Plus tu possèdes, plus tu es possédé
Ce que tu as, tu dois l’avoir en toi
Mais même un jour, cela sera perdu, dans l’oubli
Dans la mort
*
Tu te retrouves encore une fois seul avec toi-même
Sans rien
Captif de l’instant présent
Captif de la douleur
*
Chaque journée porte sa signature
Toujours différente, imprévisible
Irrationnelle
*
Le mouvement dans mon esprit est incontrôlable
C’est un temps interne
Chaotique
*
La logique du système accouche du tireur fou
*
Les familiarités sont le prélude d’une guerre sans
merci
*
Tout ce qui est dit
Est dit
Une fois
*
La beauté radieuse nous parle, nous inspire
Nous excite
La beauté mélancolique
Nous emporte
*
Après le détachement des choses de ce monde vient
Le détachement du détachement
L’abandon
L’orgasme
*
Le sens de la vie, c’est la liberté
*
Le sens de la vie n’est pas dans l’être ou l’avoir
Mais dans le possible
*
Tout ce qui est possible
Doit être possible
Voilà le sens de la vie
La Volonté du Possible
*
La limite de notre liberté, c’est notre imagination
Et celle des autres
Autrement dit, notre imagination
Doit toujours être revue à la baisse
Jusqu’à sa disparition complète dans la forme
Dans le formulaire
Dans le consensus
*
La forme dégénère toujours en formulaire
La pensée, en absence complète de pensée
Ce qui était mou devient dur
Ce qui était flexible devient rigide
*
La vie oscille entre la douleur ennuyante et
L’ennui douloureux
*
Les maniaques de la perfection sont des fous plus
parfaits que les autres
*
Tout ce qui peut être écrit ou dit
Ne vaut la peine d’être lu ni entendu
Face à l’Essentiel
*
Suivre l’actualité est le nouvel argument pour nous garder
rivés à un écran
*
Plus le fil de l’actualité est changeant
Plus il ne se passe
Rien
Le fil de l’actualité sert à dissimuler ce
Rien angoissant
Nous avons l’impression que le monde va vite
Mais il ne fait que du surplace à un rythme effréné
*
Il est beaucoup plus facile de soigner les effets
Que de traiter les causes
Mais entre-temps, on s’est perdu dans les moyens
Et le moyen est devenu la fin
On ne guérit pas la maladie
On la soigne, on la gère
Nous devenons toujours plus des gestionnaires
Des autres, de nous-mêmes, de tout
De l’Absurde
*
La course vers l’avant est une course contre
L’Absurdité
Qui se demande à quoi pourra bien servir la course
Et nous laisse gagner
Pour rien
*
Si nous voyons dans le regard de l’animal qui souffre
En silence
Par notre main
Sa patience envers nous, dans la douleur
Son impuissance totale face à notre dureté de cœur
Nous commençons à ressentir ce qu’il ressent
Nous commençons à comprendre
À changer du tout au tout
Et nous devenons une personne plus aimante
Une personne extrêmement molle
D’autant plus molle que nous avons mauvaise conscience
*
Celui qui n’a pas mauvaise conscience
N’a pas de conscience du tout
*
La violence n’est pas justifiée
Mais la violence contre les violents
Est toujours justifiable
C’est pourquoi le terrorisme a de l’avenir
*
Faire le vide, c’est un peu comme se retrouver dans
Les décors désertés
D’un soap opera
*
Les deux pires choses qui puissent arriver dans la
Vie d’un homme
Sont l’université et les possessions
L’accumulation de dettes et l’accumulation de biens
Après ces deux lourds fardeaux
L’homme ne peut plus bouger
Et il perd ses ailes
Il perd ses rêves
Et devient toujours plus comme un pesant ruminant
Attaché à sa clôture
*
L’orgasme est l’opposé du contrôle
Nous ne sommes pas capables d’avoir un orgasme
Parce que nous ne sommes pas capables de
Nous abandonner
Un monde où règne la mentalité de la loi et de l’ordre
Est un monde
Sans orgasme
Le droit et la jouissance sont comme l’eau et le feu
Nous ne pouvons voir la jouissance autrement que comme
La jouissance d’un bien
Rares sont les femmes qui savent
Mais encore plus rares les hommes maîtres
De ce monde
*
Celui qui passe pour un saint
Parmi les hommes
Est seulement
Bon
C’est dire combien la bonté est rare
*
Un homme qui n’a pas son pedigree d’obéissances
Après un certain temps
Ne vaut plus rien aux yeux de la société
Et est relégué dans les marges
C’est pourquoi l’homme jeune
Encore empli de vains désirs
Est si obéissant
*
On ne sait pourquoi
Le cheval obéit
Le zèbre
Mord
C’est pourquoi on laisse le zèbre tranquille
*
L’homme au contact de l’animal
Devient plus humain
Et au contact de l’homme
Devient plus bête
*
L’esthétique sert à rendre des choses belles
Laides
Plus on essaie de perfectionner la nature
Plus on montre son manque de goût
Nous ne savons plus ce qu’est la beauté sauvage
Les civilisés la tuent
*
L’amour est un je-ne-sais-quoi
Encore et encore
*
Je ne lis pas les livres
Je les visite
En entrant par la belle porte
*
Celui dont le savoir n’est pas un chaos
Ne sait pas grand-chose
*
La Figure du travailleur moderne est
Le peddler
Quand nous n’aimons pas ce que nous faisons
Nous sommes tous des peddlers
Le Vide du Pouvoir
L’aliénation est l’envers de la violence de tous contre tous
*
Il est évident que les politiciens finiront par être totalement discrédités par les scientifiques.
Car tout est science.
*
Le silence gardé
De nos jours
Est un silence de trop
*
L’hystérie collective
Commence le lundi et se termine
Le vendredi
Les médias se reposent la fin de semaine
*
Les médias surveillent des dossiers
Les dossiers sont lourds
*
Le réalisme engendre la Réalité
Le rêve engendre le Rêve
L’autre engendre l’Autre
Le même engendre le Même
*
Ce que tu juges être le pire
D’autres le voient comme le meilleur
Rien n’est meilleur
Pour les mouches
Qui batifolent et s’affairent
Heureuses
Sur la merde fraîche
*
L’esprit résiste au corps
L’esprit cède au corps
Le corps résiste à l’esprit
Le corps cède à l’esprit
Corps et esprit sont deux
Dans la vie même
Comme dans la mort
*
Le corps est le masque de l’esprit
*
Tant que l’homme ne sera pas capable d’arrêter
une seule des secondes qui le rapprochent de la mort
Il n’aura encore accompli aucun progrès véritable
*
Écrire c’est croire
Croire c’est pouvoir se tromper
Croire c’est accorder crédit, c’est prendre un risque
Croire est une forme de générosité
L’homme d’aujourd’hui, devenu complètement stérile à
force d’abrutissement technologique
Ne croit en rien
Ne donne rien
N’écrit pas
Et lis encore moins
*
Je voyage à une vitesse de 100 années-lumière
Dans l’espace intergalactique
Je découvre des mondes infinis fabuleux
De nouvelles formes de vie, des civilisations et des
mondes
Étonnants
Pendant que sur la Terre
Les hommes se demandent
Ce qu’ils vont faire
S’ils ne travaillent pas
*
Être négatif, ce n’est pas être pessimiste
C’est une réaction naturelle
Parce que la vie est franchement
Dégueulasse
*
L’homme est un diable
Pour l’homme
Quand rien n’est en jeu
Entre les hommes
Comme les pensionnaires d’un zoo
Ils peuvent se permettre d’être gentils et presque
Sans envie
Quand tout est en jeu
Entre les hommes
Et que les portes du petit jardin s’ouvrent
Ils montrent leur vrai visage
Dont la bonté n’était
Qu’illusion
*
La race à exterminer
C’est celle des travaillistes
Mais pour y arriver
Il va falloir travailler plus fort
Qu’eux
Il est absurde de travailler à convaincre
Un travailliste convaincu
Que le travail
Est inutile
Faisons autre chose
*
Il est absolument risible de voir un millionnaire
Assis dans son riche palais
Se poser des questions
Sur le sens de la vie
C’est ainsi que la valeur
De la richesse
Se trouve
Réfutée
Le riche ne se pose donc pas
De questions
Il commande et recommande
Le non-sens
*
Qui se rappelle ou se soucie même
Des politiciens d’il y a 2000 ans?
Les vedettes d’aujourd’hui
Et qui prennent toute la scène
Tomberont elles aussi
Dans l’oubli
Comme si elles n’avaient jamais
Existées
*
Il n’y a pas bien longtemps
Les hommes vivaient en hordes
Il n’y avait pas d’écriture
Pas d’histoire
Personne ne connaissait
Rien
Les hommes ne pouvaient
Ni s’envier
Ni compétitionner
En cette bienheureuse époque
Puis arriva:
La Prétention
*
L’esprit est cause de soi
Et de toutes choses
Il n’est pas fou celui
Qui a dit
Que Dieu est
Un Intellect
Si le moteur de l’Univers est un Intellect
La fin de l’Univers doit être le bien d’un Intellect
Le bien d’un Intellect est la vérité
La fin de l’homme et de tout l’Univers
Est donc
La Vérité
L’homme est pour la vérité
C’est le sens de sa vie
De son existence
Le sens de la vie, c’est la vérité
*
Nul n’échappera à la Mort
Fais comme si elle était déjà
Devant toi
Tous tes biens, tu les perdras
Ceux qui les recueillent
Les perdront aussi
Jusqu’à ta mémoire même
C’est une certitude
Que tu deviennes un signe
Dont on a oublié
Le sens
Le signe se changera
En trace
Et la trace
En poussière
*
Malheur de l’homme
Qui ne s’accorde aucun loisir
Pour les humanités
*
Ceux qui ont encore le souci d’un travail bien fait
Sont les derniers croyants
*
Seuls les innocents sont faits pour vivre
La vie est ainsi faite
Personne ne sait pourquoi
*
L’immersion est mon chez-moi
L’immersion dans la Chose
Est le contraire de l’aliénation
*
Dieu est tout ce qu’on ne comprend pas.
*
Sans les valets méchants du Château de Dux
Casanova n’aurait jamais écrit sa vie
*
Penser à la meilleure forme politique dans ses détails
C’est prendre la stratégie pour la tactique
Ce qu’on planifie dans sa tête et ce qui se passe sur
le terrain
Sont toujours deux choses bien différentes
Néanmoins, le seul fait d’avoir anticipé quelque chose
Permet d’être un peu mieux préparé
Au succès fulgurant
À l’avenir radieux
*
Lorsqu’un philosophe se mêle de politique il ne réussit
Toujours
Qu’à faire de la politique de laboratoire
*
La fin ultime de tout voyage est la mort
Qui se presse d’arriver au but perd sa vie
La course en avant appartient à
Ceux qui ne savent pas vivre
*
On peut apprendre un grand nombre de choses
Par plaisir
Pour en apprendre davantage cependant
Il faut la volonté obstinée
D’avoir toujours raison
*
La vie dans l’absolu mérite d’être vécue
Mais pas ici-bas
Voilà pourquoi on philosophe tant
*
L’homme n’est pas de nature un animal social
Les animaux sauvages fuient l’homme et ne recherchent
pas le contact
On les socialise parfois en forçant les choses, en les
nourrissant
Ce comportement naturel de l’animal expliquerait la
pudeur chez l’homme
La nature aime à se cacher
Parce qu’elle n’a pas besoin des hommes pour être bien
*
Si ce que l’homme étudie n’a aucune
Valeur pratique immédiate
Il étudiera dans le manque de ressources et seul
C’est le prix qu’on lui fait payer
Pour avoir voulu s’écarter
Du troupeau
Les gens aiment accabler de toutes sortes de soucis
L’homme qui se consacre à la connaissance
Comme pour lui dire
« Ne nous oublie pas »
Les hommes aiment qu’on pense à eux
Et qu’on s’intéresse aux mêmes choses qu’eux
Vanité
Insondable
Le philosophe serait vain de vouloir qu’on s’intéresse
À ce qui l’intéresse
Mais il prend une chance et écrit encore
Des bouquins
Qui mordront la poussière
*
Nous ne sommes pas seulement déconnectés de
La nature
Mais de la ville aussi
Les citadins ne savent pas comment leur ville
fonctionne
Ils ne la connaissent pas comme
Système
*
Ris et tu riras seul
Pleure et tous les huissiers pleureront
Avec toi
*
Si la vie d’un philosophe n’est pas étonnante
Ce n’est pas un philosophe
Mais c’est peut-être
Un champignon intellectuel
*
Personne ne s’en rend vraiment compte mais
Chacun vit plusieurs vies
À l’intérieur de sa propre vie
Nos motivations
Appartiennent à des vies antérieures
Que nous n’avons pas vécues directement
Mais qui sont tout de même
En nous
Et que nous répétons
Même si elles ont perdu
Leur sens
Dans le monde présent
Comme le désir d’être
Un homme total
*
En toutes choses
Côté clair
Côté obscur
Chaque avantage
Son inconvénient
Chaque inconvénient
Son avantage
Le secret du monde
Le monde du secret
Un livre ouvert
Fermé
*
En toute action
Il y a
Intention ou vie vécue
Contrôle ou non-contrôle
Plan ou Destin
Réflexion ou spontanéité
Recherche ou naturel
Les héros de la volonté
Le but atteint
Ne peuvent jouir
L’animal est empaillé
Elle est préférable
La vie molle
*
Impossible de résoudre
L’équation de l’amour
C’est le mariage d’une variable
Et d’un inconnu
*
Le bien le plus précieux
De ce monde
C’est la beauté
Le monde tourne autour de la beauté
Qu’il le veuille ou non
Les grandes productions de la beauté
Les petites productions de la volonté
*
Les choses qui ont de la valeur
Sont sans valeur
Vaut par toi-même
*
Il s’en faut
Que le moins pire
Soit
Le meilleur
La liberté
Comme le piège
Se referme
Sur elle-même
L’amour est plus fort que la mort
La paix est plus forte que l’amour
Calme-toi
La joie est lors de toute chose