrat, j'ai perdu mon emploi.
Nous sommes restés là paisiblement des mois à attendre que la frontière ouvre. Ce furent de beaux mois où nous avons appris à nous connaître, et où nous avons commencé une vraie vie de couple.
Avant de partir de Campbellton pour Québec, tu m'as offert un beau petit chien de un an pour ma fête. Cela fera bientôt six années que nous sommes ensemble.
Le temps passe si vite.
Je t'aime encore.
Tu es toujours la folle étoile qui me guide dans cette vie que je ne comprends pas.
Je lis des livres, tous les jours, qui demandent du travail, beaucoup de travail, parfois des semaines, souvent des années ou même des décennies pour être compris, voire une vie entière.
Ce qui arrive donc, c'est que je passe souvent des heures à lire sans presque rien comprendre... Je dois faire des recherches, lire d'autres livres, fouiller dans des dictionnaires, etc. Je suis très certainement un idiot.
Je ne crois pas que la nouvelle génération ait cette patience-là.
Parce que c'est la faute de l'auteur s'il n'est pas clair, tsé.
Il devrait tout remâcher comme pour les nuls.
Il devrait donc faire une vidéo amusante, avec les bons cadrages, beaucoup de gestes et un vocabulaire réduit à la portée même d'un macaque.
Ensuite poster le tout sur les médias sociaux pour avoir le plus de likes possibles. C'est le test ultime.
Tout doit pouvoir se comprendre immédiatement par tout le monde.
Faire les gestes et les sons des choses qu'on veut dire, par exemple, pour dire qu'une auto passe, on fait: broum! broum! en avançant la main, le regard fasciné, et qu'un objet tombe: paklang! ou badaboum! en faisant chuter la main, et en faisant des gros yeux. Surtout, faker le naturel et la spontanéité en disant dès que la caméra roule: Ah vous êtes là!, ou encore le très classique: Ça tourne là?
Plus jeune, je me sentais fort et énergisé dans une foule. Maintenant, c'est le contraire: je suis gêné et dépouillé de mon énergie, j'essaie donc le plus possible de fuir la foule partout où je la vois.
Je suis gêné par ces velléités d'unité. Je sais que tout cela n'est que comédie qu'on se joue entre soi, pour satisfaire les instincts grégaires.