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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 7 juin 2010

Au diable la conscience cosmique

Je suis juste un petit Québécois stressé et anxieux pour des niaiseries.

L'adjectif «petit» doit vous irriter. Mais c'est comme ça que je me sens, moi, je dis pas que tous les Québécois sont «petits».

Quand j'étais plus jeune, disons «naïf», je lisais des livres de philosophie orientale, que ce soit le bouddhisme, le taoïsme, l'hindouisme, où on parlait de conscience cosmique, de communion avec le Grand Tout : ça me faisait rêver, je me disais que c'était possible.

Et tu t'assois, et tu médites dans le silence avec d'autres dans une salle spécialement dédiée à ça pendant que les autos font broum broum et polluent dehors, et tu te rends compte que celui qui organise les méditations pense bassement, qu'il ne pense qu'à l'argent. Qu'au fond, c'est nous autres les idéalistes, pas lui : lui, il ne fait que nous vendre une marque de commerce, l'image qu'on veut se renvoyer de nous-mêmes : de types zen qui ont une conscience du Grand Tout. L'instant d'après, on se retrouve chez Maxi à acheter des pizzas congelées.

Eh bien, c'est dans ce monde-là que l'on vit, tout le temps, en permanence : un monde d'images de soi et des autres et des choses, un monde de vent, un monde de superficialités. Un monde où il s'agit de s'inscrire à un groupe Zen sur Facebook pour avoir une conscience du Grand Tout... On ne fait rien de zen, mais on en fait partie, «on y pense», c'est l'essentiel. Comme s'il suffisait de s'épingler un macaron disant «Je suis un expert en karaté» pour être expert en karaté. On fait des moves devant le miroir en imitant un acteur de films d'arts martiaux, on se croit bon, on étudie quelques prises avec des chums, et puis voilà : on se pose mentalement un macaron. Mais la réalité, c'est que c'est loin d'être suffisant.

Rendu là, ça ne vaut même plus la peine d'en parler. La seule réalité dans un monde de cette sorte, la seule réalité pour les «moins caves», c'est l'argent.

Donnez-moi votre cash, je vais vous faire communier avec le Grand Tout. Je vais vous dire que vous êtes «conscients», que vous êtes donc «à part», que vous êtes une «minorité lumineuse», que vous êtes l'«élite de ce monde» et que vous allez «sauver la planète»...

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