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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 31 août 2014

Sur ceux qui passent pour les plus cons

Dernièrement, j'ai eu au fil des mois quelques surprises qui m'ont beaucoup fait réfléchir.

Le résultat de ma réflexion est: ceux qui sont les plus brillants passent souvent pour les plus cons.

Dans mon cours à la maîtrise, il y avait une étudiante étrangère qui n'arrêtait pas d'interrompre le prof pour poser des questions. Elle nous énervait tous, et certains commençaient à pousser des soupirs et à se moquer d'elle discrètement. À un certain moment, j'ai compris d'après la réaction du prof et de la classe qu'elle était dorénavant considérée comme l'«idiote officielle de la classe».

Moi-même j'ai fini par la trouver fatigante, et je voyais bien que parfois elle devançait le prof dans ses notes de cours, et j'avais l'impression qu'elle faisait cela pour passer pour brillante. Je me suis juste dit que le prof allait la massacrer lors des évaluations, pour se venger de ses interruptions.

Or, à la fin du cours, elle a fait la présentation la plus brillante de la classe; tellement, que mon opinion d'elle a radicalement changé, et je ne fus pas le seul, au contraire, tous les étudiants semblaient agréablement surpris, et même le prof fut stupéfait. J'ai compris alors que sa réflexion sur le sujet était la plus pénétrante d'entre toutes celles que nous avions formulées.

Celle qui passait pour la plus conne était finalement, paradoxalement, la plus brillante.

Second événement: je ne peux pas en décrire les circonstances précises, mais un homme et une femme se présentent à moi dans le cadre de mon travail. L'homme semble en tutelle. La femme lui traduit en anglais ce que je lui dis, les papiers dont il a besoin, etc. Toutes les preuves d'adresse sont au nom de la femme, qui ne semble pas être sa femme, mais une accompagnatrice. Il n'a pas de permis de conduire et semble plutôt démuni, peut-être même sur le bien-être social.

Le couple revient plus tard, mais l'homme produit cette fois une preuve d'adresse. Je lui demande de choisir un mot de passe composé uniquement de chiffres: il choisit les sept premiers chiffres de pi... «Choix étonnant, lui dis-je, je vais m'en rappeler pour mes propres mots de passe». La femme me fait une remarque à ce propos avant de repartir avec lui: «c'est un professeur de mathématique à l'université», me dit-elle avec un sourire d'au revoir et de satisfaction. Elle savait probablement qu'il avait l'air d'un con...

Lorsqu'elle m'a dit cela, je me suis rappelé ce qui est arrivé avec l'étudiante et j'ai fini par conclure qu'on se trompe souvent royalement lorsqu'on juge quelqu'un sur l'apparence ou la première impression...

Et pourtant, c'est ainsi que fonctionne tout le monde...

Mais disons donc pour finir qu'en général, les gens qui sont loin d'être des cons ont tous quelque chose de bizarre et semblent comme «mésadaptés».

C'est mon cas. Et on me prend aussi facilement pour un con, surtout à cause de mon humour pince-sans-rire que personne ne comprend presque jamais, parce que les gens ordinaires sont bien souvent «premier niveau» et qu'il n'y a rien à faire pour s'entendre avec eux, à moins d'être bête comme eux.

La qualité d'un individu ne se mesure pas à la quantité de ses diplômes

À chaque fois, je suis impressionné par la quantité de trous de cul certifiés bardés de diplômes qui pullulent un peu partout.

Comme beaucoup de personnes, lorsque je sais que quelqu'un est plus instruit que moi, qu'il a beaucoup d'éducation, une maîtrise en ci, un doctorat en ça, j'ai tendance à faire plus attention, à être un peu plus révérant, parce que j'ai du respect pour la connaissance.

Mais ce dont je me suis aperçu au fil des années, c'est que les diplômes ne rendent pas l'individu meilleur : si c'est un trou de cul à la base, ça va devenir un trou de cul instruit, c'est tout.

Les études ne donnent pas de cœur. La vertu ne s'enseigne pas.

Pour moi, aujourd'hui, une coiffeuse ou une serveuse peuvent avoir plus de valeur qu'une doctorante trou de cul qui se prend pour le centre de l'univers.

Ceux qui font un travail sur eux-mêmes acquièrent de la valeur, peu importe ce qu'ils font dans la vie. Les autres ne valent rien, peu importe la surenchère des diplômes.

Je suis d'accord pour dire que l'instruction est très importante et doit être à tout prix valorisée, cependant, une fois passé par là, on se rend compte que ce n'est au fond, peut-être, qu'une étape, et qu'il y a d'autre chose dans la vie de beaucoup plus important.

samedi 23 août 2014

Sur l'étonnement philosophique

«Si la vie même du philosophe n'est pas étonnante, ce n'est pas un philosophe.»
                                                                                                                                    JNF

Sin City Shit


Y'en a marre de Quentin Tartino...
Dans tous ses films, c'est la violence, le sang, les coups, les armes, le meurtre...
C'est du spectaculaire, tout le temps, et c'est sans aucune intelligence.
J'ai jamais vu un producteur aussi abruti et abrutissant.

FUCK YOU


vendredi 22 août 2014

Le mythe du bonheur

J'ai toujours eu le sentiment que le bonheur n'existait pas vraiment, que ce n'était qu'une façon de parler. Pourquoi? Parce que sérieusement, qui va jamais dire: «j'ai atteint le bonheur», ou encore, «je suis heureux définitivement»?

Pour parler sérieusement (cette fois-ci), la plupart du temps, notre émotion de base, ce n'est pas la joie, mais l'«équanimité», c'est-à-dire l'égalité d'âme, l'indifférence, ni tout sourire, ni air bête, mais entre les deux. J'ai toujours trouvé faux le fait qu'on veuille tout le temps sourire pour plaire aux autres, eh bien, le fameux «bonheur» relève exactement de cela: c'est une façon de parler, comme l'autre, une façon d'être, mais fausse. Kundera en a écrit un peu là-dessus, sur le rire et le sourire (forcé, sur les photos, par exemple). Il dit vrai: nous sommes des moutons suiveurs. Nous ne pensons pas à ce que nous faisons: nous le faisons tout simplement parce que tout le monde le fait.

Effectivement, notre sourire est bête. Et notre soi-disant «bonheur» est aussi bête.

Nous avons des épisodes de joie plus ou moins longs, mais souvent beaucoup plus brefs que longs. Je ne me rappelle pas dans ma vie avoir eu des joies continues, sans faille. Y a toujours quelqu'un pour venir nous faire chier à ce moment-là, lorsqu'on plane trop justement; y a toujours un connard ou une connasse pour nous ramener à l'ordre, dans la bonne grosse réalité évidente, pour nous jalouser notre état de bien-être effectivement surréaliste. Y a toujours quelqu'un pour tout nous saloper sous les pieds.

Le genre de bonheur qu'on nous présente dans les films ou qu'on s'imagine, je l'ai jamais connu. Par contre, j'ai une idée d'un état de bien-être, parce que j'en ai eu souvent, mais peut-être moins de ces temps-ci (j'ai pas de chance, j'ai des connards et des connasses extrêmement dévoués qui m'entourent).

En règle générale, les états de bien-être ne durent jamais longtemps. Quand je me sens particulièrement en forme, j'éprouve un certain bien-être. Quand je mange un bon repas, j'éprouve parfois un certain bien-être aussi, le temps du repas, et un peu après, mais sans plus.

Quand je découvre une nouvelle idée, c'est là que mon état de bien-être est le plus fort. Quand je réalise quelque chose d'importance aussi, ou quand ma vision sur quelque chose change au point de m'inspirer fortement.

Quand j'y pense, bien que les ruptures amoureuses soient douloureuses, ce furent quand même paradoxalement les moments où j'ai été à la fois le plus heureux de ma vie. Pourquoi? Parce que j'ai senti l'intensité de vivre.

C'est ça le bonheur: c'est un état instable, intense, temporaire et paradoxal. Ça n'a rien à voir avec la béatitude, quasi religieuse.

Lorsque je me suis blessé sérieusement à une jambe et que j'ai dû rester à la maison deux mois entiers sans pouvoir travailler, j'ai connu des moments de joie, bien que je souffrais. Je pouvais enfin m'«arrêter». Commencer à réfléchir. Regarder les choses avec un certain calme, impuissant. L'impuissance totale amène une certaine sérénité, un peu comme si on revenait à l'enfance, moment où nous étions le plus heureux, pour un rien. Je n'avais plus de compte à rendre à personne, et ça me soulageait énormément, car je pouvais enfin me consacrer un peu à moi-même, prendre un break du monde et de la vie qui file à toute allure aujourd'hui, qui va en fait trop vite.

Je pouvais enfin m'asseoir et commencer à réfléchir, et ça, ça me faisait vraiment plaisir.

Voilà pour ma définition du bonheur.

Le bonheur, c'est quand on arrête de courir après les choses parce qu'on pense qu'elles vont nous rendre plus heureux. Le bonheur commence quand on lâche prise totalement, lorsque l'inquiétude nous quitte, parce qu'on n'a plus peur de mourir, parce qu'on n'a plus peur de perdre ses biens, parce qu'on n'a plus peur de manquer quelque chose. On veut tellement trop se «réaliser», qu'on en meurt d'une crise de cœur. Bienheureux celui qui ne se réalise pas, qui reste imparfait.

J'ai senti un certain soulagement personnel dès l'instant où je me suis dit que ça n'avait plus d'importance si je ne pouvais acquérir tout le savoir que je me promettais d'acquérir, si je ne pouvais lire tous les livres que j'ai achetés. Je me suis mis à papillonner allègrement dans ma bibliothèque, sans aucun sérieux, ni rigueur, ni suivi ou constance dans mes lectures et j'ai ressenti alors une grande joie, une grande liberté, un grand plaisir. Ma bibliothèque me rendait enfin libre au lieu de m'enchaîner et d'avoir à lire tant de pages par jour de tel livre jusqu'à la fin sans jamais en commencer un autre en même temps, etc. J'étais toujours comme pressé par des contraintes d'apprentissage, et surtout, des contraintes de temps: je mesurais toujours en nombre de jours le temps que je prenais pour lire un livre. Je me disais que je devais lire ceci et cela avant de mourir, etc. Dès l'instant où je me suis vu comme immortel, j'ai arrêté de paniquer et de courir comme un fou.

J'ai commencé à voir l'illusion du temps qui file.

C'est nous qui avons une montre dans notre tête, mais le temps n'existe pas.

Être heureux, c'est aussi désobéir. Je me souviendrai toute ma vie de la fois, en quatrième année je crois (j'étais très jeune) où je me suis enfui de l'école. C'était une très belle journée d'automne, et je me souviens, j'avais envie d'en profiter, je n'avais pas envie de retourner en classe après la récréation. Alors, durant la récréation, j'ai bien fait mon coup: je me suis approché des herbes hautes dans la cour tout en gardant un œil sur les surveillants et les autres étudiants, puis j'y ai pénétré graduellement, comme par jeu. J'ai échappé à l'attention et à la vue des surveillants, je suis parti dans les herbes hautes, puis j'ai rejoint la sortie à l'arrière, probablement influencé par le film Alcatraz, qui m'a toujours fasciné. J'ai immédiatement rejoint le parc plus bas et j'ai été m'y balancer. Je me suis balancé pendant assez longtemps et je me souviens d'avoir été intensément heureux. Je me suis ensuite dirigé vers mon domicile, et lorsque je suis rentré ma mère était là: je lui ai dit que j'étais revenu de l'école parce que j'avais mal à la tête, et qu'on m'avait alors laissé partir. Elle n'a rien dit, mais elle savait bien qu'il y avait quelque chose qui clochait.

Si j'essaie d'analyser cette demi-journée d'école buissonnière, voici ce qui ressort pour les éléments du bonheur:

-Le plaisir esthétique (une belle journée d'automne ensoleillée).
-Le sentiment de liberté lorsque je suis seul, loin de tout le monde, loin de la foule.
-Le plaisir d'avoir désobéi et d'avoir fait à ma tête; autrement dit, le plaisir de m'avoir affirmé.
-Le plaisir d'avoir fait ce que j'avais envie de faire, ou ce que j'aimais faire, me balancer (j'adorais me balancer).
-Le plaisir de voir que l'impossible est possible; le plaisir de vivre l'impossible.

Comme on peut le voir, ceci n'a rien à voir avec le «bonheur» qu'on poursuit quotidiennement d'un point de vue de consommateur, pressé par le temps.

mercredi 20 août 2014

ASH - A Substitute For Heaven

Mon prochain projet électro, nom de groupe: A Substitute For Heaven

Cloaks - Rust on metal

Ce soir je voulais entreprendre des lectures, mais je m'endormais au maximum. Le café n'avait rien fait. Je suis tombé sur ce morceau et j'ai monté le son à fond, et j'ai commencé à lire... L'inspiration coulait comme de source...

dimanche 17 août 2014

Mon voyage en l'Europe de l'Est

Une belle découverte musicale, Oyaarss, de son vrai nom Arvids Laivinieks, ou connu du nom de son autre projet, Cloaks.



mardi 12 août 2014

Nous avons perdu l'inspiration

Il est si difficile d'échapper au mainstream, parce que comme son nom le dit, il est «partout»... Lorsque je cherche de la musique à acheter maintenant, ça me prend toujours des heures. Avant ça me prenait pas mal de temps aussi, mais on dirait que ça me prend toujours plus de temps au fil des années. C'est parce qu'on vient qu'on a fait le tour, je crois.

Les choses qui autrefois étaient originales ne le sont plus une fois reproduites. Le problème c'est que de ces choses qui ont marché on en fait des recettes. Ainsi, Nirvana devient le courant grunge, et alors, on essaie d'imiter le groupe, mais ça tombe toujours dans une parodie de musique, sans jamais rien d'innovateur.

On ne se gêne plus pour suivre le courant en musique, comme en tout d'ailleurs. On a les vrais créateurs d'un côté, et on a les suiveurs de l'autre, qui sont inévitablement toujours plus nombreux et plus imposants, parce qu'il est difficile de créer du vrai neuf. Et comme d'habitude, c'est eux qui ont le pognon, et qui décident.

Par conséquent, dans le mainstream, on a les «créateurs», mais on a surtout la présence massive d'imitateurs ou de comédiens de la musique. Si j'ai mis le mot créateurs entre guillemets, c'est parce que quand on parle de mainstream aujourd'hui, on parle d'une grosse business qui ne vise pas avant tout l'originalité, mais la popularité. On va donc ainsi chercher à plaire au plus grand nombre pour générer des profits au moyen de «courants» (grunge, trance, death metal progressif, etc.) et non à promouvoir l'originalité, qui est toujours plus difficile d'approche de toute façon. On va en quelque sorte «guider» le consommateur vers ce qu'il, soi-disant, «aime».

L'efficacité de ce procédé devient vite une pétition de principe: le consommateur veut se conformer, mais il n'y connaît rien, il consomme donc ce que les autres consomment, par conséquent, il aime ce qu'il consomme, nous lui offrons donc alors vraiment les choses qu'il aime, etc. Si Budweiser est partout, et avec bonne conscience, c'est parce que les gens en général ne connaissent rien à la bière, pas parce qu'ils aiment vraiment cette bière: c'est pareil en musique comme pour tout le reste: la masse évince le vrai talent.

On peut voir aujourd'hui les groupes qui ont eu autrefois une certaine popularité devenir les imitateurs d'eux-mêmes: Metallica, Iron Maiden, Nine Inch Nails, etc. C'est aujourd'hui un procédé courant et inconsciemment accepté, parce que le consommateur formaté par l'industrie est frileux des changements. Dans tout ça, on ne se soucie jamais de plaire à l'oreille attentive, curieuse, intelligente, mais de plaire à un troupeau, à du bétail. C'est ainsi que nous sommes constitués en bétail aujourd'hui, par l'industrie de la musique, ou en général, par ce qu'Adorno appelait l'«industrie culturelle».

Mais cette expression devient elle aussi, facilement, une parodie chez les philosophes patentés... Parce que dès qu'on réussit à mettre un nom sur la chose, cela nous libère de la penser, et par conséquent, de la repenser.