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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mardi 14 mai 2024

Abolition de l'esclavage

Le salariat remplace l'esclavage. Pourquoi? Pensez-y : il faut nourrir les esclaves, les loger, les habiller, les entretenir, etc. Le salariat permet aux travailleurs de faire tout ça par eux-mêmes, et ainsi, ils se croient libres. Mais la véritable liberté, c'est d'avoir son temps pour soi.

Faire de l'argent

On dirait que personne ne perçoit la violence du travail, et la stupidité qu'il y a à "faire de l'argent". 

Les insensés

Nous sommes athées, nous ne connaissons pas le sens de notre existence, nous sommes des insensés.

samedi 11 mai 2024

Avoir toujours raison

Je suis pris au travail avec un gars qui a «toujours raison», si vous voyez ce que je veux dire...

Il aurait apparemment payé pour passer des tests pour connaître son QI, et il serait selon lui autour de 130. 

C'est bien.

Le problème maintenant, c'est que ces tests lui ont enflé la tête comme c'est pas possible.

Nous avons même dû nous taper une longue séance d'information sur la douance pour mieux comprendre «monsieur», à laquelle il n'assistait pas bien sûr, pour qu'on sache bien qui a le plus gros cerveau dans la place. C'est inacceptable.

Il passe son temps à chialer sur les décisions de la direction, et il s'obstine sur tout. Par contre, il retient souvent la boss quand elle passe près de lui, pour lui confier certains manquements de certains employés, comme pour hypocritement lui faire croire qu'il est de son bord! Mais ça ne le sauvera pas! Il me fait malheureusement beaucoup penser à moi-même dans le temps, j'étais pas mal comme ça, un peu tordu et assez désagréable finalement.

Il aime bien me corriger, même quand je sais qu'il n'a pas raison. Ayant déjà une crise cardiaque à mon actif, et plusieurs emplois scrapés, j'évite de poursuivre alors, car ça dégénérerait en dispute, et ça deviendrait vraiment lourd. Je connais la fin, et je ne veux plus de ça, alors je lui dis «Ah, ben oui, j'avoue que tu as raison», et ça finit là. Après ça j'en sais un peu plus sur quels sujets ne pas aborder, et ça me confirme toujours un peu plus qu'il ne l'a pas l'affaire, mais pas pantoute! 

Les bons rapports, il s'en fout! Il a toujours raison, sur tout, puisque les tests lui ont mis dans la tête qu'il était supérieur à presque tout le monde! Malheureusement, il faut être déjà un peu imbu de soi-même pour croire dur comme fer à ces conneries.

Mais il ne se méfie pas de ma ténacité pour trouver la vérité, il a de vagues soupçons, mais en général il me prend pour un mou du cerveau, un perdu, un mélangé, et il se risque à essayer de me dominer. De mon côté, je ne montre rien, je reste prudent, je fais même l'innocent, et ça me procure une certaine jouissance. Il va rester bête le jour où il verra vraiment à qui il a affaire. Pour l'instant, je sais qu'il est impossible de le corriger, parce qu'il est trop sûr de ce qu'il dit, alors que moi je préfère toujours montrer que je doute de toutes les vérités établies, que je suis en quête perpétuelle, et donc que je suis négociable et tolérant. Qui suis-je pour affirmer une fois pour toutes telle chose sur tel sujet? Il y aura toujours des chercheurs et des spécialistes pour pousser beaucoup plus loin la question, alors que moi, je ne suis qu'un simple travailleur, un dilettante dans tous les domaines, qui a peu de temps libre pour épuiser ces questions.

Donc, j'ai appris à connaître mon spécimen. Il est très rigide, pédant même. Je ne me fie pas à ce qu'il m'affirme: je vérifie presque tous ses dires. Je me suis rendu compte que les choses que je lui avait affirmées spontanément, et sur lesquelles il m'a éffrontément corrigé par la suite, étaient exactes après vérification. Son savoir est inexact, incomplet et scolaire. 

Par exemple, à un moment je lui parlais de la mer... Eh bien, il m'a corrigé en me disant que c'est l'«océan», et non la «mer», et que la mer et l'océan sont bien différents. Or, c'est surtout à l'école qu'on fait cette distinction, comme dans un examen mettons. Dans la vie de tous les jours, on dit qu'«on prend la mer», et non qu'«on prend l'océan»! On parle de «sécurité en mer», non de la «sécurité dans l'océan», et ainsi de suite. La «haute mer», c'est dans l'océan, qui est l'ensemble de l'eau autour du globe, ensuite divisée en zones.

Un autre exemple, je lui parle du «Graal», car je suis en train de lire les légendes arthuriennes, et je lui dis que c'est la coupe dans laquelle Jésus a bu avant de mourir, mais sans plus, car je me fous un peu de l'exactitude ou de la vérité de ce genre d'information, très ouverte à la spéculation, car il est néanmoins parlé d'une coupe dans la Bible, lors de la Cène. Le vase a-t-il été vraiment conservé, Jésus a-t-il vraiment bu dedans, et si oui, ne serait-ce pas plutôt une coupe comme les autres et très banale, et non une coupe richement ornementée comme de celles qu'on prétend être la sainte relique? Il me réplique d'un ton péremptoire que c'est plutôt la coupe dans laquelle le sang de Jésus aurait été recueilli sur la croix... Or, cette information vient de légendes médiévales... La légende générale du Graal elle-même serait une invention de Chrétien de Troyes et daterait des années 1180, il y a eu ensuite Robert de Boron, qui a repris l'histoire, et dans cette version, le Graal est la coupe dans laquelle Jésus a bu, et, élément narratif ajouté, celle qui aurait aussi servi à recueillir son sang lorsqu'il était sur la croix! Néanmoins, selon mon moineau, j'étais dans l'erreur! On voit bien que ça ne sert à rien de s'obstiner là-dessus, surtout si tout cela ne repose que sur des légendes.

J'ai l'impression qu'il est paresseux intellectuellement, et qu'après avoir trouvé une première réponse, il s'arrête brusquemment, très satisfait, en fait une ferme opinion, et ne vas pas plus loin. Son savoir n'est donc pas très profond, ni à jour. Je lui montre de nouvelles choses, mais il n'est pas très intéressé. On dirait que son savoir est figé, dans son petit monde fermé, et c'est supposément cette tendance qu'on devrait retrouver chez les gens soi-disant «supérieurement intelligents», selon les informations générales, sur cette espèce de moineaux.

Étudiant l'animal de près, mon opinion a changé sur les test de QI et la soi-disant «intelligence». Une autre possibilité est que tout ce qu'il nous raconte sur ces tests est faux. Quoi qu'il en soit, je me suis amusé à faire quelques-uns de ces tests, et j'avoue que je me suis lassé rapidement, je trouve ça carrément stupide et trompeur de dire à quelqu'un qu'il est «intelligent» parce qu'il a réussit ces casses-têtes ennuyants. L'«intelligence» réelle dépasse de beaucoup ces tests pour hamsters.

C'est ainsi que bien souvent, à la place d'un «gros cerveau», nous trouvons bien plutôt un «gros ego».

C'est ce que ces tests visent à faire, à nous donner un petit coup de remontant narcissique.

jeudi 9 mai 2024

Liberté

Je me suis toujours senti «embrigadé». J'ai raconté cette histoire ailleurs, mais lorsque je me suis enfui de l'école primaire en 4e année, dans la cour à la récréation, j'ai vécu quelque chose que je pourrais qualifier de «sublime», une sorte de libération que je ne connaîtrai plus jamais par la suite dans ma vie.

Ce sentiment mêlé de défi, de danger et de beauté, a ouvert en moi quelque chose. A ouvert un futur que je m'imaginais, mais ma situation m'en barrait l'accès.

Le souvenir de cette journée d'école buissonnière m'a fait comprendre pourquoi, beaucoup plus tard, je n'étais pas capable de m'adapter à la société: c'est tout simplement parce qu'elle ne m'offrait pas la liberté dont j'avais besoin pour m'épanouir. Et cela a engendré de la tristesse, de la distorsion, du masochisme, de la violence, des frustrations, des compulsions, des addictions.

C'est pour cela que je «fitte» nulle part. Je suis incapable de faire partie d'aucun troupeau humain, car j'aime être là où est le calme, la réflexion, et la contemplation de la beauté du monde.

Je suis bien quand je suis seul dans mes livres et que je fais mes recherches, que je voyage dans mes idées, que je sors toujours un peu plus de l'ignorance, et en cela j'estime que c'est oeuvre publique, oui, c'est une façon d'aider la société, car la meilleure société passe par des individus meilleurs, autrement, on doit se limiter à la plèbe. C'est depuis le début de ma vingtaine que les choses se sont accusées, lorsque j'ai été confronté à la réalité, au fait que je devais travailler dans des boulots minables, ou rester sur l'aide sociale, mais sans le sou, donc incapable de rien faire et extrêmement vulnérable. Je me souviens avoir au moins deux fois mangé de la pizza au restaurant, en sachant pertinemment que je ne pourrais payer. Je promettais alors au propriétaire que j'allais le payer plus tard, à mon «chèque», et je le payais. J'avais toujours un «bill» au dépanneur du coin, à chaque place où j'habitais. Une des fois où j'ai dû déménager à la sauvette, car je n'avais pas l'argent pour payer mon loyer, j'ai laissé un bill d'environ 100$ au dépanneur du coin. J'avais peur que le gars du dépanneur me voit en train de déguerpir, et j'étais gêné, car c'était un bon gars qui m'avait vraiment fait confiance. Au fond, j'ai toujours détesté cette société à sens unique qui me forçait à m'adapter à elle et à faire ces petits boulots juste pour pouvoir survivre. C'était ça, ou rien. Je me devais, pour elle, d'oublier, de faire une croix sur tout ce qui me plaisait, et de me confronter tristement, comme les autres, à la «dure réalité». C'est ça la violence.

J'étais incapble de me soumettre à cela, je suis donc resté sur l'aide sociale, et j'ai végété ma vie à partir de là. Et je continue encore aujourd'hui de végéter, mais en travaillant, dans un boulot qui laisse en jachère mes passions, mais réels intérêts dans la vie, et laissez-moi vous dire que si j'avais le choix, j'aurais de biens meilleures choses à faire,


«Comme de vivre la vraie liberté.»