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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

mercredi 24 juin 2009

Le nouveau dieu : la «dignité humaine»

Burroughs disait : «Il y a certaines formules, certains mots-verrous qui enferment toute une civilisation pendant un millénaire». C'est effectivement le cas pour cette «valeur supérieure» et transcendante de «dignité humaine». Prenons l'exemple des «mères porteuses» : lorsque ces femmes le font contre de l'argent, on leur reproche de contribuer à la commercialisation de choses «sacrées»; cependant, lorsqu'elles le font gratuitement, on se casse un peu plus les nénettes et on leur reproche de porter atteinte à la «dignité humaine». D'une façon ou d'une autre, on est convaincus d'avance que ce n'est pas «bien», et on utilise cette valeur transcendante pour justifier notre conviction. C'est ici que gît la nouvelle trappe à marde des conservateurs, qui visent toujours à étendre les limites de la police morale et à remettre en cause les libertés individuelles. Le but (inconscient?) de ces conservateurs est de réaffirmer l'existence d'un ordre transcendant («Dieu est mort», alors on rapplique d'une autre façon).

Idem pour la prostitution : on utilise encore une fois l'argument de la «dignité humaine» pour cacher l'idéologie sexuelle des conservateurs et annuler la valeur du consentement. On avance contre la prostituée que celle-ci n'est pas tout à fait consentante (en ce qu'elle est contrainte d'une façon ou d'une autre, matériellement ou encore «psychologiquement», sous le charme d'un pimp, ou encore par stupidité, etc.), et lorsqu'elle affirme elle-même qu'elle l'est, son consentement verbal n'est pas suffisant, il doit aussi être établi selon des critères comportementaux et mixtes. Autrement dit, il ne suffit pas qu'une prostituée dise qu'elle consent à exercer son métier pour que ce soit vrai. Elle doit donner d'autres preuves non verbales. En revanche, lorsque la prostituée finit par dire qu'elle ne consent pas, la preuve verbale suffit. Selon Ogien, «c'est en ce sens que leur conception du consentement est contradictoire. Pour le consentement, le critère verbal est insuffisant; pour le non-consentement, il est suffisant».

D'une façon ou d'une autre, ces femmes (ou ces hommes) sont prises dans la trappe à marde des conservateurs. Au nom d'un ordre transcendant, ces salauds paternalistes viennent nous dire comment vivre «pour notre propre bien» (même sans nuire à personne), alors que cette «bonne volonté» ne fait que cacher au fond l'idéologie sexuelle de la «majorité morale», faisant la promotion de la monogamie, de la soumission de la femme, etc. Finalement, de belles valeurs chaudes et rassurantes comme un bon gros Big Mac ou un épisode de Drew Carey Show.

Bibliographie : Ruwen Ogien, L'éthique aujourd'hui [maximalistes et minimalistes], 2007.

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