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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 9 mai 2024

Liberté

Je me suis toujours senti «embrigadé». J'ai raconté cette histoire ailleurs, mais lorsque je me suis enfui de l'école primaire en 4e année, dans la cour à la récréation, j'ai vécu quelque chose que je pourrais qualifier de «sublime», une sorte de libération que je ne connaîtrai plus jamais par la suite dans ma vie.

Ce sentiment mêlé de défi, de danger et de beauté, a ouvert en moi quelque chose. A ouvert un futur que je m'imaginais, mais ma situation m'en barrait l'accès.

Le souvenir de cette journée d'école buissonnière m'a fait comprendre pourquoi, beaucoup plus tard, je n'étais pas capable de m'adapter à la société: c'est tout simplement parce qu'elle ne m'offrait pas la liberté dont j'avais besoin pour m'épanouir. Et cela a engendré de la tristesse, de la distorsion, du masochisme, de la violence, des frustrations, des compulsions, des addictions.

C'est pour cela que je «fitte» nulle part. Je suis incapable de faire partie d'aucun troupeau humain, car j'aime être là où est le calme, la réflexion, et la contemplation de la beauté du monde.

Je suis bien quand je suis seul dans mes livres et que je fais mes recherches, que je voyage dans mes idées, que je sors toujours un peu plus de l'ignorance, et en cela j'estime que c'est oeuvre publique, oui, c'est une façon d'aider la société, car la meilleure société passe par des individus meilleurs, autrement, on doit se limiter à la plèbe. C'est depuis le début de ma vingtaine que les choses se sont accusées, lorsque j'ai été confronté à la réalité, au fait que je devais travailler dans des boulots minables, ou rester sur l'aide sociale, mais sans le sou, donc incapable de rien faire et extrêmement vulnérable. Je me souviens avoir au moins deux fois mangé de la pizza au restaurant, en sachant pertinemment que je ne pourrais payer. Je promettais alors au propriétaire que j'allais le payer plus tard, à mon «chèque», et je le payais. J'avais toujours un «bill» au dépanneur du coin, à chaque place où j'habitais. Une des fois où j'ai dû déménager à la sauvette, car je n'avais pas l'argent pour payer mon loyer, j'ai laissé un bill d'environ 100$ au dépanneur du coin. J'avais peur que le gars du dépanneur me voit en train de déguerpir, et j'étais gêné, car c'était un bon gars qui m'avait vraiment fait confiance. Au fond, j'ai toujours détesté cette société à sens unique qui me forçait à m'adapter à elle et à faire ces petits boulots juste pour pouvoir survivre. C'était ça, ou rien. Je me devais, pour elle, d'oublier, de faire une croix sur tout ce qui me plaisait, et de me confronter tristement, comme les autres, à la «dure réalité». C'est ça la violence.

J'étais incapble de me soumettre à cela, je suis donc resté sur l'aide sociale, et j'ai végété ma vie à partir de là. Et je continue encore aujourd'hui de végéter, mais en travaillant, dans un boulot qui laisse en jachère mes passions, mais réels intérêts dans la vie, et laissez-moi vous dire que si j'avais le choix, j'aurais de biens meilleures choses à faire,


«Comme de vivre la vraie liberté.»

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