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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

jeudi 30 octobre 2014

Anaal Nathrakh - Desideratum



Mon dernier album acheté... J'avais envie de me faire exploser les oreilles... Ce groupe est vraiment unique en son genre, voir Anaal Nathrakh (Wikipédia).

                     

mardi 7 octobre 2014

Idée de roman..

Originalement publié le 18 sept. 2011, 21:01.

Proverbe décourageant

«En amour, l'homme commence en poète et finit en gynécologue.» Cioran

dimanche 5 octobre 2014

Blindés

Enfant, j'ai eu de graves problèmes parentaux.
Mes parents se sont divorcés et m'ont ensuite tiraillé émotionnellement.
Je me souviens que je pleurais souvent et que j'étais torturé, parce que je ne savais plus qui aimer de mes deux parents qui se disaient constamment du mal l'un de l'autre.

Je me souviens, lorsque j'étais adolescent, je me blindais émotionnellement.
Je me valorisais à être blindé ainsi, car je trouvais que c'était faire preuve de force.
Je voulais être adulte. Je voulais le mimer.
Par conséquent, j'étais plus «adulte» qu'un adulte, en ce sens que mes émotions étaient complètement gelées.
Plus tard, ce blindage est devenu comme une seconde nature.
J'étais inhumain, et j'en étais fier.
J'étais prêt pour la suite.

Je suis allé étudier en sciences pures au cégep.
Il fallait être «objectif», donc froid.
Dans mon esprit, ces études me prépareraient à sauver froidement l'humanité.
Si nous avions à faire des expériences cruelles sur des animaux, il fallait rester froid, car c'était dans l'intérêt supérieur de l'humanité.
Plus tard dans ma vie, j'ai décidé que je ne tuerais même pas une souris pour sauver l'humanité.

Au début de ma vingtaine, j'ai commencé à fumer du crack quotidiennement.
Je ne croyais jamais tomber autant sous l'emprise de cette drogue.
Mes émotions n'étaient toujours pas «dégelées».

Ce n'est que dans la trentaine que j'ai commencé à éprouver vraiment de l'empathie.
Ça m'est venu soudainement, comme une illumination.
J'ai senti la peine de mon chat parce que je venais de le punir à cause qu'il n'arrêtait pas de manger les fils d'ordinateur.
Je l'ai regardé dans les yeux, sous la petite table, dans sa souffrance muette, courageuse, et j'ai compris que ça faisait, c'en était assez cette fois, et pour de bon.

J'ai décidé de ne plus jamais punir aucun animal, pour quelque raison que ce soit.
J'ai commencé à penser aux autres dans une perspective non standard, c'est-à-dire, au-delà des intérêts habituels des parties.
J'ai commencé à être «bon».
Mon chat m'a sauvé la vie.
Mais par quels chemins j'ai dû passer...

Aujourd'hui, je suis ce qu'on peut peut-être appeler un «mou».
Je m'émeus à rien.
Tout me bouleverse.

Et je suis un perdant dans ce monde de reptiles.
Car les gens, dans cette économie capitaliste qui s'abreuve au darwinisme social, fonctionnent principalement avec leur cerveau reptilien.
Par conséquent, on ne comprend pas que je ne pense pas à mon intérêt en premier, que je n'essaie pas d'écraser les autres pour me faire une place.
Et je ne suis pas compris.
On ne me comprend pas et je suis seul.
On me soupçonne, on me trouve étrange, on me prête constamment des intentions méchantes.

On veut me détruire.
Froidement.
Blindés que vous êtes.
Sales reptiles.

Nous sommes tous inhumains en bloquant nos émotions.
Et il n'y a rien que l'on regrette le plus par la suite lorsque l'empathie réelle s'éveille.

Si elle vient.

Mais pour beaucoup, elle ne viendra pas vraiment.
Je ne sais pas comment cela fonctionne.
Je ne sais pas pourquoi les choses sont ainsi.

Mais maintenant, je suis fort dans ma faiblesse.

Et je préfère mourir en tant qu'humain, que survivre en tant qu'inhumain.

Par conséquent, jamais plus je ne me blinderai pour servir d'instrument.

Ma conscience est inviolable.

Je suis entièrement responsable de toute l'humanité.

Je ne chercherai pas à me faire craindre des reptiles, je serai moi-même, entier.

Pure bonté inébranlable et pardon irrévocable.

Embarré dehors

Si je n'écris pas beaucoup de ces temps-ci, c'est parce que je travaille beaucoup, peut-être même trop.
Mon horaire de travail est éreintant.
Et bien que mon emploi ne soit pas difficile en soi, les employés eux le sont.
J'ai l'impression de marcher sur des œufs constamment, et même si je réussis à calmer le jeu, c'est toujours à recommencer.
Je me sens seul dans mon milieu  de travail. Je me sens harcelé, vulnérable.
Je suis détruit intérieurement par cette tension constante.
Je ne suis pas capable de m'en débarrasser.
Comme tout le monde je veux garder mon emploi, mais je ne sais pas ce qu'on va me sortir comme raisons bidons pour me mettre à la porte.
J'essaie de penser à autre chose.
Avec de la musique, avec des livres, avec des jeux, avec de l'alcool, avec de la porno.
Mais ça ne marche pas longtemps.
Je me dis que je m'inquiète peut-être trop.
Mais je ne me méfierai jamais assez de ces gens-là qui puent l'envie à plein nez.
Mon projet d'écriture est sur la glace, mes projets de musique aussi.
J'essaie juste de survivre, de payer mes bills, je fonctionne comme une machine.
Je ne me sens pas libre.
J'ai l'impression d'être embarré dehors.
J'échange mon temps contre de l'argent, mais cet argent s'en va en grande partie dans la poche des autres.
Si je travaille autant, c'est parce qu'à la sortie de ma maîtrise universitaire, je n'ai que des dettes, et je veux échapper aux huissiers.
Je sais que s'ils ont à davantage m'enfoncer dans la merde, ils vont le faire.
C'est dans leur procédurier, qu'ils suivent comme des robots.
Si je réponds au téléphone, c'est pour faire des ententes de paiement.
Personne ne me fera de cadeau, à moi.
Je vieillis, je suis éduqué, et je ne suis toujours pas certain que je n'aurai pas à retourner aux études pour me recycler, encore une fois, et indéfiniment.
Les temps sont aux coupures budgétaires, la compétition est impitoyable, les coups bas fusent de partout.
Heureux sont les rares élus qui vont pouvoir se placer les pieds: ce seront en même temps les pires trous du cul vainqueurs de la sélection darwinienne: des supersinges.
Je déteste ce monde, cette société et cette vie.
Tout m'agresse: la politique, l'économie, les technologies, les individus, l'époque même avec sa mentalité.
Un bon jour, quand j'en aurai vraiment assez, je ferai mon pack-sac et je foutrai le camp crever quelque part.
Personne ne me retrouvera jamais.
Je léguerai ma bibliothèque à mon chat.