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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 1 avril 2010

Nous vivons dans l'Immonde

C'est ça la vie, se rendre malade tout le temps, crier, pour rien, s'époumoner, pour rien. Se vider de son énergie, se faire utiliser, se faire vider, siphonner, pour rien. Tu te bats pour rien. Eux se battent pour le prestige, au prix de leur santé, toi tu ne te bats pas parce que tu as compris, mais tu es pris dans le manège avec eux, tu n'es rien, pour eux, à leurs yeux, car tu n'es pas attiré par la lumière comme les moustiques. Les moustiques veulent tous se promener en Jaguar, car cela leur fera oublier à eux-mêmes et aux autres, leur condition de misérables moustiques. C'est dans ce monde que tu vis, une lutte d'égo : tu es dans la marge, volontairement. Tu n'es rien, pour eux, à leurs yeux. Un homme sans volonté, un homme sans fierté, un homme sans courage : un lâche. C'est ce que tu es à leurs yeux.

On m'écrasera et il n'y aura plus aucun signe de moi, aucun souvenir, rien. Ça n'en valait pas la peine. Je n'en valais pas la peine, cette chose, ce nègre blanc. Il n'y aura plus aucune trace de l'injustice, car ma vie était l'injustice même, et maintenant, il n'y en a plus, exit. J'oublie le mal qu'on me fait, je n'en tiens plus compte après quelques jours. Je me dis que ça empirerait la situation de faire quelque chose, de me défendre, d'attaquer, ça ne m'empêche pas d'en rêver. Mais si je me défend, j'entre dans leur jeu, et c'est ce qu'ils veulent, que moi aussi j'entre dans la lutte pour le prestige, ils veulent que j'y croie moi aussi, que je les rassure sur sa valeur, ils veulent aussi m'écraser et me montrer, alors que la partie est gagnée d'avance pour eux, que je ne suis effectivement rien, qu'une merde, qu'une loque sans volonté, et on s'essuiera les pieds sur moi en toute bonne conscience.

Mon père pense comme ça, et c'est ce qu'il pense de moi. Hier soir, j'ai appris qu'il avait le cancer de la prostate depuis un an, et qu'on lui avait coupé les testicules à cause des métastases. J'ai eu la nouvelle par un autre membre de la famille, parce qu'il ne me parle plus depuis longtemps, parce que je ne pense pas comme lui, parce que je ne suis rien à ses yeux, parce que je ne suis pas un membre de sa secte scientiste. Je ne sais pas si je vais tenter de le rejoindre, je ne crois pas que c'est une bonne idée. Eh puis, j'ai douze heures de travail dans le corps et quatre heures de sommeil, j'y repenserai demain. Mais immédiatement, ce que je puis dire, c'est que si je vais vers lui, il me méprisera peut-être encore davantage... car il est aveugle à la réalité, tellement pris dans son idéologie, il n'est pas capable de s'arrêter et de regarder les choses en face, d'essayer de les comprendre, d'écouter ce qu'elles lui disent. Non, il leur coupe la parole et parle à leur place. C'est ça la vie. La vie de tout le monde sur cette planète... Le désert croît, nous vivons dans l'Immonde... Et c'est pourquoi il n'y a pas de monde, plus de monde, c'est pourquoi il n'y aura plus de monde...

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