Pages

«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 15 juin 2010

La liberté en location

Comme à tous les jours, un paquet de tracas pour rien. Pas d'argent : incapable de rien faire. On me tient bien par les couilles. En fait, on tient tout le monde par les couilles : le manque d'argent et la lutte constante pour en avoir nous empêchent de bouger, nous empêchent de nous ouvrir la gueule, nous empêchent de réaliser nos projets. La vie malheureuse et enchaînée au portefeuille est la norme. Y a de quoi devenir fou. Il n'y a pas de barreaux réels, mais ils sont pourtant bien là, bien présents dans nos vies. On parle de «liberté» comme ça, de façon abstraite dans les universités, voulez-vous rire? La liberté dont vous parlez n'est qu'un mot, tout au plus, une vapeur. Si vous êtes pris à la gorge financièrement, économiquement, ou que vous n'arrivez jamais à dépasser un certain seuil, même confortable, il n'y a plus de liberté : la liberté, c'est d'abord l'argent. Sans argent, vous n'avez tout au plus qu'une liberté de mouvement, et encore, vous ne pourrez pas traîner longtemps sur place, on viendra vous avertir de circuler, car rien n'est à vous, vous n'avez nulle part où aller. Dans le cas contraire, si vous ne manquez jamais d'argent, c'est parce que vous manquez à coup sûr d'imagination, à moins d'être super riche.

Nous achetons de la liberté en travaillant, nous l'achetons avec nos bras et notre cerveau. Le transfert électronique dans votre compte vous indique, en somme, une remise de peine, car la prison n'est jamais loin quand on se retrouve sur le pavé. Il n'y a plus d'argent physique, plus de billets, rien à posséder physiquement; de toute façon, l'argent n'a aucune valeur en soi, sauf une valeur «consensuelle» qui n'équivaudra jamais au temps de vie qui vous est volé. Nous avons affaire qu'à des numéros, des autorisations électroniques d'être libre, de pouvoir manger et d'avoir un toit, de faire ceci, de faire cela, de se procurer ceci ou cela. La liberté est virtuelle, électronique, digitale, comme dans un jeu vidéo, seulement, ce n'est pas nous qui contrôlons le «jeu».

Après on viendra dire que nous sommes libres ici, eh bien, nous ne le sommes pas plus qu'ailleurs, en tout cas, moins qu'à Monaco en général, disons, où tout le monde est plein aux as. Nous ne sommes libres que si nous travaillons, c'est tout, que si nous donnons du jus, que ce soit du jus de cerveau ou de bras. Nos maîtres nous donnent des autorisations d'exister à chaque paie. En fait, il ne manquait que cette partie à l'affirmation abstraite et superficielle que nous sommes libres ici... Nous ne sommes jamais libres dans l'abstrait, de façon absolue, mais toujours relativement par rapport à quelque chose d'autre. C'est pourquoi il faut toujours ajouter les questions suivantes à l'affirmation de liberté : libres de quoi et libres pour quoi?

Les États-Unis, le pays de la «liberté»? De la liberté de faire de l'argent, toujours plus d'argent, de façon illimitée? Mais qu'est-ce l'argent, sinon de la liberté «achetée» comme telle? Ainsi, les États-Unis sont le pays de la liberté, mais il faudrait ajouter, d'une liberté «achetée» par les travailleurs et sur le dos des travailleurs, donc, arrêtons donc de nous exciter avec ce mot de «liberté» utilisé seul et hors contexte : ce n'est qu'une mascarade et de l'hypocrisie pour ce qui ne sera toujours qu'une simple liberté conditionnelle comme au temps des Vikings ou des hommes de Cro-Magnon.

Non, à ce niveau-là, nous n'avons pas évolué, nous n'évoluons jamais. Nous évoluons dans les façons d'emprisonner l'homme toujours davantage, mais pas de le libérer. Nous évoluons dans la fabrication de médicaments et la confection de pilules, mais pas dans les remèdes permanents, les guérisons totales et complètes. En fait, les remèdes «permanents» sont plutôt à rejeter dans un système capitaliste où l'offre et la demande doit être constante pour que l'économie survive. Un exemple flagrant de contre-productivité du système capitaliste, ce sont ces ampoules qui pourraient durer jusqu'à 200 ans, mais qu'on ne peut mettre sur le marché : pourtant, la technologie est là, mais on ne peut l'utiliser! C'est la même histoire pour les batteries et un paquet d'autres choses. Des fois je me demande si toute cette pollution de la planète est artificielle et si elle n'est pas tout simplement créée par cette fausse surconsommation «nécessaire» dans l'état actuel des choses, c'est-à-dire dans le cadre d'un système économique qui demande un roulement constant et toujours plus effréné pour être possible.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire