La synergie et l'éducation

«Si le cerveau des enfants était synergique, nous n'aurions plus besoin d'écoles.» :

C'est la pensée qui m'est venue après avoir visionné cette vidéo d'un homme atteint du syndrome d'Asperger.

Mais était-ce la pensée qu'on voulait que j'ai? C'est ce que je me demande, et je me méfie souvent de mes propres pensées, surtout en écoutant les médias.

Si pour les personnes atteintes de ce syndrome il est possible de faire des prouesses mathématiques ou langagières, en revanche, elles rencontrent souvent aussi des problèmes à différents niveaux qu'un individu qui n'est pas atteint du syndrome n'aurait pas, par exemple des problèmes moteurs ou sociaux, ou quantité de problèmes particuliers d'autres ordres.

Alors, je ne vois vraiment pas pourquoi on vient faire l'éloge d'une personne qui peut mémoriser en une seule fois les 22 000 premières décimales de pi ou qui peut apprendre l'islandais en une semaine. Nous savons tous que les autistes font parfois des choses hallucinantes, qu'ils peuvent, par exemple, mémoriser tous les numéros de téléphone dans un bottin, mais qu'ils sont souvent incapables, dans ce cas, de faire une chose aussi simple que d'appeler quelqu'un pour annoncer leur exploit.

Un autre exemple d'effet pernicieux de ces médias coulants de bave sur chacun est l'utilisation du mot «synergie» dans la description du syndrome, alors qu'en lisant la description de celui-ci sur Wikipedia, ce mot n'est pas mentionné une seule fois. Ce mot apporte son sous-entendu : le cerveau de l'homme atteint du syndrome fonctionne en synergie : toutes les aires du cerveau communiquent entre elles, elles se «parlent». Tandis que les aires du cerveau d'une personne non atteinte ne se «parlent» pas, ne communiquent pas entre elles, autrement dit, elles ne sont pas en synergie...

Je sens ici que vous préféreriez avoir un cerveau «synergique» n'est-ce pas?...

C'est ainsi que nous sommes tous des handicapés par rapport à cet homme...Voyons donc! Les aires de n'importe quel cerveau se communiquent constamment entre elles, sinon je ne serais même pas là pour vous en parler.

Voyez-vous, ce beau blabla médiatique chaud comme un Big Mac va tout à fait dans le sens des idées de la masse : «Oui aux produits chimiques, en général, qui pourraient causer l'autisme en particulier. Oui au progrès en général, car nous avons la preuve que les mutations génétiques causées peuvent être fulgurantes et hautement pratiques. L'éducation et le sous-financement des écoles : pas grave : c'est de la faute des enfants, ils n'ont qu'à être plus synergiques. Les entreprises ont des passe-droits, grugent le budget de l'État, réduisent nos services, veulent nous faire payer pour tout : pas grave : l'homme a besoin d'une thérapie de choc, d'une stratégie du choc pour évoluer...

Nous n'aimons pas ces pensées, mais nous y souscrivons souvent sans même nous en rendre compte, puisque nous nous haïssons, de façon générale, les uns les autres.

Ma conclusion, peut-être un peu extrapolée : la fin de tout est programmée.

Et après un examen de cette dernière pensée, je constate qu'elle va tout à fait dans le sens de ceci : «Allons faire du shopping pendant que c'est le temps, jouissons de tout de toutes les façons possibles et dépensons tout notre argent... Au diable les vrais liens, la véritable solidarité, c'est du chacun pour soi. Tout doit devenir moyen, moyen, moyen, pour obtenir plus de force (vitamines, huiles, gym, etc.), plus de richesse, etc.»

Qui ramasse le fric? -Les grosses compagnies...