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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 25 mars 2016

Professor Pyraminx résolu

C'est un grand jour aujourd'hui, j'ai enfin résolu ce maudit casse-tête! J'ai passé des journées complètes à essayer de le résoudre, quelquefois j'étais si près du but, il ne me manquait, par exemple, qu'une pièce du centre pour chaque couleur, ou d'autres fois, il ne me restait que deux coins intérieurs à intervertir, mais l'opération s'est avérée impossible! J'ai essayé des journées entières avec ce maudit problème! J'ai même fait la cartographie complète du mouvement des pièces avec des petits collants de couleurs que j'identifiais, A1, A2, A3, pour la face A, et ainsi de suite, jusqu'à D.

J'étais fier de mon coup car je pouvais voir, avec l'algorithme de mon cru, où les centres bougeaient et combien ça leur prenait pour revenir en ordre (10 coups). Le problème, c'est que l'ordre dans lequel les couleurs se trouvaient sur la pyramide ne correspondait à rien sur ma cartographie: vu la complexité du déplacement des pièces avec mon algorithme, il m'aurait fallu un coup de chance ou une programmation sur ordinateur pour savoir par quelle face commencer et par lesquelles continuer si c'est le cas, pour arriver à une des configurations qui mènent à la résolution de la pyramide.

J'ai résolu le Rubik 4X4X4, le Megaminx de Meffert's (qui se résout avec un mouvement semblable à celui du Rubik 3X3X3 pour la dernière rangée). Mais le Professor Pyraminx me résistait depuis des mois. Avec des casse-têtes aussi complexes, il arrive, dans les manipulations qu'on a en tête, qu'on fasse des erreurs, et tout alors est à recommencer. Au début, je ne notais pas mes mouvements et le déplacement des pièces, ce n'est que dernièrement que j'ai décidé de m'organiser et de le faire: de me tracer des tableaux, de placer des petits collants sur les pièces que je veux étudier, d'établir des conventions de notation, d'ordonner la pyramide, d'identifier les pièces.

Malheureusement avec mon algorithme, comme je l'ai dit, je n'avais aucune chance de le terminer malgré toute ma détermination. Je suis donc allé finalement sur internet pour m'aider. J'ai cherché pendant des heures une solution pour intervertir deux coins intérieurs, mais je n'ai trouvé qu'une façon (trop longue) de les faire flipper sur eux-mêmes...

Le problème résidait dans ma façon de faire la pyramide: je voulais placer les centres en premier, placer les coins intérieurs par pairs, tout en gardant les pointes en ordre (très important sinon tout est à recommencer), ensuite je croyais que je pouvais mouvoir les coins intérieurs par pairs à ma guise tout le tour de la pyramide: cela est vrai pour un certain temps, mais à un moment donné, il en reste quatre à déplacer en même temps, et on se retrouve avec deux qui sont à intervertir, et avec mon algorithme, ça semblait infaisable.

Donc mon problème, c'est que je tenais absolument aux centres, parce que je n'arrivais pas à les replacer sinon quand j'arrivais à la fin et qu'il ne me restait que ça: mon algorithme n'était pas efficace, trop peu de pièces restaient immobiles.

J'ai donc laissé faire les centres complets, j'ai placé en ordre les coins intérieurs que je n'arrivais pas à placer, puis je me suis attaqué aux centres: il semble que c'est la méthode de choix sur internet: tout le monde pratique la même et elle est très simple (4 coups X 3) et très efficace. Mais ce n'était pas facile pour autant, car c'est à soi de trouver les bonnes configurations!

Bref, j'ai réussi avec un peu d'aide de l'internet, surtout YouTube, et sans avoir à apprendre de techniques compliquées.

Le Rubik 4X4X4 a été moins pire, et je l'ai résolu plusieurs fois au début sans problème, puis tout d'un coup, je me suis retrouvé avec le fameux problème de parité! Ce problème n'arrive qu'avec les cubes pairs. Ce cube est donc plus difficile à faire que le 5X5X5, qui se fait comme un 3X3X3, la seule différence, c'est que plus il y a d'étages, plus c'est long.

J'ai essayé pendant des mois de résoudre ce problème, ne voulant pas aller voir, comme d'habitude, aucune solution, voulant tout faire par moi-même. Finalement, je me suis résigné, et j'ai été fouiller sur internet. Comble de malheur! Les algorithmes étaient si complexes qu'ils étaient inutilisables!

Mon but était de trouver un algorithme simple que je puis retenir, et si je n'en trouvais pas, eh bien, au diable le cube! je ne me serais jamais mis à faire tous ces algorithmes devant des gens juste pour montrer que j'ai bonne mémoire!

Finalement, j'ai patenté un algorithme simple avec des bouts d'algorithmes longs et compliqués: j'ai tronqué un algorithme pour en faire une série de 2 coups X 4, pour résoudre le problème de parité. Je me retrouvais alors avec un cube un peu mélangé, que je remettais en ordre avec mes coups habituels, puis ça marchait!

Le problème avec la parité, c'est qu'elle est extrêmement récalcitrante: même en mélangeant le cube aléatoirement pour espérer sortir de cette mauvaise combinaison des pièces, elle revient à la fin! C'est très rare qu'elle ne revienne pas! Le problème remonte donc à loin, et c'est pourquoi les algorithmes que j'ai vus étaient si longs et complexes! Heureusement avec ma méthode tronquée, ça met le cube temporairement un peu en désordre, mais ça défait la parité quand je replace le tout! Le désordre que je crée ainsi ne m'ajoute que 2 ou 3 minutes à la résolution du cube.


Megaminx de Meffert's

Professor Pyraminx de Meffert's

Rubik 4X4X4 illustrant le problème de parité

mercredi 23 mars 2016

Capital Korpse



J'ai décidé de faire un petit morceau moi aussi. C'est un démo qui n'est pas terminé et qui ne le sera probablement jamais.

mardi 22 mars 2016

Le Totalitarisme Consentant

On parle des attaques terroristes de Bruxelles à CNN.

Le journaliste de Paris dit: «They will need to find out what went wrong».

What went wrong???

QU'ESPÈRENT-ILS??? Trouver qu'est-ce qui n'a pas marché et ensuite pouvoir arrêter tous les terroristes avant même qu'ils aient le temps de lever le petit doigt?

Ne voyons-nous pas que ça n'a aucun sens?

Que la réaction (normale, idiote et arrogante) des pays concernés ne consiste qu'à rehausser les mesures de contrôle? Cela consiste à ajouter des caméras, fouiller davantage le monde sans motif valable, faire des attaques préventives, augmenter les budgets de sécurité, etc.

Ne voyons-nous pas que la réponse, quasiment systématique des pays occidentaux est arrogante?

What went wrong?

Comme si ce genre de choses n'était pas censé arriver dans nos pays au-dessus de tout soupçon et si bien protégés...

Comme si nous étions invincibles, irréprochables, bref, protégés par un quelconque reste de divinité...

La quête sans fin stupide des pays attaqués pour trouver les causes de «ce qui n'a pas fonctionné» va de concert avec l'époque de «Guerre sans fin» dans laquelle nous sommes entrés depuis quelques années...

Ne voyons-nous pas que «ce qui ne fonctionne pas» c'est notre ARROGANCE?

On veut nous rassurer en nous faisant croire qu'on pourra tout contrôler, qu'on va éliminer le terrorisme des pays occidentaux, juste en augmentant les budgets affectés à la sécurité, pendant que des drones américains tuent des innocents dans des pays étrangers...

Ne voyons-nous pas que c'est ÇA qui ne marche pas?

Le budget de la sécurité est maintenant devenu un puits sans fonds...

Si vous voulez un emploi garanti dans les prochaines années, allez en sécurité, vous serez en sécurité, alors qu'il n'y aura presque plus d'emplois dans aucun autre domaine...

Tout le monde sera affecté à la surveillance de son voisin... et on se dénoncera l'un l'autre...

Ça ressemblera fortement à du déjà-vu...

Voyez-vous, j'ai l'impression que quand une génération passe, la mémoire tombe dans l'oubli, et l'histoire commence à se répéter...

En ce moment, il ne manque qu'une petite flammèche pour faire exploser une Guerre mondiale...

Ajoutez encore une crise économique de plus, et c'est l'arrêt cardiaque de l'Occident...

Je suis contre le terrorisme et les intégristes, je suis aussi contre l'arrogance des pays occidentaux.

Je ne crois pas qu'il y ait de solution à l'état actuel des choses.

Par contre, je peux seulement constater et tenter de prévoir où cela va nous mener...

Et ça mène tout droit au Totalitarisme Consentant.

Il ne faut pas se méprendre: il ne s'agit pas des totalitarismes que nous avons déjà connus.

Il s'agit d'un totalitarisme au deuxième degré, supérieur, différent.

Bien entendu, nous ne pouvons avoir un totalitarisme semblable à ceux des années 40, parce que la science a progressé, et que nous n'avons plus de théories raciales, sociales ou économiques aberrantes pour le rendre possible.

Mais nous avons d'AUTRES MOYENS, entre autres:

Le darwinisme social...

Le néo-libéralisme...

La politique obsolète dépassée par les événements et qui patauge dans ses erreurs (plus de sécurité, austérité, etc.)...

La mondialisation qui appauvrit les pauvres et enrichit les riches...

La guerre permanente (contre le terrorisme)... Cette «guerre permanente» est évoquée dans le roman d'Orwell «1984».

La staracadémisation, qui est comme une rigidification de l'art... Le voilà notre contrôle totalitaire sur l'art...

Les multinationales et les scientifiques qui travaillent pour eux pour fausser la science... Contrôle corporatif (totalitaire) sur la science...

La concentration des médias... Contrôle totalitaire sur l'information...

Les brevets sur le vivant... Contrôle totalitaire sur la vie...

Les mesures d'austérité...

Les coupures en recherche fondamentale, et l'évitement de la recherche de solutions permanentes à des problèmes en se concentrant seulement sur les effets et non sur la recherche des causes ...

La recherche du profit à court terme uniquement...

Le chacun pour soi, le manque d'empathie, le manque de solidarité, l'absence d'«attitude raisonnable» ou de savoir-vivre citoyen... La dégradation de l'esprit social ou son absence...

La culture de l'envie mutuelle et du narcissisme avec les médias sociaux...

La dégradation de la santé mondiale, l'obésité, vie trop axée sur l'ordinateur, manque d'activité physique, aliénation, etc.

La dégradation de la santé mentale...

La résurgence de la religion et de la superstition, mais souvent sous d'autres formes (pseudo-scientifiques)...

La lutte contre des choses inévitables, comme la drogue et les travailleurs et travailleuses du sexe, qui criminalise des gens qui ne devraient pas l'être, qui appauvrit, menace la santé publique (mauvaises drogues, conduites à risque), et fait augmenter la population carcérale pour absolument rien. La légalisation (de toutes les drogues) et la décriminalisation s'imposent dans ces domaines.

L'hésitation à adopter le RMG...


1984 est comme un bréviaire pour savoir ce qui s'en vient, ou ce qui est déjà là...

Avec un peu d'analyse, vous n'avez qu'à écouter les médias pour découvrir la Novlangue...
Mais elle se développe aussi quotidiennement sous nos yeux avec la mauvaise éducation (les jeunes ne savent plus écrire), l'appauvrissement du vocabulaire utilisé, de la culture, et la valorisation de l'écriture rapide et tronquée (textos, «l'important, c'est de se comprendre»)...

L'argument de l'écriture toute croche c'est: «Oui, mais l'important c'est qu'on arrive à se comprendre». Et on ne tarde pas à constater quand on retourne à l'université (comme dans mon cas) qu'on est rendu au point où ON NE SE COMPREND PLUS DU TOUT...

PRC Q TCRI TLMNT ML QU J N C PLUS C Q TU VX DIRE...

On se retrouve constamment dans l'interprétation du «vouloir-dire»... Et puis finalement, on écrit pour les autres dans les travaux, parce que personne ne sait écrire et que d'autres ne savent même plus penser et font tout simplement des copiés-collés flagrants d'internet...

Je vous le jure, la situation est actuellement catastrophique dans les universités... Songez-y à deux fois avant d'engager un étudiant finissant, parce que vous pouvez être sûr qu'il ne sait rien faire à part être prétentieux, et qu'il a été dangereusement mal formé grâce aux travaux d'équipe obligatoires où un fait TOUT et les autres foutent RIEN...

La bonne écriture est une forme de RECTITUDE qui pourrait aider les nouvelles générations, mais on préfère le laxisme et écrire mal, parce qu'on valorise l'idiotie, puis on finit par ne plus être capable de s'exprimer adéquatement, et finalement, on se retrouve aphasique et on ne pense plus du tout...

Or, qui ne dit mot consent...

C'est entre autres pour ça que ça s'appelle le Totalitarisme CONSENTANT.

Maintenant, est-ce qu'on s'entend?

lundi 21 mars 2016

J'ai réussi ma vie

Je marchais durant la pause de mon cours vers la rue Saint-Dominique, un endroit que j'ai bien connu, là où les filles, dont ma blonde à l'époque, attendaient les clients la nuit. Cela remonte à pas loin de 20 ans, et j'ai encore peine à y croire. Les lieux ont complètement changé, tous les environs aussi, et même la faune. Je dirais que la faune des gens qu'on y rencontrait s'est beaucoup dégradée. Il y a beaucoup d'itinérants, certains que j'ai connus, d'autres le sont devenus, comme une prostituée entre autres que je connaissais à l'époque et qui était belle, intelligente et avec tout un caractère. On vivait dans le même hôtel, c'était une belle rousse de trente ans qui se promenait dans des autos probablement volées, accrochée au crack comme moi. La dernière fois que je l'ai croisée à la sortie du métro Berri-UQAM, elle m'a reconnu tout de suite, mais moi j'ai tellement été horrifié par son aspect que j'ai passé outre: elle était édentée, les cheveux effilochés, du papier journal dans ses bottines trouées... Elle ne m'a pas salué, mais je sais qu'on s'est reconnu. Et elle sait qu'elle a bien changé et que moi j'ai l'air de m'en être bien sortis. Moi je suis désolé pour elle quand je vois ça, et ça m'étonne beaucoup de voir que les choses ont pu autant dégénérer avec une personne, mais ça arrive plus souvent qu'on pense, et beaucoup meurent aussi sans qu'on le sache.

Pour revenir à mon histoire, les filles me demandaient de les attendre au Dunkin Donuts tout près sur la rue Sainte-Catherine, ou au Montreal Pool Room sur la rue Saint-Laurent, ou des fois encore je traînais dans les alentours et restais près de la rue Saint-Dominique en surveillant de loin (en prenant soin de ne pas me faire remarquer des clients, pour ne pas les apeurer). Tout cela se passait très tard la nuit, vers 3 heures du matin: c'est là que la fête commençait pour nous. En fait, la fête ne commençait qu'après que les filles revenaient de faire un maximum de clients, disons qu'à 4 heures et demie du matin, souvent tout était fini, ça devenait trop risqué à cause de la police, et on rentrait avec toute la drogue, du crack, le meilleur que j'ai connu à l'époque, et par la suite, lorsque notre vendeur s'est presque fait arrêter (c'était apparemment un avocat des gens du crime organisé), il a eu peur et a décidé d'arrêter son lucratif commerce, nous n'avons plus jamais eu d'aussi bon crack. On a fumé autre chose par la suite, du bon et du moins bon stock, mais le sien c'était vraiment le meilleur. On croyait qu'il y avait un peu d'héroïne dans son stock tellement c'était addictif; moi je me souviens m'avoir senti très malade et mal dans ma peau quand la soirée était terminée et qu'on n'avait plus rien: mon corps en voulait plus. J'ai appris en fait, en faisant des recherches, que c'était probablement une variante du «paco» et non du crack ordinaire (enfin, je crois); j'ai découvert cela parce que je me souviens du goût et de l'odeur caractéristique de la drogue: ça sentait la gazoline. Et j'ai appris qu'il y avait un mélange très dangereux de cocaïne avec du benzène qui se faisait en Amérique du Sud: en fait, lors de la production de la cocaïne dans les bacs, ce sont les résidus qui restent au fond du bac et qui sont mélangés avec tous les agents chimiques faits pour faire ressortir la cocaïne du mélange, et un de ces agents est du benzène ajouté. Ce résidu est vendu à bas prix, puisqu'il n'est pas purifié, et qu'on le jetait autrefois, mais fumé, il est plus fort que le crack régulier, parce qu'il contient tous ces agents chimiques en plus de la cocaïne. C'était donc, je crois bien, du paco, mais la cocaïne est toujours mélangée à de la gazoline de toute façon, donc je ne peux pas vraiment le savoir.

Mais qui peut vraiment savoir ce qu'on fume sur la rue?

C'est pourquoi toutes les drogues devraient être légalisées. Je suis convaincu qu'en ce moment les sachets de drogue vendus ne contiennent pas plus de 10 ou 20% de cocaïne ou d’héroïne. Le reste dans le sachet, c'est quoi? Va donc savoir! Quelqu'un m'a dit que c'était coupé avec toutes sortes de pilules, dont des produits chimiques très dangereux pour les animaux... Voilà la conséquence de se fermer les yeux sur ces substances... Le fait de se fermer les yeux ou de criminaliser n'arrêtera pas la consommation, mais rendra les gens malades et causera plus de criminalité (si c'est le cas). Pourquoi plus de criminalité? Parce que quand ta drogue est bonne et que t'es vraiment stone, t'en n'a pas besoin de beaucoup, et donc t'as pas besoin de trouver toujours plus d'argent pour t'acheter toujours plus de mauvaise drogue. Et il y a un coût pour la société au point de vue de la santé quand on fait consommer aux gens des drogues qui devraient être considérées comme impropres à la consommation tellement elles sont impures. Tout cela c'est sans compter que cette mauvaise drogue frustre les consommateurs et peut les rendre possiblement plus agressifs, plus désespérés et plus téméraires (comportements à risque).

Pour parler de l'efficacité d'une bonne drogue: je me suis retrouvé une fois avec un groupe de punks, un gars a voulu nous faire goûter au pot qu'il faisait pousser dans son bain, on s'est passé un seul joint tour à tour, nous étions une dizaine, j'ai pris deux petites taffs je crois, eh bien, je n'en suis jamais revenu: je n'arrivais plus à me relever de mon fauteuil tellement j'étais stone! C'est ça de l'efficacité: avec cette force il ne me serait jamais venu à l'esprit d'en fumer un autre dans la journée.

Dans mon cas, je n'ai jamais vraiment su ce que j'ai consommé pendant des années, mais ça gelait très très fort. En fait, quand j'essaie de décrire parfois l'effet que ça me faisait quand je fumais une puff de crack, j'ai beaucoup de difficulté à le faire comprendre, parce que c'est trop intense.

Tout ce que je peux dire c'est qu'avant la première consommation de la soirée et après la première consommation de la soirée, juste après, c'est-à-dire 5 secondes après, tu n'es plus la même personne. On dirait que l'instant d'avant t'étais une personne, et l'instant d'après t'es une autre personne: ça coupe l'espace-temps en deux. Et une fois que t'as consommé, ça prend plusieurs heures avant que tu reviennes complètement la personne d'avant, et des fois on ne revient qu'en se couchant, pour vraiment faire une coupure et laisser le temps à son système d'oublier. Le buzz ne dure que 2 minutes, avec une intensité qui décroît graduellement, mais on n'est quand même plus la même personne, même si le buzz est terminé. Certains sont capables de tout faire normalement pendant qu'ils sont buzzés, comme si la drogue ne leur faisait aucun effet, d'autres sont paralysés, comme moi qui ne pouvais presque plus parler et qui bougeais à peine, et d'autres deviennent apeurés ou parano. Certains développent des manies très bizarres, comme de regarder en dessous des portes, de prendre son pouls constamment, ou de faire des «chut!» aux autres pour qu'ils puissent entendre tous les sons dans un couloir, par exemple (cela va avec le regardage sous la porte ou l'écoute des murs)...

Bref, quand les filles étaient prêtes, on partait en taxi à la maison et on cassait les roches de crack sur une table, et on séparait en parts égales pour chacun sur la table: chacun avait son petit tas de roches. On allumait juste avant plein de cigarettes dans un cendrier pour faire de la cendre et on se préparait des pipes faites avec des canettes de liqueur (facile) ou des flacons de médicaments (compliqué, mais plus efficace). La cendre est essentielle pour consommer la drogue, et plus elle est bonne et bien structurée, plus le buzz sera efficace. La cendre doit provenir idéalement de cigarettes de bonne qualité (pas de rouleuses ni de cigarettes à bas prix dont la cendre n'est pas compacte) de tabac blond (sa cendre n'a pas de goût), la cendre doit être fraîchement faite, très compacte, pas brisée, et elle doit être déposée et écrasée lentement sur les trous de la pipe de façon uniforme de façon à bien les recouvrir hermétiquement, mais pas trop fort pour ne pas les boucher, ce qui serait une catastrophe. Si la cendre n'est pas bien déposée, si c'est déposé trop légèrement, trop d'air passe, la drogue passe en partie dans les trous et on manque son buzz, si c'est trop serré ou qu'il y a une montagne de cendre qui bouche les trous, on peut peut-être tirer au début sur la pipe, mais alors que la drogue fond, ça bloque les trous et ça stoppe net, et on manque non seulement son buzz, mais la drogue restant mélangée à la cendre et fondue dessus, n'est pas refumable, car elle forme un morceau carbonisé mais dont la fumée est comme passée nulle part... Et ça, c'est très très frustrant, surtout si c'est la dernière puff de la soirée...

J'ai fait un grand détour avec mon histoire de description de drogue, etc., mais aujourd'hui, ça m'est tombé dessus comme une fulguration alors que je marchais dans le nouveau petit parc de la rue Saint-Dominique vers le Quartier chinois: j'ai réussi ma vie.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, mais ça m'est venu dessus en 5 secondes: j'ai fait ce que je voulais faire: je me suis amusé en crisse, j'ai connu les nuits sauvages de la rue, le sexe sans tabous, l'aventure, la prostitution, la prison, les drogues dures, les bars, l'incertitude, l'insécurité, mais j'ai connu la liberté totale, si on peut appeler cela ainsi. Je dis cela parce que je trouve parfois que j'étais plus libre à cette époque-là de faire ce que je voulais qu'aujourd'hui, où je tempère mon comportement, mes réactions émotives et impulsives, où j'ai des dettes, des biens qui m'attachent à un lieu, à un emploi, etc. Quand j'avais 20 ans, je déménageais quand je voulais, où je voulais, je changeais de blonde quand je voulais, je trompais quand ça me tentait, avec des hommes ou avec des femmes, j'allais où je voulais quand je voulais, je faisais ce que je voulais, je n'avais pas de dettes, pas de biens.

Quand je repense à cette époque aujourd'hui, je me dis que c'était en quelque sorte une époque unique, que je ne pourrais pas vivre aujourd'hui, qu'il fallait donc que je la vive à ce moment-là, et que si je ne l'avais pas vécu, eh bien, j'aurais définitivement manqué quelque chose de très important dans la vie.

Pourquoi ce fut important de vivre tout ça?

Parce que ce fut l'AVENTURE. Et quand je repense à ma mère ou à mon père, qui ne se sont jamais amusés de leur vie, sérieux comme des papes, je me dis que je n'aurais pas aimé, pour rien au monde, avoir ce genre de vie-là. 

Non, je préfère cent fois mieux avoir eu ma vie toute croche que ce genre de vie sérieuse sans aventure et plate à mort...

Les moments de «folie» sont des moments qu'on se souvient plus tard et qu'on aimerait revivre, même si quand on les vivait on ne pensait jamais un jour qu'on allait s'en rappeler de cette façon, et que ce qu'on était en train de vivre en réalité, sans le savoir, c'était l'HISTOIRE: des moments capitaux de notre vie, de moments phares, des moments adorés et regrettés à jamais. Des moments de JEUNESSE FOLLE. Et c'est ce qui donne un sens à la vie. Moritz Schlick a écrit dans un beau texte que «le sens de la vie, c'est la jeunesse»...

J'ai peut-être des problèmes de santé aujourd'hui causés par toute cette consommation de drogue, mais si j'avais le choix de tout recommencer, je referais la même chose (même si ça fait un peu mal de le dire): oui, ça en valait foutrement la peine! Ça valait même la peine d'en mourir pour connaître ça. Heureusement, je n'en suis pas mort, et j'espère pouvoir vivre le plus longtemps possible encore pour pouvoir profiter de la seconde phase de ma vie, car tout remonte à un plan originel.

Quand j'avais environ 18 ans, je me suis dit après que je venais de fumer du hash avec un ami que j'aimerais avoir DEUX VIES complètement contraires et une après l'autre: une de liberté et de défonce complète, et une autre d'étude et de sérieux, tout en me disant qu'il fallait tristement que je choisisse entre l'une ou l'autre, puisque je ne croyais pas que c'était possible.

En fait, cela fait déjà plus d'une dizaine d'années que je suis dans ma deuxième vie sans vraiment m'en rendre compte. Mon VŒU DE VIE s'est donc réalisé.

Mais lorsque j'étais dans le parc de la rue Saint-Dominique et que je marchais vers le Quartier chinois, dans une sorte de va-et-vient réflexif, je ne pensais pas à ce vœu, mais au défi que je m'étais lancé au tout début de ma vingtaine, juste avant que mon aventure ne commence: je me suis lancé le défi de survivre à la drogue, à la misère, à la prison, à la prostitution, bref au monde interlope, et d'en revenir comme un héros, ce que j'ai toujours oublié de faire, mais je l'ai fait aujourd'hui, dans ce parc, je l'ai fait dans mon cœur.

Je me suis dit pour une fois clairement: oui j'ai réussi mon pari, oui je m'en suis sorti, et oui j'ai aussi fait mes deux vies...

Je suis sorti de ce parc pour retourner à mon cours avec le sentiment que ma vie était complète, et que j'avais RÉUSSI MA VIE.

J'ai tout fait ce que j'ai voulu faire.

Je suis donc prêt à mourir. Et tout ce que je ferai en plus ne sera que comme une cerise sur le sundae.

J'ai atteint le BUT DE MA VIE. Quel soulagement! Quelle paix d'âme!

Moi qui l'instant d'avant cette révélation me disait encore, depuis des années, et je me fessais sur la tête depuis des années avec ça, que j'avais raté ma vie, et que je ne pourrai jamais rien faire de bon finalement, parce que je n'ai plus le temps, plus la force, plus la chance, et que tout restait à réaliser, et que c'était trop gros, et que c'était décourageant, j'avais plein d'idéaux, évidemment, inatteignables à réaliser, et dont le but n'était manifestement que de servir à me fesser sans fin sur la tête, pour la première fois donc, je me suis éveillé et j'ai compris que j'avais la vérité dans la face depuis des années, mais que je ne voulais pas la voir, par cruauté envers moi-même...

Aujourd'hui j'ai compris, dans cette sorte de fulgurance, que j'ai réussi ma vie, que j'ai fait tout ce que je voulais faire en fait, que j'ai fait un vœu de vie et que je l'ai réalisé, et que je me suis lancé un défi que j'ai remporté.

Maintenant, je ne suis plus inquiet si je meurs demain. Ce que je fais présentement, n'a pas d'importance capitale, comme je l'ai dit, ce n'est qu'un «plus» que je me donne: je m'amuse, sans aucune intention d'en arriver à quelque chose de sérieux. Je lis ce que je veux quand je veux, j'arrête quand je veux, je fais autre chose: je n'ai AUCUN PLAN. Je ne fais que suivre mon plaisir. Et j'ai toujours appris tellement mieux ainsi.

Avant je me disais qu'il fallait absolument que je sois prof de philo au cégep un jour, mais aujourd'hui il ne me dérangerait même pas d'aller torcher des culs d'invalides au salaire minimum: JE MENS FOUS TOTALEMENT.

Avant je courais sans cesse pour pouvoir tout faire avant de mourir... Et on connaît aussi le résultat: j'ai presque failli en mourir...

Aujourd'hui je ne cours plus: parce que j'ai compris que j'avais DÉJÀ réussi ma vie.

Et tout le long, depuis des années, je l'avais dans la face, mais je ne le voyais pas...

Je suis heureux d'avoir vécu cette vie, et si c'était à refaire, je referais la même chose, même si ça fait mal d'y penser, avec quelques actions en moins dont j'aurais pu me passer toutefois, et que je regrettais intensément jusqu'à aujourd'hui, mais j'ai, après cette fulguration, cessé de me faire du mal avec ce regret, car je me suis rappelé qu'un déclic s'est produit en moi à un certain moment précis, et que je n'étais plus la même personne à partir de cet instant: j'étais devenu une bonne personne.

Qui sommes-nous pour faire du mal aux autres?

À d'autres êtres vivants comme nous?

Si j'étais une autre personne et que j'avais à me conseiller ou me juger moi-même, je me laisserais, bien sûr, une autre chance, sinon, je ne ferais que doubler le mal.

Le mal a été fait. Il ne sera pas refait. C'est suffisant.

Non seulement le mal ne sera pas refait, mais le bien sera scrupuleusement fait à sa place.

On dit que l'expérience n'est pour certaines personnes («peu intelligentes») que la somme de leurs erreurs...

Mais qui donc ne fait aucune erreur durant toute sa vie? C'est impossible!

L'expérience n'est donc pour tous que la somme, effectivement, de nos erreurs... de nos regrets...

Pourquoi en avoir honte et se taper sur la tête pour toujours si on n'est plus la même personne?

Est-ce que j'exigerais ça d'une autre personne si elle avait changé au point de comprendre ses erreurs et de devenir entièrement une bonne personne? - Non!

Il faut vraiment penser de cette façon pour arriver à se pardonner, au moins partiellement. 

Pour ma part, les choses dont j'avais beaucoup de difficulté à me pardonner ce fut mes échecs amoureux (par ma faute), mes comportements de sans-cœur, et l'envoi de ma chatte tant aimée à l'euthanasie (en pensant qu'elle partait pour l'adoption, je ne l'ai vu que plus tard sur le papier). À l'époque je pensais que prendre des décisions rapides, irréfléchies, sans appel et impulsives, c'était faire preuve de «volonté»...

Je sais que tout cela peut sembler futile à certains, mais pas pour moi.

Une autre chose qui est devenue claire aussi aujourd'hui à mon esprit: je ne cherche plus d'amis, et je n'en veux pas: j'ai toujours été seul, et je ne vois pas pourquoi je voudrais essayer de changer ça, puisque ça n'a jamais marché, j'ai décidé non seulement d'arrêter de m'acharner, mais d'éviter de parler aux autres quand je n'ai rien à leur dire: ça fait un autre souci de moins pour moi.

Je n'ai jamais réussi à comprendre pourquoi, mais j'intéresse peu de personnes. Et ceux ou celles que j'ai vraiment intéressés, c'était pour mon beau cul. L'autre chose qui m'étonne beaucoup, c'est comment les gens font pour parler à plusieurs ensemble et réussir à tous se trouver intéressants, alors que ce que j'entends me semble complètement insignifiant.

Je suis en train de lire l'autobiographie de Gandhi et lui non plus n'a jamais été capable de participer à des «bavardages sans objet»... Il en parle dans le chapitre 18 intitulé «Timidité, mon égide...»...

vendredi 18 mars 2016

De l'inutilité de faire des enfants

Je ne veux pas péter la bulle de personne...

MAIS

On dirait qu'il y a des couples qui dès qu'ils se forment se donnent pour mission de faire des enfants, comme si ça allait de soi...

En s'«obligeant» ainsi, ils ont peut-être aussi l'arrière-pensée que c'est leur forme d'«immortalité»...

Autrement dit, ils ont le vain espoir, en faisant des enfants, de se rendre «immortels», par leur belle descendance sans fin, qui fera elle aussi la même chose, ad vitam aeternam, pensent-ils avec espoir...

Mais tout cela n'est qu'une PITOYABLE ILLUSION.

En fait, si vous faites des enfants aujourd'hui, avec tous les troubles que cela comporte, pour que d'autres individus, que vous ne connaissez pas et ne connaîtrez jamais pensent à vous (et de quelle façon?) plus tard (par quelle chance!), vous êtes foutrement vaniteux.

Vous êtes le VIDE même.

Et si vous pensez que vous allez produire un génie qui va changer le monde, eh bien, vous avez très peu de chance que cela se produise.

ET SI CELA ARRIVE

On se souviendra de LUI, pas de VOUS.
S'il n'est pas stupidement SACRIFIÉ sur l'autel du VRAI MONDE...

Qui se souvient du père ou de la mère d'Einstein, de Bobby Fischer, de Steve Jobs?

Pas grand-monde, et généralement, on s'en fout pas mal.
Beaucoup aussi se foutent pas mal d'Einstein, de Bobby Fischer ou de Steve Jobs...

Mais soyons réalistes: produisez autant d'enfants que vous voulez, la plupart du temps CELA NE CHANGERA ABSOLUMENT RIEN AU MONDE.

Même si vos enfants finissent juges, PDG, millionnaires, médecins ou même chercheurs, ils n'auront aucun impact significatif sur le monde.

On peut estimer les grands écrivains, les grands artistes, mais lesquels?

Les vedettes de l'un ne sont pas les vedettes de l'autre...
Qui a raison?

Un pensera que Proust s'est immortalisé en écrivant son oeuvre, un autre ne saura même pas qu'il existe et élèvera plutôt Marc Levy au panthéon de la littérature...

Ainsi, les grandes œuvres ne sont réservées qu'à quelques rares têtes, capables de les comprendre et ainsi de les apprécier...

Mais à quoi sert-il de faire l'éloge de Proust à des débiles? C'est comme lancer des perles à des cochons, dira la grosse tête...

Un encense Jimi Hendrix, l'autre Beyoncé, et l'autre encore Chostakovitch... Et personne ne connaît l'artiste de l'autre, et n'en aurait que mépris de toute façon...

Lequel est le meilleur?
Celui qui te fait plaisir!

On ne fait donc pas de «grandes œuvres» pour se rendre «immortels», mais parce que ça nous fait plaisir.

Le plaisir de faire quelque chose doit être sa propre récompense.

On fait un enfant parce qu'on ressent le besoin sincère d'élever un enfant, de l'encourager, de le supporter, de le voir grandir et se développer, et d'être heureux de son bonheur, pas parce que papa ou maman veulent qu'on ait des enfants, ou parce qu'on pense vainement se rendre ainsi «immortels»...

Ça c'est ce que j'appelle proprement GÂCHER DES VIES POUR RIEN.

Retenez-vous donc de faire des enfants malheureux, et achetez-vous un chat ou un chien, que vous allez finir par envoyer de toute façon à la piqûre, parce que nous sommes des cons sociaux au Québec, des esclaves avec des mentalités d'esclaves et de soumis, de peureux, de lâches, d'épais congénitaux.

On fait des enfants et on ne sait pas quoi faire avec. On les considère comme des biens, ou des petits trophées, et une fois que notre trip d'enfants est passé, on s'en débarrasse...

Allez faire un tour à la DPJ...
C'est la SPCA des enfants...

Ça fait des enfants TOUT CROCHES, dans une SOCIÉTÉ TOUT CROCHE.

Mais le pire, c'est que même si on ne s'en débarrasse pas, ils finissent tout croches pareil, parce que les parents sont déjà tout croches eux-mêmes...

Les gens doivent se rendre compte, une fois pour toutes, que tout ce qu'il font dans leur vie, absolument TOUT, ne sert ABSOLUMENT À RIEN.

Tout ce que les gens font et qui leur fait croire que ça sert à quelque chose et que c'est donc important ne sert, en réalité, à rien.

Arrêtez de FAIRE et commencez à PENSER.

Peut-être qu'après cela vous allez enfin pouvoir commencer à faire quelque chose qui a du SENS.

Parce que, pour l'instant, tout ce qu'on fait, c'est se faire chier avec l'économie, la croissance, la finance, la création d'emplois, les pertes d'emplois, les investissements...

NOUS VIVONS COMME DES ANIMAUX

Ce mode de pensée fait des politiciens des ROIS qui gouvernent nos vies et remplissent d'un œil malicieux notre MANGEOIRE.

OUI

NOUS SOMMES DES IDIOTS AU QUÉBEC

Nous ne pensons qu'à l'argent, comme les Américains (quelle coïncidence)...

L'argent est notre vie...

Les emplois, la politique...

Pis après, le cancer...

C'est pas ça la vie...

C'est pas ce que j'appelle commencer à vivre...

Nous pensons être près de la réalité avec l'actualité, mais nous ne pouvons en être plus loin: nous vivons dans NOTRE MONDE, peuplé de soupes chunky et de docteurs psychotiques, et il est entièrement construit par les médias, comme un drame quotidien dans LA PLANÈTE DES COUCOUS...

Peut-on commencer à vivre au lieu de tout le temps mourir comme une bande de caves?

jeudi 17 mars 2016

108

Il n'y paraît rien, mais sans le brin d'herbe, il n'y aurait aucune vie possible sur terre.

107

Les femmes et la beauté sont un stimulateur essentiel de la vie.

Si les hommes n'étaient pas sensibles aux femmes et si les femmes n'étaient pas belles, il n'y aurait tout simplement pas de vie: la Terre serait un désert.

106

Plus on vieillit et moins on est libre, et il s'en trouvera pour dire le contraire, à cause de la soi-disant liberté par rapport aux «désirs», mais si les vieux avaient le choix, ils choisiraient évidemment de se «réenchaîner» aux désirs, juste pour pouvoir continuer à bander et à fourrer.

Quand je dis qu'on ne choisit RIEN, il s'agit bien sûr d'une hypothèse philosophique, et en extrapolant beaucoup.

Dans la vie de tous les jours on peut faire bien des choix qui améliorent notre sort et changent bien des choses.

En cela, ce sont les petits choix qui font les grandes différences.

105

La liberté, c'est pouvoir TOUT choisir.

Elle implique aussi de pouvoir voyager dans le temps, dans le passé comme dans le futur.

S'il y a UNE seule chose que je ne peux pas choisir, je ne suis pas libre.

La liberté, c'est aussi de pouvoir choisir de ne pas pouvoir choisir, donc de se faire imposer les choses ou les choix des autres.

Et c'est aussi, paradoxalement, le pouvoir d'avoir de nouveau le pouvoir de tout choisir.

Ainsi, seul Dieu est vraiment libre, mais il est paradoxal.

Les hommes, étant limités par toutes sortes de choses, ne sont jamais libres.

La liberté, c'est de n'avoir aucun frein à sa volonté.

La liberté est intimement en rapport avec la volonté.

Si on arrive à démontrer qu'il y a UNE seule chose dont Dieu n'est pas libre, on aura prouvé que la liberté n'existe absolument pas, pour aucun être dans l'univers.

J'arrive dans le monde, et il y a toutes les choses que je ne choisis pas: le lieu où je nais, ma famille et son statut, mon apparence physique, mes capacités mentales, mon code génétique, mes goûts, ma santé, mon caractère, la société et l'époque dans laquelle je vis, etc., la liste est interminable...

Après ça on viendra se gargariser avec la liberté...

La liberté, telle qu'on l'entend, n'existe que par rapport à un tyran: si l'on n'est pas soumis à un tyran ou un despote, on est libre.

Ainsi, ce que nous entendons normalement avec le mot «liberté» est extrêmement pauvre...

Nous ne savons pas en réalité ce qu'est la liberté, si ce n'est que cela.

Et nous savons encore moins qu'en réalité nous ne sommes absolument pas libres.

Dans la vie, en vérité, nous ne pouvons RIEN choisir.

La liberté est une illusion, un mot, une vapeur chimérique...

vendredi 11 mars 2016

Je me souviens, que j'ai été oublié

Il ne faut jamais que j'oublie que je déteste cette société. Je dois rétablir la vérité dans la tête des gens, parce que je leur ai souvent dit que si j'avais consommé des drogues dures pendant si longtemps, c'était par pur choix personnel, alors que c'est faux.

J'aurais pu avoir une vie bien meilleure, et il ne faut pas avoir peur d'être exigeant là-dessus. À l'époque, j'étais jeune, début vingtaine, et je croyais que la société était justifiée de me laisser pourrir sur l'aide sociale. Je n'étais pas capable de m'en sortir seul, j'étais désespéré, dépressif, incapable de travailler longtemps, en tous cas pas assez pour payer mon logement et mes études de façon continue avec des emplois merdiques.

J'étais pris dans un cul-de-sac et j'aurais voulu mourir et disparaître sur-le-champ. Mais je me suis dit, tant qu'à mourir, je vais me lancer dans le vide, dans le monde sombre du centre-vil, dans la drogue, la prostitution... En fait, je ne me suis pas dit cela, comme si tout cela était réalisable simplement en le voulant, mais je suis tombé dedans presque immédiatement, sans forcer, sans le vouloir véritablement, je me suis laissé couler, puis les ombres sont apparues d'elles-mêmes, et je suis devenu une ombre.

Oui, j'aurais pu avoir une vie bien meilleure, et je peux dire aujourd'hui que ma vie a été gâchée par ce manque de soutien dont j'avais tant besoin. Ceux qui m'objecteront que si je n'étais pas capable de me soutenir moi-même, je n'en valais pas la peine: vous pouvez aller chier. Je n’en ai rien à foutre de votre darwinisme social à la con de fils à papa.

Je me retrouve aujourd'hui avec une santé chancelante, qui m'empêche souvent d'écrire, d'exprimer toute cette rage et cette injustice que j'ai en dedans.

Si j'ai voulu mourir pendant toutes ces années, c'est à la façon des jeunes Amérindiens qui se suicident dans les réserves: ils se sentent pris au piège, sans avenir. Les vieux ne sentent peut-être plus ça, car ils ont peut-être une pierre à la place du cœur, à force de faire des compromis, mais les jeunes, eux, le sentent très bien. C'est comme un sentiment diffus qui leur rentre par tous les pores de la peau et leur empoisonne l'existence.

Cette société, si on peut l'appeler ainsi, par sa froideur, son indifférence, sa cruauté, son formalisme, son conformisme, sa mesquinerie, sa malveillance et son étroitesse d'esprit, me répugne au plus haut point et me donne envie de vomir.

On le voit à chaque fois qu'on ouvre le téléviseur, ce qu'elle aime, et donc ce qu'on doit lui servir, c'est: du sang, du drame, des conflits, du monde qui tombe de haut, pour calmer son envie. Pour calmer son envie, ça lui prend des sacrifices humains, des victimes expiatoires.

Ne croyez pas que les gens ont du cœur parce qu'ils s'éprennent de «bonnes causes»: ils veulent seulement se sentir supérieurs en se comparant à pire qu'eux. Cela leur fait du bien de voir des gens vraiment misérables, qui souffrent et qui sont à terre. Et s'ils le sont à cause d'eux, cela leur fait encore plus de bien.

Cela leur fait du bien d'aider un miséreux, un malade grave, un handicapé grave, parce que cela leur permet de se racheter pour leur propre mesquinerie innée, mais on ne les verra jamais aider un génie en difficulté.

On a demandé en entrevue à Bobby Fischer pourquoi il y avait tant de bons joueurs d'échecs russes comparativement aux joueurs américains, car Bobby était le premier Américain, à l'époque, à remporter le Championnat du monde, les Russes dominaient complètement le jeu. Bobby a répondu: «Les joueurs d'échecs russes sont financés par l'État pour se développer, c'est pourquoi il y a tant de bons joueurs russes. Nous avons ici aux États-Unis autant de bons joueurs et même de très grands talents, mais puisque personne ne les aide à se développer, ils se découragent et disparaissent tout simplement (they just fade out)».

C'est la preuve la plus flagrante que les différences de mentalité font des différences concrètes chez les individus et sur leurs possibilités de réussite.

D'un côté, on finance les talents, de l'autre, non seulement on ne les finance pas, mais on leur met toutes sortes de bâtons dans les roues par envie et après on s'étonne de voir des vies parties en fumée. Après tout, diront certains salauds, s'il était si brillant, s'il était vraiment un génie, pourquoi ne s'en est-il pas sorti lui-même? Voici la question idiote, mais typique, qui revient tout le temps, comme la tache de merde dans le fond de culotte du petit-bourgeois.

Un génie ou une personne brillante, talentueuse, ne sait pas tout et n'est pas capable de tout. La plupart du temps, c'est une personne qui n'aime qu'une chose, mais vraiment à fond, et elle n'est pas nécessairement capable de bien faire autre chose que ce qu'elle aime. Seules les petites têtes pensent que si quelqu'un excelle dans un domaine, il excelle dans tout, mais c'est absolument faux. Je dirais même que c'est le contraire qui est la vérité: l'amour exclusif d'une chose fait négliger au génie tout le reste.

Des personnes pourtant très brillantes ont de la difficulté à faire ce que les gens ordinaires font tous les jours facilement: se lever tôt, se laver, bien s'habiller, se faire à manger, aller travailler, faire du small talk, se discipliner, dormir quand c'est le temps et bien, et savoir en tout temps quel jour de la semaine on est. Si ça se trouve, l'homme brillant a un handicap aussi grand qu'un vrai handicapé. Il est très fort dans une chose, car c'est tout ce qu'il aime, mais il est très faible sur tout le reste: les choses qui font la vie normale, et qui permettent aussi de réussir dans la vie.

Mais notre croyance c'est que ces gens sont capables de tout... et on les laisse pourrir dans un coin... et on s'étonne après des suicides... avec un cynisme écœurant. S'ils ne sont pas encore rendus à la dernière extrémité, on essaie de les sauver pour pouvoir les martyriser davantage, et nos psys et nos médecins de la masse font leur besogne: on leur donne des pilules pour le coco. On les gèle, on les rend vedges, et après on leur dit qu'ils sont vedges, et on rit d'eux parce qu'ils sont vedges et perdus dans la vie, comme des loques humaines.

Il ne faut jamais que j'oublie...

Oui, je me souviens, que j'ai été oublié...

Par cette belle province du Québec...

Que personne ne s'étonne alors que je n'en ai rien à foutre du Québec, ni d'être Québécois.

Si je le pouvais, je mettrais tous les pays à terre, ces entités mensongères, comme des murs, finalement, qui tuent notre liberté.

*

Lorsque Bobby Fischer, ce véritable héros national, reçut une lettre du fisc lui réclamant des millions en impôt impayé, il crachat dans l'enveloppe et renvoya la lettre au gouvernement américain. On ne sait pas exactement pourquoi, mais il détestait les États-Unis.

En même temps, il pouvait bien les détester, car n'ayant jamais reçu aucune aide d'eux, il ne leur devait RIEN.

Nixon a essayé de le récupérer pour en faire un héros national officiel, mais il n'y réussit pas...

Les compagnies ont essayé de le récupérer avec des millions pour faire de la publicité et endosser leurs produits, mais il les envoya tous promener... Après tout, elles n'étaient pas là quand il mijotait dans la merde...

La seule chose dans laquelle Bobby Fischer excellait, c'était le jeu d'échecs...

Mais pour le reste, c'était le kid de Brooklyn, qui faisait des push-ups dans sa petite chambre louée, et qui vivait la nuit, comme un type bizarre, pour ne se concentrer que sur l'étude des échecs...

Combien de héros comme lui ont disparu par découragement?

mardi 1 mars 2016

Smack my bitch up

Grisou miaulait pour jouer en faisant l'espiègle et gambadait, sautillait sur les draps du lit de Geneviève qui venait de se réveiller. Il poussait des cris un peu étouffés et devenait le dos rond comme si un chat étranger se trouvait devant lui, prêt à l'attaque, il défilait de côté sur la pointe des orteils, les oreilles vers l'arrière. Sa queue se gonflait, son poil se retroussait, elle riait toujours beaucoup lorsqu'elle assistait à ce petit spectacle matinal du chaton.

Geneviève s'en sortait depuis peu, elle suivait des cours, réorganisait sa vie, qui lui tendait la main et lui donnait une seconde chance; elle pourrait peut-être bientôt revoir sa fille, qu'elle n'avait pratiquement pas connue. La drogue avait tout emporté, tel un ouragan. Bien sûr, la transition était difficile, elle avait besoin d'un peu de temps pour tout arrêter, sinon, elle n'aurait presque pas d'argent. Elle se disait que c'était ses dernières doses, puis, qu'elle pourrait se joindre au programme de méthadone, ce qui lui éviterait de continuer à faire des clients, qui lui répugnait de plus en plus.

On sonne à la porte: le client qu'elle attendait. Le vendeur le suit de près, elle achète sa dose. Depuis peu, elle préférait faire son hit juste avant d'avoir une relation avec un client: cela lui évitait de penser à ce qu'elle faisait, et de sentir une queue qu'elle ne désirait pas entrer douloureusement en elle. Grisou étant trop excité par la présence d'un étranger, et la chambre ne possédant pas de porte mais que deux rideaux de séparation, elle devait le mettre temporairement dans la garde-robe, le temps de faire la passe.

Un autre entrepreneur de la construction en manque de cul, comme elle en voit tant dans Hochelaga. Les mains carrées et veineuses, il appuie légèrement sur la tête de Geneviève qui le suce sans capote. Elle enlève son haut pour lui montrer ses seins et l'exciter davantage. Sa queue est bien dure, le désir montant, et elle se prépare à enlever le reste, car l'entrepreneur paraît pressé de la fourrer. Elle retrousse sa minijupe et lui exhibe son cul, et en collant sa poitrine presque à plat sur le sleeping bag rouge qui lui servait de lit, ses lèvres s'entrouvrent pour laisser paraître la peau rosée et délicate de sa chatte.

Prêt à la monter sur-le-champ, elle met un condom dans sa bouche et le déroule sur son gland, se met en position et prend sa seringue déjà prête sur la petite table et fait son hit alors qu'il entre en elle sauvagement. La dose est si forte, qu'elle tombe inconsciente sur le coup. L'entrepreneur n'en tient pas compte, puisque ceux qui se piquent à l'héroïne ont toujours l'air de dormir après un hit. Son pubis claque toujours plus fort contre ses fesses, et il empoigne rudement ses hanches qu'il ramène vers lui, pour entrer de toute sa longueur en elle. Même si elle est inconsciente et qu'elle a de la difficulté à respirer, puisque sa bouche s'enfonce dans le sleeping bag, son corps frêle lui permet, grâce à la poigne de l'entrepreneur, de rester à quatre pattes et de continuer à subir les assauts renouvelés.

Les derniers coups viennent, puis il jouit bruyamment: c'est terminé. Il laisse tomber le corps inerte, enlève le condom qu'il flush dans la toilette, et claque la porte, après avoir repris son argent laissé sur la table. Grisou ronronne dans la garde-robe pour se rassurer. Les minutes passent, puis les heures et les jours, la chaleur est suffocante, la vie des gens normaux continue.

(Originalement publié le 6 août 2009)