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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

dimanche 29 juin 2014

Journal - Le décadent 1

31 décembre 2005
Loin de moi l'idéal ascétique. Les ascètes n'ont jamais raison et sont pour moi des minus habens. Ils ne peuvent rien se donner car ils n'ont presque rien eux-mêmes, ils se renferment et deviennent les ennemis secrets de toute humanité. Moi je goûte la vie et me laisse bien servir par elle. Je mords à pleine dents dans la chair fraîche de cette humanité apaisante avec ses silos à bombes atomiques et ses films XXX. Je suis la jouissance de cette humanité en pleine décadence.


1 janvier 2006
La barbarie consiste à cracher sur ce que l'humanité a le plus durement acquis.

Peut-on rêver d'une pensée qui change entièrement et radicalement notre façon de voir les choses, l'histoire?


2 janvier 2006
La jalousie est une forme de paranoïa.

Le grand mythe moderne du sexe à partir de Reich, qu'il rend plus «conscient», voire plus intelligent.

La timidité chez une personne adulte n'est jamais un bon signe.

Le mal vainc le mal, et paraît le bien.

L'intelligence se communique, mais malheureusement pour elle, la stupidité se communique aussi.


9 janvier 2006
Toute expérience est une expérience faite sur soi.

«Le masochisme est une forme de sadisme qui recule et attend, anticipe la victoire finale.» Théodore Reik

J'ai un cœur, mais je suis calculateur, on me l'a toujours dit. [J'ai un côté froid que j'ignore souvent et qui fonctionne malgré moi. Mais ce côté a aujourd'hui disparu, car j'ai perdu mes illusions sur moi-même et sur le monde, j'ai perdu mes «froids objectifs», et je n'ai donc plus le cœur de calculer.]

Les perles rares se font de plus en plus rares.

10 janvier 2006
Il y a comme un snobisme particulier qui caractérise tous ceux qui ont quelque prétention intellectuelle, surtout dans le domaine de la pensée. Ce qui les empêchent de communiquer davantage et de s'instruire l'un au contact de l'autre afin de progresser dans la connaissance philosophique ou spirituelle. Il y a ainsi, par la force des choses, un plafonnement inévitable du domaine spirituel. C'est ainsi que va la vie, privilégiant toujours d'abord les forces brutes aux forces plus raffinées, spirituelles.


24 janvier 2006
L'ambition: vouloir devenir ce que l'on n'est pas. Moi, je préfère devenir ce que je suis.

Penser qu'aimer c'est être fidèle, c'est se mentir à soi-même à longueur de journée.

La production ininterrompue est très peu digne d'un philosophe. Le philosophe doit s'arrêter.

On se satisfait de la possibilité d'aller voir ailleurs, et finalement on reste chez soi.


2 février 2006
La foule est un viol perpétuel.

Le «viol des foules» n'est possible que parce que la foule est elle-même un viol.

Nous avons besoin des méchants afin de satisfaire notre cruauté.

On ne peut se «laisser aller» que parce que les choses vont sans nous.

Les «examens» en philosophie m’écœurent.

Les animaux ne pensent pas à la mort et cela n'apporte ni plus ni moins à leur vie.

Le sage? Y a-t-il jamais eu un seul sage?

Plus on fait de science, moins on comprend l'ironie. L'objectivité ne peut comprendre l'ironie. La logique s'en tient seulement à ce qui est dit, pas à ce qu'on a voulu dire. La logique est un vivier à esprits plats.

L'empressement en philosophie est aussi approprié que la méditation sur une chaîne de montage.

Les poseurs et les journalistes en philosophie, comme ailleurs.

L'amour est le sentiment le plus faux qui soit, la haine de même. Rien ne mérite d'être aimé ou haït absolument.


13 février 2006
La sexualité n'a rien à voir avec le sexe (génital).

Que puis-je faire devant cette éclatante évidence de la mort? - Continuer à travailler.

Le plus violent finit par devenir le leader, mais de quoi?


24 février 2006
Le profond sérieux qu'entraîne la réflexion sur sa vie passée dans la débauche.

J'ai une seule conviction: je crois que l'erreur est toujours possible.

Je suis dans un tête-à-tête constant avec la Mort. Elle ne parle pas beaucoup.

La surpopulation serait une bonne chose si les hommes pouvaient se manger entre eux.

L'homme est libre pour l'éternité, c'est pourquoi il est misérable. Seuls les animaux ne peuvent se libérer du cercle de la consommation, l'homme lui, ne colle à rien. Il peut toujours se libérer de tout et c'est cette angoisse qui le fait s'enfermer entre certaines limites et parfois dans le cercle de la drogue ou de l'alcool ou encore de l'amour possessif ou du travail, etc. (la liste peut être longue).

La mort propre n'est jamais acquise.

Le combattant régulier connaît un sommet et puis décline. Le guerrier spirituel gagne en force avec l'âge. Le vrai maître fait éclater les classes.

Le secret n'est pas dans ce que nous croyons, mais dans ce que nous ne pouvons pas croire, et qui est incroyable.

Je ne suis ni un rationaliste, ni un irrationaliste. Je suis un paradoxaliste.

Le nouveau-né est un dieu, qui, parmi de simples mortels, se croit comme eux.

L'être humain ne veut pas seulement être heureux, mais veut que son bonheur repose sur la vérité.

Les gens ont besoin de se sacrifier. Le sacrifice est un besoin. «Victime» veut dire: «sacrifié». Lorsque les individus ne peuvent plus se sacrifier, ils se mettent à devenir victimes. Le nombre de victimes augmente toujours.

On ne peut faire confiance aux hommes ni pour le bien ni pour le mal.

mardi 24 juin 2014

lundi 23 juin 2014

Poésies abruptes















- L'avenir dément -

Traqué de toutes parts
Sans issue
Poussé dans mes derniers retranchements
J'invoque les forces du Mal

Le refuge dans l'Art est ma libération
La vérité nue ma rédemption
Mes derniers jours sont comptés à la minute
Dans la vengeance vous serez mes putes

Depuis toute ma vie
Coincé à la sortie
Le traquenard malin
Crache le venin

J'ai suivi la voie que vous m'aviez préparé
Trompé par votre sagesse
Laissez-moi, je vois clair à présent
Je vois la fin
Je vois la saloperie du monde
Je vois la perte, la joie sublime
L'avenir dément

dimanche 22 juin 2014

Agnostique vs athée

J'aime toujours faire la différence entre un athée et un agnostique. Un athée c'est quelqu'un qui nie l'existence de Dieu, alors que selon moi, cela est inutile, puisqu'il faudrait aussi nier l'existence du Diable, du Père Noël, des licornes, et même, du Flying Spaghetti Monster, etc. À quoi cela sert-il de nier tout ça?

Pour ma part, je préfère la nuance suivante: il est pour moi impossible de me prononcer sur ces choses: je ne peux donc dire ni qu'elles existent, ni qu'elles n'existent pas. J'ai toujours cru qu'il était trop fort de nier quelque chose qui n'existe pas, et cela, c'est la position athée. Je trouve que cette position recèle un vice fondamental.

Nous ne savons tout simplement pas non plus qu'est-ce qui se passe après la mort, puisque personne n'en est jamais vraiment revenu, les personnes qui ont vécu des expériences de mort «imminente» en témoignent: ce sont des expériences-limites où les personnes «reviennent» de la mort, mais elles n'ont jamais été complètement mortes et enterrées non plus. Aucune personne morte et enterrée et dont il ne reste que les os n'est jamais revenue pour nous dire comment c'était après la mort. Quand cela se produira ou sera possible par la science, nous saurons s'il y a quelque chose ou non après la mort, mais pour l'instant, je crois que nous n'en savons rien.

En ce qui concerne Dieu, je trouve que c'est une drôle de croyance, mais qui sait? Peut-être avons-nous simplement personnifié une force que nous ne comprenons pas. Du côté oriental, on parle du Tao: cette idée fait penser à une sorte de dieu sur le coup, puis, on se met à lire, et on s'aperçoit qu'il y a des différences importantes: le Tao est comme une force impersonnelle, comme une «voie» que nous pouvons saisir par une sorte d'illumination, et une fois saisie, la vérité du Tao se trouve à être ineffable. Cela ressemble beaucoup à ce que nous nous représentons de Dieu, mais les taoïstes n'ont jamais vu le Tao comme un dieu.

Le Tao est connaissable, mais il est ineffable. C'est la «voie» du Tout, on peut y atteindre, mais ce n'est pas Dieu. Est-il possible que nous n'ayons pas bien compris, nous Occidentaux, cette force que les orientaux ont découvert?

Si c'est le cas, cela veut dire qu'en adoptant la position athée, je me ferme à cette autre force qui pourrait être en réalité ce que nous entendons par Dieu, mais qui est différente. Tandis qu'en étant agnostique j'y reste ouvert, parce que je ne me prononce pas. Voilà toute l'utilité et subtilité de cette position.

Train de nuit
















Je suis le boxeur qui tombe, inconscient, et qui se pète la marboulette
Au ralenti
Sur le tapis du ring plein de saleté, de sueur, et de taches de sang

À continuer..

samedi 21 juin 2014

Les derniers jours de ma vie normale

À venir..

Contes de la misère ordinaire

À venir..

Poésie sauvage 2

21 juin 2014












- Comme à un psy -

Je me parle à moi-même comme à un psy
Ma longue marche dans l'ouest est ma thérapie
Le soleil plombe mais ne veut plus me brûler
Les livres ne veulent plus rien me révéler

Je cherche un endroit où me sauver
Mais c'est partout du pareil au même
Je retrouve à chaque coin de rue ma cage d'acier
Ma vie périt dans l'écosystème


- À force de vivre -

À force de vivre je perds mon inspiration
À force de vivre j'augmente ma sudation
À force de vivre j'ai le sang au front
À force de vivre je perds ma passion

À force de vivre je m'enfonce dans le néant du non-sens
À force de vivre je vois la merde du monde
À force de vivre je vois, impuissant, les rides s'accumuler
Mon ventre se gonfler
Sans résultat
À force de vivre je veux que tout périsse

À force de vivre je vois la fausseté, la folie
À force de vivre je vois le mensonge, la trahison
À force de vivre je vois le non-sens, l'injustice
À force de vivre je vois la cruauté, l'absurdité
Le viol permanent

À force de vivre je vois la vérité bafouée
À force de vivre j'espère la fin
À force de vivre je meurs d'ennui
À force de vivre je meurs de rage
De folie
De non-amour
De solitude
De pauvreté

À force de mourir je vis du non-sens tentaculaire
Totalitaire
À force de mourir je vis du faux
Je vis du fauve
Les mots magiques sortent de mes lèvres mauves
La mort parle en moi le langage qui sauve


- Obéir -

On veut que mon corps obéisse
On veut que mon esprit obéisse
On veut que je me soumette corps et âme
Mais qu'espérez-vous de moi
Je ne m'appartiens même pas


- Au pied du massacre -

Broyé dans la machine à viande
Tous les réveils sont pénibles
Au pied du massacre
Le soleil luit avec peine

L'espoir à l'horizon se fait rare
L'oxygène est en panne
Les animaux se poussent dans un coin du paradis
Pour laisser passer la bombe

Poésie sauvage 1

24 août 2012



















- Plus rien -

Il n'y a plus rien à boire
Plus de crack à fumer
Plus rien à voir
Plus rien à écouter

Plus rien pour oublier
Pour s'oublier, oublier les autres
Tout est nul à chier
Pour l'éternité


- Dans un réfrigérateur -

La reprise du néant n'est pas facile
Comme si tout ce que l'homme avait trouvé de meilleur
Pour se péter la fraise
C'était l'alcool, les femmes et le bingo

Nous sentons le fond de cave à plein nez
Le monde entier est une soue à cochons
Les coupons-rabais pour l'existence tapissent mon entrée
Moi aussi je serai comme tout le monde
Bien mis dans un réfrigérateur
C'est mon horoscope qui me l'a dit


- Différent -

Je ne respecte aucune règle
Je ne veux plus respecter aucune règle
Je suis fatigué des règles et les règles sont fatiguées de moi
Je veux être comme tout le monde mais je n'y arrive pas


- Explosion -

Tout ce que j'écris est un chapitre de ma vie
Il y a beaucoup de saccades, il y a beaucoup de pertes
C'est parce que je suis une explosion
Je n'ai rien d'autre à dire


- Kant -

Si Kant avait raison
Je pourrais l'admirer
Mais malheureusement, Kant n'a pas raison
Je ne peux donc l'admirer


- Musique -

Si la musique occupe mes pensées
C'est parce qu'elle est vide
Comme les gens
Comme la télévision
Comme la bouffe
Comme la vie
Sauf les animaux


- Piégé -

Peu importe ce que l'homme essaiera de faire
Il sera piégé
Le système est fait de telle façon que ses rêves seront brisés
Les barreaux sont invisibles mais la cage est bien réelle
Les bourreaux sont absents mais le sang continuera de gicler
À l'infini


- Amour -

L'amour est une compagnie à numéros
Qui change de nom, fait faillite, disparaît


- Coupure -

La routine tue l'homme le plus solide
Pour survivre il faut savoir faire une coupure
Pour survivre il faut tuer la routine
La routine est la Mort
La routine est la Mort
La routine est la Mort


- Survivre -

Il faut avoir un petit quelque chose de fou pour survivre
Un petit quelque chose d'abusif, d'excessif
Un petit quelque chose de dérangé, de déréglé, d'anormal
Un petit quelque chose de criminel, de tueur en série, de malade mental, de psychotique, de névrosé
Bref..


- Existentialiste -

Je suis un existentialiste après la lettre
Ma dimension est le néant
Tout est vidange


- Buzz -

Après un certain temps on dirait que même les plus fortes doses
Ne font plus effet
Deviennent le buzz général
Le buzz conventionnel
C'est alors qu'il faut geler le Monde..

lundi 2 juin 2014

Le problème du menteur

Dans mon cours de logique, alors que j'étudiais en philosophie, le prof nous a soumis un problème qui a beaucoup suscité mon intérêt à l'époque:

Un peu comme dans le conte d'Alice aux pays des merveilles, que je n'ai jamais lu, mais que je connais vaguement, j'arrive à une croisée des chemins et je dois choisir la bonne voie. À cet endroit se trouve deux personnes: une qui dit toujours la vérité, et l'autre, qui ment toujours, et j'ignore qui dit vrai et qui dit faux. Par contre, la personne qui dit la vérité sait que l'autre ment, et la personne qui ment sait que l'autre dit la vérité (cette partie était implicite dans le problème et a été rajoutée par moi).

Supposons que A est le bon chemin, et que B est le mauvais chemin. Si je demande le bon chemin à la personne qui dit la vérité, elle me répondra que c'est A. À l'inverse, si je demande le bon chemin à la personne qui ment, elle me répondra que c'est B. Comment sortir de l'impasse?

La solution que j'ai trouvée à l'époque est celle-ci:

Je pose la question suivante aux deux personnes à tour de rôle: «Si je demande à l'autre personne quel est le bon chemin, que me répondra-t-elle?»

Si je parle à la personne qui dit toujours la vérité, elle me dira que l'autre personne répondra «B».

Si je parle à la personne qui ment toujours, elle me dira que l'autre personne répondra «B».

Par conséquent, le bon chemin est «A».