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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 16 août 2021

La vie est belle chez les zombies

Je dois avouer que plus les années passent, plus les illusions tombent une après l'autre. Quand j'ai commencé dans la vie, j'y suis arrivé avec toute sorte de prétentions et d'ambitions, et de rêves.

Je me souviens, j'avais toujours de belles images de l'avenir dans ma tête, je rêvais les yeux ouverts. J'étais en forme, je me sentais invincible.

Je rêvais au pouvoir, à la prospérité, au succès, à l'accomplissement, à une vie pleine et satisfaisante. Rien de tout ça n'est arrivé.

Plus le temps avançait, plus l'étau se resserrait. Le ciel s'assombrissait, et je me rendais compte que je m'éloignais toujours plus de ce à quoi j'aspirais.

Dernièrement, je me suis à nouveau surpris à penser avoir des enfants. J'épiais les grandes familles de mes oncles et tantes sur Facebook, je me disais que je devrais faire comme eux et me multiplier, me faire une belle lignée immortelle. Mais en faisant de plus amples recherches pour trouver mes cousins et cousines, j'ai découvert qu'ils devenaient introuvables, parce qu'ils avaient pris le nom du mari de leur mère. Ainsi, ça va assez vite pour perdre le fil! À peine une ou deux générations plus tard, ils sont tous devenus des étrangers! Je me suis dit: à quoi bon me donner tout ce trouble à 50 ans! Pourquoi faire des enfants qui vont disparaître dans la masse? Ainsi, nous avons l'illusion de nous perpétuer pour une bonne cause, mais en réalité, nous ne faisons que contribuer à un grand pool génétique qui ne rime à rien, comme du bétail.

Il m'arrive souvent de penser aux familles et aux amis. Ma famille est mal foutue, et les communications sont assez bien rompues. Il va sans dire que ça m'attriste. Mais quand je regarde ça, les familles des autres ne sont pas mieux. Elles donnent parfois l'impression d'être plus unies, parce que les membres se parlent davantage, mais c'est une illusion. Finalement, je me sens moins seul, parce que je réalise que mon lot n'est pas exceptionnel. Si les couples ne durent plus, les familles connaissent le même sort, et tout se dégrade. Ma mère m'a dit que ma sœur attendait à la maison avec impatience mon retour de l'école lorsque nous étions de jeunes enfants, ça m'a fait chaud au cœur. Mal m'en prendrait si j'essayais aujourd'hui de la toucher avec ce genre d'anecdote!

J'ai eu des amis, pas très nombreux. Au fil du temps, je les ai tous perdus. Malgré mes efforts pour renouer, je me rendais compte que ça n'en valait pas la peine et que je perdais mon temps. Pire, je me rendais compte de leur manque d'envergure. Durant toute ma vie, je n'ai jamais trouvé chaussure à mon pied en terme d'amitié. Il va sans dire que j'ai beaucoup souffert de solitude, et que celle-ci s'est transformée en isolement.

J'essaie de parler aux gens, mais ne récolte que l'indifférence. Je parle dans le beurre depuis ma naissance. Ce n'est pas normal. On dirait que les gens vivent sous hypnose. J'ai approché les gens au plus près que je pouvais, et n'ai découvert que le vide et la déception. Je ne sais pas pourquoi les gens sont si inintéressants, drabes, fades, peureux. Ils n'ont d'oreille que pour les gens «comme il faut» de la télévision avec leur belle parlure et 3 pouces de make-up, mais à ce qu'il semble, je ne suis pas de cette race-là.

J'ai réussi à contacter un ami d'enfance par Facebook, pour me rendre compte qu'il était resté aussi pantouflard, branleux et suffisant qu'avant. Tout ce qui me tapait sur les nerfs de lui il y a 30 ans est encore là, intact. J'ai décidé poliment de rompre la communication, car il n'y avait aucun espoir. Je me suis dit que ce genre de retrouvailles ne sert qu'à me rendre finalement compte que ces «amis» n'étaient pas faits pour moi, ni moi pour eux.

Même chose pour ma sœur, et mon père quand il était encore vivant, mais ma mère l'a échappé belle. J'ai essayé de rétablir le contact avec mes tantes et oncles et cousins et cousines, peine perdue! Nous sommes trop différents! Je n'ai rien d'autre que leur petite photo dans mes amis Facebook, malgré le fait que j'ai de la sympathie pour toute ma famille. Il y a de quoi péter un plomb de temps à autre.

J'avais un ami à Montréal que je trouvais vraiment intéressant, mais je me suis rendu compte qu'il était jaloux de moi! Par à-coup, il disparaissait dans la nature, je ne pouvais plus le retrouver, puis, je le recroisais quelque part, et il constatait que j'arrivais assez bien à me sortir du trouble, mais pas lui! Je fus moins surpris de le voir à nouveau couper sa ligne. Je ne pouvais pas croire que cet ami que j'estimais beaucoup avait des pensées aussi mesquines. Ça m'a fait comprendre que, oui, le monde d'aujourd'hui est pas mal cheap. Les gens sont très ordinaires et on ne peut s'attendre à grand-chose d'eux. On dirait que les forces vitales de l'espèce ont été siphonnées par une surcharge de travail et que la plupart sont réduits à l'état de nains.

Je sais qu'on m'attend là-dehors pour profiter de moi, car je dois faire mon épicerie qui coûte quatre fois plus cher qu'avant et payer mon loyer galopant à un propriétaire qui n'a jamais été salarié de sa vie et qui me rit en pleine face le temps venu de faire des réparations. Je ne suis plus de ceux qui sont prêts à se faire fourrer dans le cul pour leur «vocation». La vocation est une duperie inventée pour se faire exploiter par des cyniques qui n'en ont rien à cirer.

Je voulais être mathématicien, pour quoi faire? Calculer toute la journée des choses qui ne m'intéressent pas et me retrouver avec des pilules pour une névrose? Je passe mon tour. Toute la science m'intéresse, et j'aurais volontiers été chimiste, physicien, ingénieur, etc., mais pour faire quoi? Travailler à aliéner les gens avec mes vidanges à obsolescence programmée et enrichir les transnationales? Mes idéaux ne correspondaient pas du tout à ça.

Ainsi, je ne savais pas quoi faire dans ce monde pourri avec toute mon intelligence, ma curiosité, ma bonne humeur et ma créativité. Évidemment, moi le bon garçon qui voulait aider l'humanité, je me suis fait entourlouper par une ribambelle d'ordures et de putes. Il ne pouvait en être autrement. Le monde est pareil qu'au temps de Jésus: malgré son origine divine, ses bonnes intentions et son excellence, il n'a réussi qu'à s'entourer de gens semi-ordinaires, et s'est fait clouer sur la croix. On l'a jeté aux poubelles comme une merde.

Pour réussir à faire son chemin sans trop de difficulté, il faut réussir à mentir, mais le problème, c'est qu'on devient comme ceux qu'on veut éviter. Peu à peu, on perd son but, et après, son être. Comme tout le monde, on tire la couverture de son côté, et on se fait avoir par l'avoir! On s'empêtre dans le matériel, les biens, les dettes, et on oublie l'amour! On se bat pour le prestige, on est chien et sans pitié, mais jamais on ne se rend compte de toute notre absurdité de pou face à la mort et à l'infini.

Finalement, je me dis que peut-être que je suis vraiment naïf de croire encore en quelque chose, et que je devrais plutôt faire comme ces prédateurs qui nous dominent de haut et qui avouent même ne croire en rien. Leur vision n'est pas très compliquée: «mangeons et buvons, car demain nous mourrons». Ils se réclament d'un vague épicurisme à la mode, disent croire que l'esprit de leurs parents décédés veille sur eux, mais ils oublient qu'ils ne croient en rien en disant ça! Ils sont incohérents!

Alors comment voulez-vous parler à ces gens-là et essayer de leur faire comprendre quelque chose, ils ne se comprennent même pas eux-mêmes! Ils sont tellement empêtrés dans leurs mensonges qu'ils ne savent même plus ce qu'est la vérité ni qui ils sont eux-mêmes! Quand ils sont aimables avec les autres, ce n'est que pour servir leurs intérêts. Ils n'en pensent pas plus d'autrui! Ils font croire que leur famille est très précieuse à leurs yeux, comme si c'était leur lignée dynastique, mais il ne font que s'en servir comme des objets à la manière des mafiosos.

Tout le monde est à genoux devant le veau d'or et les économistes, mais regardez donc de près ceux qui possèdent tout, ils sont fuckés par l'argent et malheureux! À quoi rime alors cette course de rats pour les places et l'accumulation de biens qui finiront au dépotoir?

Plus j'y pense, plus je trouve que les gens sont collectivement idiots et ne pensent pas plus loin que le bout de leur nez. Ils passent leur vie à accumuler de l'argent dans des fonds de retraite qui seront possiblement ruinés entretemps. Ils n'ont aucune idée de la façon dont ils seront amanchés à 65 ans, mais ils s'imaginent d'emblée que ce sera la fête! Ils arrêtent de travailler, puis ils s'ennuient tellement à la maison qu'ils retournent travailler, trop cons qu'ils sont devenus par le travail!

Depuis bien longtemps, les gens ont perdu le nord. On se sent emportés, impuissants, dans un tourbillon qui n'en finit plus. Nous pressentons que ça va mal finir, mais bizarrement, nous détournons les yeux et espérons que les nuages noirs à l'horizon vont disparaître comme par magie. Tous travaillent comme des fous, mais personne ne fait rien. Nous sommes incapables d'avoir une vue d'ensemble, et par conséquent, nous sommes incapables d'élévation. On dirait que le nec plus ultra de l'existence ne réside que dans la satisfaction des besoins matériels. 

Et pourtant, allez voir les riches, vous découvrirez qu'il n'y a rien à trouver là, et que ce n'est qu'une apparence, une coquille vide et ennuyante!

Le mieux est d'«aimer son prochain comme soi-même», mais c'est impossible si vous ne vous aimez pas vous-mêmes d'abord! Tous sont volontaires et souriants pour se donner en esclavage aux puissants qui scintillent de leur or, sans se douter qu'ils vendent leur âme à des nullités sans cœur et que c'est leur pire investissement.

Nous nous battons pour nous asseoir devant des écrans à longueur de journée et arriver à ne plus savoir ce qu'est la vraie vie.

Les tribus de l'Australie s'en sortent mieux que nous qui avons tout!

Les gens doivent faire retour sur eux-mêmes et oublier complètement le matériel, même au risque de leur vie, autrement, ils sont déjà morts sans le savoir.

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