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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

lundi 17 octobre 2016

Comme au temps des nazis

Je me lève, complètement démoli par la douleur, par toi, par nous, par eux, par moi-même, par ce corps fissuré, qui craque de partout, qui se lézarde, qui crie.

C'est dans ces moments qu'il faudrait écrire, mais justement, on est précisément, à cause de cette démolition, incapable d'écrire. On ne peut donc qu'en parler au passé, comme des génocides, où tout le monde se fermait les yeux au présent, à l'horreur, à la catastrophe. D'autres se rappelleront, je me rappellerai.

Ma seule délivrance, c'est les médicaments, les opiacés et les analgésiques, et un autre pour calmer le rebond anxieux de ceux-là. Mais hier soir, je ne pouvais prendre mes médicaments habituels en cas de douleur diffuse au dos et au cou: j'en avais trop pris depuis deux semaines et mon foie ou mes reins ou mon estomac n'ont pas toléré la dernière dose. En plus de ne presque plus faire effet parce que j'en avais trop pris, j'étais maintenant en proie à une double douleur, et plus tard, une troisième: la douleur des mon ossature brisée, et celle de l'irritation par les médicaments acides, et ensuite, la douleur morale, l'angoisse et le vertige causés par l'effet rebond des opiacés que je n'ai pas pu prendre avant de me coucher, mais l'angoisse et le vertige surtout causés par le fait d'être directement exposé à la douleur, sans aucun recours, sans aucun repos.

Seul et nu, face à la douleur, à la naissance, à la mort.

La souffrance, aussi, de se sentir fini.

Lorsque je souffre de cette façon, alors que je suis pourtant encore jeune, toutes sortes d'idées me passent par la tête, mais surtout, je me demande comment je vais faire pour continuer dans la vie, alors qu'on s'évertue de plus, à l'extérieur, à détruire tous mes rêves, tous mes espoirs, soit avec indifférence, soir avec un malin plaisir.

Je ne suis pas un homme parfait, je ne suis pas non plus l'employé idéal, mais de là à anéantir quelqu'un, il y a une marge, qu'on se permet de franchir aujourd'hui, au nom d'entités abstraites, qu'on appelle argent, performance ou compétitivité. On n'hésite plus à ruiner la réputation de quelqu'un pour une place. On n'hésite plus à tuer quelqu'un pour avoir son chèque hebdomadaire.

On ne se pose même pas la question: est-ce que j'ai fait du tort à autrui? -On prend son chèque et on ouvre les portes du camp d'extermination, comme au temps des nazis.

3 commentaires:

  1. La pourriture est bien réelle et la moisissure s'étend dans toutes les sphères de l'activité humaine. Il reste, malgré cela, des états de grâce que l'on ne saurait nous enlever surtout si l'on se tient loin des groupes d'imbéciles.

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  2. Parfois j'ai envie de répliquer aux propos méchants, puis quand j'arrive pour le faire, je me dis que ça ne vaut pas la peine de gâcher ma journée, ma soirée, que dis-je? ma semaine, juste pour montrer que moi aussi «je suis capable».

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  3. Mais la réplique a tout de même ses vertus: sur mon mur de profil de joueur d'échecs, les insultes fusaient, comme j'en ai parlé dans un précédent billet. Eh bien, depuis que j'ai décidé de contre-attaquer en malade, et en laissant mes propos avec mes agresseurs bien en vue sur ma page, je n'ai pas eu droit à d'autres propos «désobligeants».

    Pourtant, je suis certain que plein de joueurs sont venus voir mon profil après avoir perdu contre moi dernièrement, mais lorsqu'ils ont vu que j'étais un malade mental qui ne se laisserait pas faire, ils ont décidé de rebrousser chemin: je n'étais plus une proie assez facile. C'est là qu'on voit en réalité toute la lâcheté du monde.

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