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«Je n'ai qu'une passion: celle qui me permet d'être libre sous le joug, content dans la peine, riche dans la nécessité et vivant dans la mort.» Giordano Bruno

vendredi 30 avril 2010

Qui se souvient de la grippe H1N1?

Les masses ont la mémoire courte, mais moi je m'en souviens, parce que je n'y ai jamais cru et que je n'ai jamais voulu le vaccin, cependant la pression sociale était énorme. On aura peut-être eu le meilleur exemple avec ce canular d'une tyrannie de la masse, avant le prochain. Les menaces de fin du monde ou d'hécatombe finale bien imprimées dans l'esprit collectif servent bien les entreprises de sécurité et les industries pharmaceutiques qui décrochent de juteux contrats à chaque fois que les médias alimentent la peur en en faisant comme d'habitude un spectacle. Et s'il y a une fin du monde, c'est nous qui allons la provoquer du simple fait d'y croire, parce que notre compréhension a des limites et que nous sommes ignorants sur bien des points, surtout en ce qui concerne la science ou d'autres réalités qui sont loin de notre quotidien ou difficiles d'accès. Les journalistes et les entreprises profitent de cette ignorance de masse inévitable.

L'OMS a déclaré une pandémie, les médias sont entrés dans la danse pour amplifier l'hystérie par dix sous prétexte de nous «informer» (comme si eux non plus n'avaient pas d'intérêts financiers là-dedans, comme chacun des journalistes en particulier), puis tout le monde a capoté, et l'effet d'emballement a pris de l'ampleur. Selon notre petite logique individualiste à deux cennes, il devenait essentiel d'aller se faire vacciner, surtout si on était parent. Il ne faut pas prendre de chances qu'on se disait... Nos enfants avant tout... Comme s'ils n'étaient pas pris en otages depuis longtemps déjà nos enfants, demandez à Ronald. Vous imaginez la scène, dans 10 ou 20 ans, votre enfant a des séquelles de la grippe H1N1 : Maman, tu m'as rendu débile, parce que tu n'as pas voulu que je prenne le vaccin sous prétexte que c'était un complot! Ayoille! La grosse culpabilité! Et pourtant...

Des gens sont venus pour dénoncer, mais on les accusait, comme d'habitude, de voir des complots partout. Ce n'étaient que des têtes folles, finalement, qui n'ont aucune crédibilité. Bien sûr, Kennedy aussi c'était un complot, et pourquoi pas le 911, etc. Il est très facile de discréditer la critique quand la masse est convaincue du contraire, quand la masse a vu, surtout, les avions rentrer de façon spectaculaire dans les tours. À partir de là, on fait toutes sortes d'inférences farfelues, que viennent confirmer les médias : ils nous disent ce qu'on veut entendre, que ce sont des extrémistes islamistes, etc. Seeing is believing...

Se rappelle-t-on de la fameuse éprouvette remplie d'un soi-disant liquide toxique que Colin Powell agitait aux yeux de tous à l'ONU comme preuve de l'existence des armes de destruction massive en Irak? On a appris par la suite, une fois que les Américains étaient bien rentrés en Irak et que les contrats avaient été passés aux entreprises d'armement et autres, qu'il n'y avait que de l'eau dans l'éprouvette... Eh oui, ce n'était encore une fois que du cinéma, et on a bien marché. Il s'est révélé par la suite qu'il n'y avait aucune arme de destruction massive en Irak... Maintenant, vous voudriez me faire croire que les services secrets américains ne savaient pas déjà ça?

Je me souviens qu'on ne parlait que du H1N1 au boulot, sur l'heure du midi, durant les pauses, après le travail, une fois rendu à la maison, en famille, au téléphone, partout... Il était impossible d'échapper au sujet, tout retombait à chaque fois là-dessus. La télévision, les journaux, la radio : tous les médias étaient saturés. La pression sociale devenait extrêmement forte. On passait pour potentiellement dangereux ou irresponsable si on ne se faisait pas vacciner, on devenait un paria. Beaucoup de mes proches ont dû céder au boulot à cause des pressions de leurs supérieurs. J'ai de la famille dans le milieu hospitalier à l'étranger, et on les a aussi obligés à se faire vacciner sous peine d'être renvoyés au Canada et de perdre ainsi leurs emplois... Mes proches travaillant dans le milieu médical savaient pertinemment que le vaccin contenait du mercure et une quinzaine d'autres adjuvants nocifs, mais ils ont été obligés de se plier à ce qui se révéla être, au bout du compte, un canular monté de toutes pièces par l'OMS et l'industrie pharmaceutique...

Je ne sais pas exactement ce qu'ils ont mis dans le bras des gens, et on ne le saura peut-être jamais, mais je sais que des proches ont été gravement malades après l'injection du vaccin, et que depuis ce temps, ils ne sont pas forts non plus. C'est comme si leur système immunitaire avait été fragilisé. De toute façon, ce n'est pas sur ça que le point porte, c'est plutôt sur le fait que nous avons été manipulés par l'OMS pour satisfaire des intérêts purement financiers.

C'est cette dérive que dénonce un ex-professeur de pharmacologie dans le Protégez-vous du mois de mars qu'il qualifie de «marchandisation de la santé» : le danger que pose les «liens incestueux entre compagnies pharmaceutiques et chercheurs, ainsi que les études cliniques tronquées ou rédigés par des prête-plumes»(1). C'est la même chose qui se produit partout : sous prétexte que c'est «antioxydant», on va nous faire boire trois tasses de thé vert par jour, se mettre de la crème à base de thé vert dans face, etc. Après ça, on rira des superstitions de la médecine chinoise avec sa poudre de patte de tigre pour guérir l'impuissance. Visiblement, on ignore la tyrannie qu'on impose à la faune marine pour obtenir nos huiles soi-disant anti-cancer... On sait en gros par les médias que les antioxydants, selon la mythologie courante, préviennent les cancers, retardent le vieillissement, etc., mais c'est tout ce que nous savons, parce que des nutritionnistes nous l'ont dit... Ils ont dit : les antioxydants c'est bon, mangez-en le plus possible en tout temps.

Le problème, c'est qu'on ne voit pas les rouages derrière la grosse machine, on ne les voit jamais parce qu'ils sont plus ou moins «confidentiels» (je ne dirai pas «secrets», pour pas qu'on m'accuse de verser dans la paranoïa des tenants de théories du complot). Le thé au Canada, c'est une grosse machine. Ceux qui font des profits avec la vente de thé convoitaient depuis un certain temps les allégations santé de Santé Canada pour pouvoir avoir les logos et vendre plus de leurs produits, et voulaient de même que la mention antioxydant apparaisse sur leurs boîtes, afin que les clients se mettent à consommer du thé comme des fous. Si ce n'est pas une autre forme de manipulation ça, je ne sais pas c'est quoi...

C'est comme pour la fameuse mythologie entourant les oméga-3 : on ne sait pas c'est quoi ni comment ça fonctionne, mais on sait que c'est bon, et surtout, on fait confiance. On n'a pas le choix, on ne peut pas faire les études scientifiques nous-mêmes! Une chose est certaine cependant : ces études sur ce qui est bon pour nous ne sont pas faites pour notre bien, mais pour faire de l'argent d'abord avec des produits sur lesquels on imprimera des logos qui déclencheront un réflexe de Pavlov dans nos cerveaux mystifiés par la science et bien travaillés par les médias, et la masse, qui croit au «désintéressement» des médias dans la nouvelle. Comme disait effrontément le maire Labeaume : les journalistes ne représentent pas la population, mais les entreprises pour lesquelles ils travaillent, alors pour les scientifiques qui travaillent prétendument pour notre bien, c'est la même chose. Tout est acheté, tout est vendu. C'est l'économisation impitoyable de toutes les sphères de la vie qui va jusqu'aux brevets sur le vivant, le rouleau-compresseur de notre religion, l'économisme.

Ne vous inquiétez pas : quand on vous dit que le chocolat c'est bon pour la santé à tour de bras d'articles fashion avec de belles images pour que ça vous rentre bien dans le ciboulo; quand on vous dit que le café et le thé sont des antioxydants; quand on vous dit que le lait c'est bon pour les os, etc., alors que le brocoli, entre autres, contient beaucoup plus de calcium; quand on vous dit que la bière est bonne pour la densité osseuse, etc., c'est parce les industries qui vivent de nous, les clients, veulent qu'on mange du chocolat, qu'on boive du thé et du café à tour de bras, qu'on boive du lait comme des veaux pis qu'on mange du fromage pis du beurre, et qu'on boive de la bière... Nos croyances font rouler toute l'industrie, toute l'économie. Pensez-y : il y a des entreprises qui ne produisent que des suppléments qui seront ajoutés à vos céréales. Vos céréales passeront sous un jet qui contient des vitamines liquides, rien ne garantit que ces vitamines ne s'évaporent pas après deux secondes ou perdent leur qualité dans le transport ou par un effet quelconque avec les ingrédients, mais là n'est pas l'important pour ces entreprises en forte concurrence : ce qui est important, c'est qu'on voit que lors de l'inspection il y a effectivement des vitamines qui sont vaporisées sur les produits, un peu comme de l'eau bénite, et qu'ensuite on soit alors légalement autorisés à les inscrire sur la boîte et la liste des ingrédients.

Sans conclusion. C'est l'article Grippe A : Une pandémie fabriquée du Protégez-vous du mois de mars 2010 qui a inspiré ce billet.

Bibliographie : 1. Protégez-vous, mars 2010, p.22

jeudi 29 avril 2010

Citation de Jankélévitch

«Mais un paradis peut-il être autre chose que perdu?»

Le pur et l'impur, Jankélévitch, p.20

mercredi 28 avril 2010

On se demande pourquoi on fait l'amour si ce n'est que pour jouir de l'autre tout en jouissant de soi

Si tout est Dieu et que tout est en mouvement, Dieu se met en mouvement lui-même : il est donc auto-matique, mot qui veut dire qui se met en mouvement lui-même, auto : par lui-même, matos : mouvement. Ainsi, l'automatique en nous, dont fait partie l'instinct sexuel, participe du divin. Par contre, l'automaticité divine est paradoxale, puisque si chez l'humain l'automatique doit s'accomplir sans la participation de la volonté, Dieu doit vouloir ce qui s'accomplit de soi-même en lui. Ceci me fait penser que je devrais peut-être lire un peu Le volontaire et l'involontaire de Paul Ricoeur, car la question porte là-dessus : qu'est-ce que le volontaire et la volonté, et qu'est-ce que l'involontaire (comprenant entre autres ce qui est automatique)?

Mais l'automaticité de Dieu n'est peut-être pas aussi paradoxale qu'il paraît, car nous avons le pouvoir de refuser jusqu'à un certain degré ce qui est automatique en nous, en allant même jusqu'à nous donner la mort. Nous ne sommes pas comme des plantes qui poussent et qui n'ont aucun pouvoir sur leur croissance ou leur multiplication. En revanche, même si nous avons ce pouvoir, qui pourrait être un exercice de la volonté, cela n'explique pas le pourquoi et la fin de l'automatique en nous. Pourquoi les plantes poussent-elles? Pour se multiplier? Et puis, c'est quoi le but de tout ça? Y en a-t-il un? Est-ce une erreur de penser en termes de buts ou de fins à ce sujet?

Par exemple, les oeuvres d'art ont-elles une fin ou un but autre que celui de les apprécier, d'en jouir? L'art est là pour qu'on en jouisse, mais ce n'est pas un but comme tel d'en jouir, et on ne lui en demande pas plus non plus, comme si on demandait à la musique, en plus d'être plaisante, de servir aussi à activer les troupes, autrement dit, de devenir de la musique militaire. Ainsi, on fait l'amour, et si on ne fait pas d'enfants, on se demande pourquoi on fait l'amour si ce n'est que pour jouir de l'autre tout en jouissant de soi. Il y a de l'art dans l'amour, mais nous ne le voyons pas, car nous pensons en termes de fonctions, ce qui nous fait le trouver au bout du compte, absurde, au même titre que l'existence en général, puisqu'aimer c'est vivre, et lorsque notre «conception» (perception) de l'amour est atteinte, le reste suit.

«Je n'ai jamais autant eu l'impression de vivre qu'en aimant, même si le reste du monde était pour moi comme mort. L'amour est la vie, le principe vivifiant de la nature, comme la haine en est le principe destructeur et mortifère. Les choses sont faites pour s'aimer réciproquement, et la vie naît de cela. La haine, même si certaines haines sont naturelles, produit l'effet contraire, c'est-à-dire la destruction réciproque, elle ronge et consume celui qui hait.» Zibaldone, Leopardi, p.59

Parler de soi

J'ai eu le malheur d'écouter Girls Boys de Pierre Nadeau hier soir, et je l'ai encore dans tête alors que j'écris ce message, tabarnak...

Essayons de se changer les idées.

J'ai oublié de noter une pensée de Leopardi qui m'avait causé une surprise il y a quelques semaines. C'était à propos de l'éloquence et du fait de parler de soi.

«Car je soutiendrai toujours qu'en parlant d'eux-mêmes, les grands hommes parviennent à se dépasser et les hommes quelconques à devenir quelqu'un. En effet, il s'agit d'un domaine où les passions, l'intérêt, la profonde connaissance, etc., ne laissent pas de place à l'affectation, à la sophistication, etc., c'est-à-dire à ce qui corrompt au plus haut point l'éloquence et la poésie; en effet, on ne peut se contenter de lieux communs lorsqu'on parle de soi : ce sont la nature et le coeur qui dictent nos propos, et l'on parle avec inspiration, plénitude, passion. Ainsi, quand on dit qu'il est utile aux écrivains de traiter de sujets d'actualité, on devrait dire qu'il leur est plus utile encore de parler d'eux-mêmes, même si parler de soi ne semble pas à première vue intéresser les auditeurs, mais il n'en est rienZibaldone, Leopardi, p.29-30 (passage souligné par moi-même)

On entend tellement souvent dire que parler de soi est une mauvaise chose, que ce n'est pas intéressant, que c'est ennuyant, que ça ne nous concerne pas, etc., que je me devais d'apporter un point de vue contraire. À mon avis, si le fait de parler de soi est tellement mal vu, c'est parce que c'est du subjectif, et qu'en notre époque scientiste, seule l'«objectivité» a droit de cité. À tout le moins, l'on exige le semblant d'objectivité des journalistes pour nos informations quotidiennes, et l'on voudrait que tout le reste soit ainsi, jusque dans les blogues. Mais l'on ne voit pas ce que tout cela nous dit : le sujet est complètement discrédité au départ, hors-circuit. La personne, l'individu, ne vaut plus rien. Ne serait-ce pas une des sources de l'aliénation, du fait que nous nous sentons étrangers au monde, étrangers à la société?

mardi 27 avril 2010

Retour à la philosophie

Encore rien à dire ce soir. J'ai déblayé mon bureau de sa tonne de livres que je n'arrive jamais à lire dans l'espoir de m'asseoir à celui-ci et commencer effectivement à lire, mais finalement, je regarde un puis l'autre, lis un peu de un et un peu de l'autre, et pour finir, je n'ai plus envie de lire du tout, car il y en a trop et mes idées se dispersent. Je suis découragé... C'est dans ces moments-là que j'aimerais avoir un Dieu pour me consoler. Mais je suis athée, athée, un méchant athée, et je vais me chercher une soupe poulet et nouilles pour me réconforter, ça fait la job pareil.

Je pensais tantôt à ce que je me suis dit plus tôt que je vais retourner l'an prochain terminer ma maîtrise en philosophie et aller enseigner ensuite. C'est la seule option qui me reste à mon âge, du moins, semble-t-il, alors que je voudrais faire plein d'autres choses, comme étudier les mathématiques, la musique, la sociologie, les langues, etc., je suis très dispersé, trop dispersé. Je dois rester dans mon domaine, et celui-ci a toujours été la philosophie, je ne dois pas m'en éloigner, car c'est ce que j'aime faire, c'est ma vie autrement dit. J'ai fait une erreur de vouloir aller étudier dans autre chose, mais le fait de quitter la maîtrise ne fut pas une erreur, car j'en avais besoin pour pouvoir d'abord me distancer un peu du domaine, faire baisser la saturation qui a été causée par le fait d'étudier un domaine de la philosophie que j'aime moins, comme par exemple, la logique, et ensuite pour réaliser que la philosophie en général me manque et que c'est ce que je connais le mieux après tout.

Ce fut une autre erreur d'avoir abandonné la philosophie continentale pour la philosophie analytique, car je lis et j'aime Heidegger depuis le cégep et c'est sur lui que je devrais continuer à travailler coûte que coûte. J'ai d'ailleurs fait pratiquement tous mes travaux de baccalauréat sur lui dans une université considérée comme un bastion de la philosophie analytique; ce ne fut pas facile, car souvent je rencontrais de la résistance et une certaine antipathie. J'aurai juste à essayer de me tenir avec les bons profs, car il y a tout de même quelques sympathisants de la philosophie continentale. C'est tout de même décourageant cette situation, j'ai toujours l'impression que je vais être pris pour faire tout le travail tout seul dans mon petit coin dans un milieu qui sera antipathique à mes idées. Ça me fait chier, mais bon. Ça me forcera à être encore plus indépendant dans mes recherches. Pour l'instant, je prends une année de break : je vais faire beaucoup de lectures qui attendent depuis trop longtemps. C'est très passif, mais bon, c'est pour ça que je dois continuer en même temps à écrire sur mon blog.

lundi 26 avril 2010

La fin de l'électricité

Je rêve souvent de revenir en arrière aux époques où il n'y avait pas encore d'électricité. J'aurais aimé vivre au 18e ou au 19e siècle pendant un certain temps pour voir la différence dans la vie de tous les jours, comment on vivait sans électricité, comment on se débrouillait, comment on s'amusait, comment on baisait. Je crois que les événements de la vie seraient plus lents, les rapports sociaux plus relaxes. La lumière crue de l'ampoule électrique ou des néons ne serait plus là pour nous agresser. On vivrait au rythme des chandelles, on prendrait le temps de vivre, de comprendre, d'approfondir, au lieu de sauter de branche en branche comme des écureuils épileptiques.

Je me souviens du temps où je lisais un livre de Heidegger (probablement écrit à la lampe à l'huile dans son chalet de la Forêt-Noire) ou encore de Fichte et où j'arrivais à mieux comprendre le temps, à mieux saisir le mouvement intérieur, le sens de celui-ci, plus lent, lorsque j'éteignais la lumière et que j'allumais quelques chandelles pour lire. Ce moment fut une révélation. Lorsque je rouvris la lumière, je compris immédiatement qu'on ne vivait plus à la même époque, plus sur le même rythme, un rythme beaucoup moins paisible et beaucoup plus hystérique où tout est clair, trop clair... La vie a besoin de zones d'obscurité, de zones d'intimité, de surprises même, et si les gens se trouvent si laids ou jamais parfaits, c'est à cause de la lumière trop crue du monde moderne. Nous sommes tous dans un gigantesque cabinet médical triste, et nous sommes prêts à être examinés, contrôlés; je pense à Foucault dans Surveiller et punir... La technologie permet toujours plus de contrôle, de clarté, de vitesse et d'erreurs qui étouffent la vie et la tuent. Elle standardise l'homme à grande échelle, elle uniformise, etc.

Ce qui ne coûte rien ne vaut rien. C'est pourquoi le chemin qui mène à la sagesse est toujours à recommencer

28/8/7
Exit Rousseau, le bon sauvage n'existe pas. Même dans les tribus les plus primitives l'on cultive la violence et l'état d'esprit guerrier; l'on y enseigne à affronter la souffrance par des rituels. La souffrance est inséparable de la vie et donne la trempe dont l'homme a besoin. La vie la plus forte, l'énergie la plus forte, l'emporte sur la plus faible et les sentiments faibles qui affaiblissent, rendent malade et inapte au combat. La guerre est un mouvement nécessaire de l'histoire, la paix non.

La seule différence entre celui qui est forcé de tuer pour sa survie et celui qui se fait tuer, c'est que le premier a le choix de vivre, l'autre non.

L'individu est prisonnier malgré lui des mouvements de masse.

L'homme est contraint à la force totale.

Roméo Dallaire : la guerre lui a seulement montré qu'il n'avait pas raison de croire qu'il pouvait sauver ces gens.

Regardez les statistiques : à la même période l'an passé nous en étions rendus au 27e meurtre, le même nombre de meurtres que nous avons en ce moment. Ceci nous laisse penser qu'un certain nombre de meurtres doit s'effectuer chaque année et que les véritables mobiles des meurtres ne sont pas aussi personnels que le croient les meurtriers.

Ce qui ne coûte rien ne vaut rien. C'est pourquoi le chemin qui mène à la sagesse est toujours à recommencer.

L'homme a tout à gagner à être malade ou à être en santé. Toutes les parties du porc sont bonnes à manger.

31/8/7
Conséquences du «test» (le test est un success word; sous peine de ne pas mériter son nom, un test ne saurait être que valide) : les normes, les formes, les standards l'emportent sur tout. Abrutis par les magasins, les journaux et la télévision, plus rien de bon ne peut sortir de ce monde pourri. C'est la même chose pour les relations entre individus : il faut se vendre comme un produit sur les tablettes. Les entrevues et la mentalité d'entrevue développée par la répétition des sempiternelles mêmes questions, produit un type d'homme pour lequel il est beaucoup plus facile de travailler non avec ce qu'il a déjà, mais avec ce qu'il n'a pas. On ne lui demande pas d'être quelqu'un, mais d'être bon à jouer à être quelqu'un.

5/9/7
Nous arrivons dans la vie avec nos projets et tous, seuls, nous essayons de les réaliser. Notre vie se résume à une somme de projets, réalisés ou manqués. À la fin, c'est ce qu'il nous reste de nous : nos projets. Tout souvenir du train-train quotidien aura disparu.

dimanche 25 avril 2010

Orgie d'impulsivité

Depuis quelques jours, j'ai remarqué que je n'hésite pas une seconde avant de répliquer d'aplomb à quelqu'un, je m'impose partout où je passe, et je dis des choses que je regrette un peu par la suite. J'utilise mon gabarit de colosse, ma force brute pour faire passer le message; loin de moi l'air intellectuel et réservé que j'ai d'habitude. Je suis sauvage et macho. 

Par exemple, ce matin j'arrive à l'arrêt de bus, je m'en vais travailler. Il y a un gros contenant en plastique genre pour un lunch sur le petit banc où je mets habituellement mes choses. Il y avait de la place de l'autre côté, mais je voulais les mettre , alors j'ai câlissé un coup de pied dessus dès que je suis arrivé devant! Il y avait un gars qui fumait une smoke devant l'abribus et un autre tout près qui téléphonait, c'est seulement après avoir kické le contenant et l'avoir tout renversé par terre que je me suis dit que c'était peut-être le lunch d'un de ces gars que je venais de bousiller...

Le gars qui fumait est parti à rire quand il a vu ça revoler. On a parlé un peu par la suite, mais je crois que c'était son lunch, il ne voulait pas le dire parce qu'il devait penser que j'étais un crisse de malade qui lui aurait arraché la tête avec encore moins d'hésitation... Il n'avait peut-être pas tort, mais j'ai réalisé par la suite que j'étais très impulsif, et que malheureusement, on n'a pas le contrôle sur son impulsivité quand ça arrive... C'est comme si mon cerveau était court-circuité par une force supérieure. Je suis primé sur l'action et je sens que rien ne peut me résister. Autrement dit, je suis crissement en forme et très agressif. La libido aussi est très forte et les fantasmes sont sauvages, brutaux, beaucoup de sang, de sueur, d'odeurs de pieds et de merde, à un point tel que j'ai dû me crosser à la toilette sur l'heure du midi pour faire sortir le trop-plein. C'est la première fois que ça m'arrive. Je sens comme une mutation dans mon corps et j'ai constamment envie d'aller au gym pour faire exploser mes muscles. Je me sens comme un surhomme prêt à péter illico toutes les gueules qui ne me reviennent pas. J'ai envie de foutre le bordel juste pour m'amuser. There's gonna be blood...

À propos d'un con qui installe les blogues sur son lit de Procuste

Voici mon commentaire sur son blogue de merde :

«Un méchant innocent! Et pédant en plus! T'as vraiment rien compris aux blogues mon ti-proutte, parce que t'es bouché ben dur au départ.

Toi, étudiant en anthropologie? Pas sûr de ça, c'est vraiment trop con tes analyses. Premièrement, tu fous tout dans ta petite grille de scores et tu ne tiens pas compte de la véritable dimension humaine des propos qui sont personnels : tu confonds d'emblée les blogues écrits «pour les autres» et qui visent à plaire avant tout afin de développer un potentiel commercial, et les blogues écrits pour s'exprimer librement à propos de tout et de rien : ce qui est la véritable vocation d'un blogue. Tu te bases pour une partie de ton évaluation sur les «mots d'esprit» et l'aspect «divertissant» d'un blogue, parce que «ne l'oublions pas», comme tu dis de façon si pédantesque, «c'est un élément essentiel d'un bon blogue»...

Il faut te faire rire en plus nous autres tes petits monkeys, pour qui tu te prends? Franchement, comme si moi j'allais m'asseoir devant mon ordi et taper pour te divertir toi, le pauvre mongoloïde, et gratuitement en plus! Va donc t'écraser devant la tévé à place, c'est parfaitement adapté aux petites cases de ton petit cerveau Made in Quebecor.»

À ce que j'ai pu constater, les répliques de l'auteur son rares sinon inexistantes. C'est pour moi la preuve que c'est un blog arrangé entre chums pour en valoriser certains (les leurs et ceux qui ne leur font pas concurrence) et en dévaloriser d'autres sous couvert d'étude «anthropologique»... Laissez-moi rire câlisse! En bonus, on peut voir la Salope faire sa chienne sur les commentaires en approuvant complaisamment les résultats sur son propre blog dudit étudiant en anthropo et en rabaissant ceux qui ont été évalués comme «non-recommandables»... J'avoue que c'est assez suspect.

Il se permet de donner des conseils en plus à des personnes qui ont dix fois plus de talent que lui, par exemple Coeur de Pierre-Luc : c'est un humoriste qui commence sa carrière, il est plein de potentiel, il est drôle, pas toujours, mais bon, quel humoriste peu se targuer d'être toujours drôle, hein? Mais si on compare ses capsules à celles de l'ami de la Salope, le Désespéré, qu'il fait honteusement valoir contre le premier, on peut constater qu'il ne fait pas de montage lui : il a assez de couilles pour faire un one-man show et ses blagues doivent s'enchaîner, bref, il doit avoir un propos, lui, parce qu'il n'a pas l'aide d'un montage pour combler son manque d'idées. En revanche, si on visionne les capsules d'humour plate du Désespéré qui zézaie et s'amuse à faire des faces pour masquer son insignifiance, on constate qu'il a très peu de propos et beaucoup de montage, bref, il ne ferait pas long feu sur une scène comparé à Coeur de Pierre-Luc. Mais, conclusion spectaculaire! Le soi-disant étudiant en anthropo conclut tout le contraire, il varge allègrement sur Coeur de Pierre-Luc... Sa critique est tellement à côté de la track qu'on sent tout de suite la campagne de salissage, la collusion. C'est tellement facile d'essayer d'en passer des tites vites aux suiveux ou à ceux qui ne portent pas trop attention, mais ça marche pas avec moi...

samedi 24 avril 2010

Tout n'est que boue

Je regardais les gens tantôt dans le bus : tout le monde est lètte. Les gens sont lèttes en masse. C'est ça la vie? Être laids pis se trouver beaux quand même? Être laids comme le crisse, mais se forcer pis rentrer sa petite graine dans le petit trou pour accomplir sa mission de peupler la terre? Ça a l'air que oui... L'amour-propre patche tous nos défauts quand on se regarde dans le miroir.

On est là pourquoi? Je me le demande bien. Se multiplier : c'est quoi le but? S'offrir un petit plaisir en éjaculant, en jouissant, en orgasmant? Et puis? Dans ce cas, il y aurait autant de sens à se geler à la coke à la place : c'est plus direct et moins compliqué pour stimuler le centre du plaisir dans le cerveau. C'est ce que je me dis, plus le temps passe, que mon ancienne addiction dont j'avais si honte il y a pas longtemps, ben, elle était justifiée. Les gens «normaux» ne font pas mieux que de passer d'addiction en addiction. Nous sommes tous des putes et des junkies, et si nous n'aimons pas ces individus, c'est parce qu'ils nous mettent trop crûment notre vérité en pleine face.

On a les cheveux dans le vent, on est beaux, on a vingt ans, la vie est fraîche. On tombe volontiers dans les griffes des esclavagistes au salaire minimum et au travail maximum, on a de l'énergie à revendre, à gaspiller, pour nourrir les enfants des riches. On a du coeur surtout, et beaucoup de naïveté. On force sur les fringues, on se donne une attitude, on se prend pour Robert de Niro ou Beyonce, selon le sexe et la star du moment. C'est là que ça se passe, parce qu'il y a beaucoup d'illusions et on ne connaît encore rien de la vie. On ne s'est pas encore brûlé la gueule sur le potage de l'amour... Finalement, on se brûle la gueule, puis d'autres viennent. C'est toujours la même crisse de joke plate qui se répète de génération en génération. L'humanité sur ce point n'apprend jamais, que dis-je, ne peut rien apprendre!

Le corps s'use assez vite merci, à trente ans tu commences déjà à sortir de la game. À quarante, t'approches de l'exit. Bien sûr qu'on va me dire que j'ai tort! Faut bien justifier son existence rendu là! Mais si chacun avait le choix une fois rendu à quarante ans de revenir à vingt, avec l'expérience de vie en plus, tout le monde choisirait d'être plus jeune, évidemment. Pourquoi vieillir inutilement!

Quelle vie inutile que de perdre sa vie à la gagner... Que de souffrances et de sacrifices douloureux! On commence dans la vie en pensant que c'est une partie de plaisir, tous les horizons sont ouverts, les filles sont souriantes et avenantes, tout est possible, magique même, puis un bon matin, coup de masse dans le front, tu viens de te réveiller, t'as quarante ans l'ami et t'es ridé en sacrament! Tu collectionnes les pattes d'oie, tu cales du dessus de la tête, des poils te sortent du nez et des oreilles, t'as de la cellulite un peu partout quoique tu fasses pour la perdre, tu pues plus souvent, et les jeunes t'appelle monsieur ou madame, et des fois, quand t'as le dos tourné c'est le bonhomme ou la bonne femme... On te câlisse dans le lot des vieux pis ça finit là!

On te vole ta vie, tu te ramasses usé par les autres, ou par ta propre faute en tant que workaholic hystérique qui cherche à échapper à la vérité par une fuite en avant assez vaine. Un bon jour, tout te rattrape. Les organes tombent ou lâchent un après l'autre, tu te traînes en lambeaux avec ton cortège de médicaments. Il semble que tu aies accompli ton service... Mais lequel? Tu es tenaillé par le cancer et tu te demandes qu'est-ce que tu as fait, qu'est-ce que tu as fait, qu'est-ce que tu as fait... Et la réponse vient inéluctablement, implacablement : rien... Tu n'as rien fait, et c'est pour ça que tu as vécu. Tu as vécu pour rien... Ta vie, malgré toutes tes grandes prétentions et ambitions, malgré toutes tes petites graines plantées qui sont autant d'absurdités multipliées, aura eu autant de sens que celle d'une mouche tsé-tsé... Quand tu écrases un insecte avec dégout, c'est toi que tu écrases...

Penses-y.

Relaxe ton égo.

Tout n'est que boue.

vendredi 23 avril 2010

«Le savoir est pouvoir» : quel beau slogan publicitaire!

J'ai déjà mentionné que j'avais un petit peu de difficulté à arrêter de boire de la bière le soir avant de me coucher : j'aime bien lire tout en tétant une bouteille, c'est comme si je revenais en enfance (ah douce enfance! bière et compagnie et coups de pied au cul, faisons de la psy pop! ;). Poutant, mon père fut loin d'être un mauvais modèle. Si j'ai des vices, je les tiens tous de moi-même qui est une bête à vices. C'est une mauvaise habitude que j'ai contractée depuis deux ans pour soulager mes maux de dos, entre autres, de même que ma turpitude, dans le temps, d'avoir à me lever à 4:30 du matin pour aller travailler dans un café merdique avec pourtant un baccalauréat en poche. Je sais maintenant qu'il y a tellement de gens qui ont des bacc, qu'ils ne servent aujourd'hui qu'à se torcher : d'ici quelques années, on exigera un doctorat pour laver des vitres. C'est la surenchère des diplômes, et ce n'est pas pour rien que je parle de surscolarisation. C'est le prix à payer lorsque tout le monde, jusqu'au dernier imbécile boutonneux, passe sa vie le cul assis, cyniquement, sur les bancs d'école pour avoir un «papier».

 La machine à éducation est rendue une grosse machine obèse permanente à diplômes. «Le savoir est pouvoir» : quel beau slogan publicitaire! Une vraie joke! Selon moi, à cause de l'environnement tellement trop imbibé de savoir bric-à-brac et de connaissances de toutes sortes, lorsque le bébé vient au monde, il en sait déjà trop! Si on ajoute l'Internet à tout ça, il a le cerveau rempli à pleine capacité à 5 ans! Ces discours qui partent tous de l'axiome que le savoir est pouvoir, me font penser aux boissons qu'on appelle à tour de bras «énergisantes», tellement bandés que nous sommes sur l'énergie, nous, humanité épuisée, alors qu'elles ne sont toujours qu'«excitantes», comme le café et autres.

De même : il n'y a pas d'«énergie» dans aucun produit de vitamines ou mélanges naturopathiques de merde dont vous n'avez pas besoin, puisque nous sommes aussi survitaminés, mais que des vitamines et des minéraux qui vont vous bloquer les reins et vous foutre un cancer quelque part puisque vos surnourrisez votre système de choses dont il n'a pas besoin, autrement dit, vous l'engorgez, et vous me faites penser aux oies qu'on entube pour les gaver. Eh bien, l'éducation rend tellement docile que vous vous entubez vous-mêmes automatiquement comme si tout ça c'était bon à 100%, prouvé bon, etc., et bref, vous crevez comme les riches dans l'ancien temps, la goutte et tout, la surminéralisation. Regardez seulement votre pain cheap Weston : il y a tellement de vitamines shootées là-dedans, qu'on donnerait ça à un village d'Afrique du Sud en pensant qu'on lui a mis du 220 dans le cul.

Bref, pour revenir à la bière, eh bien, je commence depuis quelques jours une thérapie par l'eau. J'ai eu des rechutes, mais pas trop graves; je pensais que j'avais échoué, mais non, j'y suis revenu en force hier. J'ai bu au-dessus de 4 litres d'eau pendant la journée, y a pas à dire, j'étais tout le temps rendu à la toilette. C'est fatigant à la longue, mais la meilleure c'est celle-ci : arrivé le soir, j'ai pas envie de boire pantoute. Conséquence : je m'assois dans la cuisine le soir pour boire ma bière tout en lisant un livre, je la tète tout en pensant que la prochaine s'en vient, puis l'autre, puis une autre et ainsi de suite... Illusion! Que d'illusions! Ah ah ah! Je suis assommé après la première et je m'en vais me coucher au lieu de continuer à boire!

jeudi 22 avril 2010

Citation de Leopardi

«Celui qui veut ou doit exercer un métier en ce monde, s'il veut en retirer quelque fruit, ne peut choisir que celui de l'imposteur, et ce en n'importe quel domaine. La littérature a toujours été le plus stérile de tous les métiers. Le vrai lettré (s'il ne mêle l'imposture à la vérité) ne gagne jamais rien. Pourtant, l'imposteur parvient à rendre fécond un terrain même stérile, et l'un des plus grands miracles de l'imposture est d'arriver à s'enrichir avec la littérature. L'imposture est une condition nécessaire à tous les métiers, vrais ou faux. Si les lettres et la théorie ne rapportent jamais rien, elles rapportent à l'imposteur, non en vertu de la vérité (même s'il y en a peu) mais de l'imposture.»  Zibaldone, Leopardi, Éditions Allia, p.832-833

Ça fait du bien de lire ça pour quelqu'un qui n'a jamais réussi à trouver sa place nulle part! J'ai ouvert le livre au hasard hier soir alors que je voulais commencer ma lecture habituelle, je voulais casser la routine, et je suis tombé sur ce passage qui est venu me consoler en quelque sorte tout en confirmant le fond de ma pensée.

mardi 20 avril 2010

La comédie du bonheur

Voilà. Ça fait deux jours que je veux écrire ce billet, mais à cause de mon horaire de travail, je n'ai pas le temps de rien écrire. J'ai perdu l'essentiel de ce que je voulais dire, mais je tenais quand même à utiliser le titre parce que je l'aime bien, et que je trouve que c'est vrai : que le bonheur est une belle comédie qu'on se joue la plupart du temps à soi-même et aux autres.

Voici une femme enceinte, elle affiche un sourire serein, elle a une grosse bedaine, elle est joufflue, elle est gourmande : elle projette l'image de la femme enceinte heureuse qu'on voit dans les films : nous pouvons en déduire qu'elle est vachement heureuse. Mais où se trouve le bonheur dans le fait de se multiplier? Can you tell me?

Personnellement, je crois qu'on serait bien mieux autrement, en faisant une croix surtout sur la multiplication. Mais on dirait qu'y en a qui tirent une sorte de fierté à répandre leurs gènes sur la Terre. Ils s'identifient ben gros à leurs enfants, ce sont tous de petits «moi», etc. Vient ensuite logiquement pour les hédonistes individualistes que nous sommes, la rupture, le divorce, les pensions alimentaires, et les petits «moi» se font barouetter... Évidemment, ils vont être tout croches : pas grave! On s'est multipliés, c'est ça qui compte!

Il faudrait comprendre, une fois pour toutes, qu'à l'époque où il suffit de peser sur un piton pour tout faire, il ne peut plus y avoir de devoir ni d'engagement possibles au sens où on l'entendait autrefois. Ces choses sont devenues plus légères, moins contraignantes, et les hommes n'occupant plus l'avant-plan à cause de la technologie qui ne nécessite plus leurs gros bras, les femmes prennent plus de place et deviennent leurs égales. Après ça, on se demandera pourquoi les hommes sont perdus et se transforment en métrosexuels : c'est un phénomène mondial engendré par la technologie. Les moeurs s'adoucissent partout où elle pénètre. Ce n'est pas de la décadence, c'est une thérapie de choc pour les primates que nous sommes.

Je pensais à Maître Eckhart et au non-attachement : pourquoi n'y pense-t-on jamais à ne pas s'attacher volontairement? Le non-attachement aurait-il des vertus? Nous savons que la cruauté est présente chaque jour de par le monde. Des enfants se font battre, des femmes se font réduire en esclavage, des hommes se font torturer, des animaux se font maltraiter, etc. Je pensais à tout ça et puis je me suis dit : «si je m'attache à ces êtres vivants souffrants, je crève moi-même de douleur.» J'en ai donc déduit que celui qui peut sauver a le devoir de ne pas s'attacher. Merci Maître Eckhart. Mais est-il possible de ne jamais s'attacher à rien? Ni aux être vivants ni aux objets? Ni même à soi-même?

Ne dit-on pas que l'amour ou la foi soulève des montagnes, et que l'amour est plus fort que la mort? Ne peut-on dire que sans amour, sans volonté, sans ressentir que ce qu'on fait a une importance en soi-même, nous ne pourrions pas faire grand-chose? Mais je suis en train de faire de la littérature là, je crois que je vais aller manger à la place... Comme si on ne pouvait rien faire sans avoir à d'abord ressentir que ce qu'on fait a une importance en soi-même... Le changeur du métro avec sa yeule de beu, il se dit-tu lui que vendre des tickets de métro et regarder dans le vide a son importance en soi-même? L'importance en soi-même, et ce, pour une grande majorité des travailleurs, c'est le chèque de paie, les bidous. Bon yeu! Où cé que j'étais moé? Money, money, money, sex, sex, sex... Money is the answer. Money is happiness, etc.

samedi 17 avril 2010

Si tu commences à obéir, tu obéiras toute ta vie

J'avais envie d'écrire plus tôt, mais là, c'est passé. Je voulais absolument finir mon morceau ce soir, car j'ai une tendance à commencer les choses et à ne pas les finir. Même chose pour les livres, que j'achète à un rythme effarant et dont je ne lis bien souvent que les premières cent pages pour ensuite les ranger dans ma bibliothèque. Je suis littérairement volage.

Je pensais aujourd'hui en travaillant : obéir, obéir, il faut toujours obéir toute sa câlisse de vie, au travail, en société, en couple, partout... J'avais lu quelque part dans mon livre des philosophes taoïstes cette phrase si vraie : «Si tu commences à obéir, tu obéiras toute ta vie.» Maudit que c'est donc vrai!

Et ensuite j'ai commencé à penser à la vie de biker, aux filles tatouées et sauvages, au sexe à plusieurs, à la férocité de la vie, à la dope, aux mensonges qui dominent notre vie, etc. Je commençais à bander en pensant à tout ça, à quel point c'était pervers et tordu et animal, mais pourtant vrai, etc. Nous ne sommes pas capables de laisser vivre l'animal en nous, nous ne sommes pas capables de nous accorder quelques instants de liberté. C'est pas pour rien que j'ai passé ma vingtaine à me défoncer, mais là, je me sens comme un vieux loser qui perds la main, qui rate sa vie, en tout cas, mes sentiments ne sont pas faciles de ce temps-ci. J'essaie de garder le cap en faisant un peu de musique, mais j'ai pratiquement zéro imagination. Je ne suis pas heureux, et pourtant, j'aurais des raisons de l'être assez quand même.

lundi 12 avril 2010

Nous disons que l'homme est méchant, mais il devient beaucoup moins méchant lorsqu'il apprend à connaître l'autre

20/7/7
Selon ce que je peux observer, c'est lorsque l'autre nous montre que nous sommes séduisants que nous tombons en amour. Ainsi, nous sommes en quête de notre propre pouvoir, procuré par la séduction. Nous tombons le plus en amour lorsque nous sommes peu certains de notre pouvoir de séduction.

Je suis assis là au café et je regarde les gens passer, je suis dans mes pensées. Je commence depuis quelques jours à percevoir les limites de notre époque, ses contradictions, ses croyances, son irrationalité, sa mythologie. Finalement, en un sens, notre époque n'est guère plus «avancée» que les époques antérieures. Nous avons la technologie, mais l'homme est le même. Le Progrès, ce sont les croyances et les contradictions qui changent de nom.

Pour le culturiste, un homme c'est une pile de muscles; il ne va pas au-delà de ça et ne dépasse jamais cet aspect physique, plutôt caricatural, de l'homme. Le culturiste est une caricature d'homme, comme la femme siliconée est une caricature de femme. Ils font comme les travestis : ils utilisent leur corps pour se déguiser, en une surenchère. Nous mimons la femme et nous mimons l'homme, et ce n'est toujours qu'une forme de publicité pour ce qui a déjà disparu.

L'apport philosophique de L'Homme sans qualités de Musil est très mince. J'aurai bientôt terminé le deuxième tome et je suis assez déçu, je n'ai déjà presque rien pu tirer du premier. Quelques professeurs l'avaient tant vanté à l'université, je ne comprends pas leur enthousiasme.

21/7/7
Chacun est la pute de son corps et de son esprit.

15/8/7
L'illusion est définitivement présente en mon esprit. Quelque chose m'appelle, et ce quelque chose m'appelle en toutes les choses que je croise; partout sur mon chemin, je vois cette chose comme en arrière-plan de toutes les autres, et m'appelle inlassablement, dans le soleil plombant, les gens, la route, l'ambiance. C'est comme si l'ambiance régnante était à cette chose. Mon monde pointe vers cette chose, et cela semble inévitable, je dois nécessairement faire cette chose, envoûté que je suis par elle. Le monde me semble alors beau, paradisiaque, même dans sa déchéance. Tout semble me faire signe et pointer vers cette chose comme une faim intense. Je me retrouve alors à la croisée des lignes de force de ce monde : l'amour, la drogue, le sexe, l'ambition, l'honneur, la compassion.

21/8/7
J'ai eu un grand choc émotionnel lorsque j'ai vu la vidéo de Dead Can Dance Host of Seraphim. J'ai pleuré pendant une heure de temps et je suis encore ébranlé, à 23h, par ce que j'ai vu à 13h. Par après, je n'ai rien pu faire tellement j'étais vidé émotionnellement. Je n'en ai pas parlé.

Je suis émotion pure.

Je sais que c'est du cinéma, mais bon, c'est venu toucher une corde sensible en moi et ça m'a mis tout à l'envers. C'est peut-être la voix de la chanteuse, si belle, qui donne une voix au fond à tous ces enfants qui fouillent dans les dépotoirs pour trouver de quoi subsister. Aussi, ce groupe et moi, nous avons une longue histoire. J'écoutais l'album Within the Realm of a Dying Sun à l'époque alors que je mélangeais les pilules et l'alcool afin de me suicider. Ça me ramenait au passé douloureux de ma vingtaine en s'ajoutant à ce qu'on me montrait à l'écran, c'était trop. Ça me fait penser à l'exposition de Picasso où j'ai été me réfugier dans les toilettes pour échapper aux regards.

24/8/7
La mécanisation de l'être humain par les machines.
29/8/7
Nous sommes vraisemblablement sur terre pour souffrir; nous sommes tous, tôt ou tard, des souffrants. Gurdjieff appelait la Terre «la planète du Purgatoire». C'est une des seules choses que je retiens de lui.

La seule façon d'être prêt pour la guerre, c'est de cultiver l'état d'esprit du guerrier. Le guerrier préfère affronter la souffrance que de la subir.

Les sentiments qui ne sont pas une expression de la force, sont une expression de la faiblesse.

Si quelqu'un pointe une arme sur ma tempe et m'ordonne de tirer sur une autre personne en face de moi pour avoir la vie sauve, dois-je tirer ou non? La réponse dépend du contexte : si c'est une personne que je connais et que j'aime, ce sera chose impossible. Si c'est une personne que je  ne connais pas ou qui me répugne, ce sera déjà chose beaucoup moins difficile. Cela souligne l'importance de la connaissance de soi en bien par les autres individus, ou de la connaissance tout court. Une personne qui n'approche pas les autres personnes pour faire leur connaissance est une inconnue, et sa qualité d'être humain ou sa singularité, comme pour les animaux d'ailleurs, n'apparaît pas. Un rapport est ici possible avec les aviateurs de la 2e Guerre mondiale qui ont admis que s'ils avaient vu ce qu'ils bombardaient, ils n'auraient peut-être pas pu larguer leurs bombes sur des familles qui n'avaient, au fond, aucun rapport avec cette guerre. Certains ont d'ailleurs été traumatisés par la suite leur vie durant par les atrocités qu'ils ont commises de façon aveugle.

Le simple fait de se présenter à une autre personne, d'établir une communication avec elle, même brève, ou encore de présenter des animaux que ce soit à des enfants ou à des chasseurs, fait diminuer les possibilités d'exclusion ou d'agression à leur endroit. À ce sujet, je me souviens du témoignage d'un homme qui partait seul en forêt pour chasser telle sorte d'oiseaux. Un jour, un de ces oiseaux est venu se poser directement sur le guidon de son tout-terrain alors qui faisait la route pour aller chasser, il persistait à rester là et à le regarder... Le vieux monsieur a trouvé cet oiseau têtu et a dû se reconnaître un peu en lui : il voulait absolument lui tenir compagnie et il n'y avait pas moyen de le faire décoller de sa moto. Un lien d'amitié s'est créé entre le chasseur et la petite bête tenace et il n'a jamais été capable d'aller chasser à nouveau cet oiseau. Je crois même qu'après cette expérience, il a arrêté toute forme de chasse. L'oiseau a continué de le suivre partout, et à ce que j'ai pu comprendre, ils vivaient dorénavant ensemble comme des amis.

Nous disons que l'homme est méchant, mais il devient beaucoup moins méchant lorsqu'il apprend à connaître l'autre, que ce soit une personne ou un animal.

À ce sujet, j'ai une expérience personnelle : ma blonde détestait la voisine, une vieille madame recluse, parce que, dit-elle, elle lui prend toujours de l'eau chaude alors qu'elle prend sa douche, et qu'elle ne ramasse pas ses poubelles, et que, etc. Il y a toutes sortes de raisons de détester ceux qu'on ne connaît pas. En réalité, je crois que la vieille madame ne n'y a jamais été pour rien dans ses accusations, je crois qu'elle pensait même du bien de nous, alors que nous, nous n'arrêtions jamais de médire sur son compte et que notre haine augmentait à son endroit, sans raisons fondées semble-t-il. À bien y penser, ce devait être de la xénophobie pure. Eh bien, l'autre jour ma blonde revient de travailler, elle ouvre la porte en bas et la vieille madame descend en même temps. Ma blonde offre de se tasser pour la laisser passer, mais la vieille dame refuse et prend plutôt ma blonde dans ses bras et l'embrasse en la remerciant... C'est le premier vrai contact que nous avons avec celle-ci en quatre ans! Il n'y a pas à dire, ma bonde a eu comme un choc et est restée heureusement surprise, et depuis ce temps elle ne déteste plus cette madame et les accusations ont cessées à son endroit. C'est la preuve que la connaissance d'autrui, même brève, fait souvent diminuer les tensions et les possibilités d'agression.

samedi 10 avril 2010

Des baby-boomers sur leur déclin et qui pensent que le monde va disparaître avec eux

J'ouvre la tévé alors que je m'apprête à manger mon bol de céréales et immédiatement je reçois en pleine face du sang, des manifestations violentes, des visages ensanglantés, des gens qui se font matraquer... C'est pas compliqué, les yeux rivés à l'écran j'avale ma bouchée de céréales de travers et je manque de m'étouffer, alors je me lève et je ferme cette maudite merde...

Je pensais au gars qui parlait avec d'autres personnes au café et qui disait que les médias ne nous montrent que ce qui va mal, mais qu'ils ne nous montrent jamais ce qui va bien. Ça brasse en Thaïlande, et sur tous les écrans c'est tout ce qu'on voit comme si c'était ça le monde... Pour une place où ça va mal, il y en a mille autres où ça va bien, mais on ne nous montre toujours que la millième partie et on en fait un gros plan de façon à ce que ça soit une catastrophe mondiale. Et vous appelez ça être informé? Au contraire, notre perception de la réalité est ni plus ni moins que déformée par les médias.

C'est un peu comme si on ne nous montrait que des images d'un bébé où on voit qu'il pleure, crie, lance des jouets, se tiraille avec d'autres enfants, pique des crises, etc., et qu'on ne nous montrait pas les moments beaucoup plus fréquents où ça va bien, où l'enfant est tranquille, où il joue avec les autres, etc. On se dirait informés et on penserait à tort que l'enfant est braillard, colérique, antisocial, mais ce serait une erreur d'interprétation causée par la sélection qui nous a été imposée.

Tout ça me fait penser à la soi-disant fin du monde approchante. J'aimerais tellement que ça se produise, mais je crains que tout cela ne soit encore une fois que de la manipulation des esprits. Je voyais l'autre jour Languirand se faire aller le dentier et jurer que la catastrophe était imminente, mais c'était plus fort que moi : tout ce que je voyais c'était des baby-boomers sur leur déclin et qui pensent que le monde va disparaître avec eux. C'est palpable et ça sent tellement la panique des films d'Hollywood. C'est de la terreur fabriquée sur mesure.

Je me rappelle de l'impression que m'avait laissé une entrevue à la tévé avec le groupe Radiohead : le chanteur déclarait presque avec les larmes aux yeux que la fin du monde approchait, et que de plus, et ça c'était la cerise sur le sundae, on ne pouvait rien faire pour l'empêcher... Il ne restait donc qu'à se résigner et à continuer d'écouter Radiohead en se tapant une dépression avec eux ou en se suicidant. Et c'est d'ailleurs ce que me donne envie de faire leur maudite musique braillarde, c'est de me suicider sur-le-champ tellement c'est négatif, sombre, downant, déprimant. C'est de la vraie merde en musique. Faites écouter ça à quelqu'un qui arrive des îles ensoleillées imbibé de musique dansante, de sourire et de bonne humeur, il va penser que vous êtes fou ou que vous avez besoin de traitements urgents pour dépression grave. Vous allez même peut-être le voir accourir pour vous administrer un soluté.

J'appelle ça de la musique qui nous vampirise... C'est en plein l'impression que j'ai eue quand je me suis forcé à faire une cure de Radiohead pour voir une fois pour toutes ce qu'il en était de ce groupe si populaire. Ce que j'écoutais était bon, mais je me sentais vidé, sapé, comme si on m'avait sucé tout mon sang. J'en ai déduit que c'était une musique qui coupait l'énergie par son trop-plein de larmoyisme et de négativité. La voix seule du chanteur, déclinante, plaintive, gémissante, traînante, donne envie de se suicider, et ce, même s'il criait très fort que la vie est belle et qu'elle vaut la peine d'être vécue. En tout cas, dès que je l'ai entendu dire ça, que la fin du monde était inévitable et qu'on en avait pour vingt ans à peine, j'ai eu envie de rire : c'était tellement évident qu'on faisait dans le pathétique qu'ils en devenaient ridicules. J'ai compris que ce n'était qu'une mode de jeunes ados déprimés comme pour The Cure dans le temps, mais que ce n'était toujours que du théâtre, du drame et de la comédie, et que les musiciens feraient bien souvent mieux de se fermer la yeule au lieu d'exprimer leurs points de vue sur l'actualité qu'ils ne comprennent même pas ou qu'ils ne connaissent qu'à travers les médias de masse déformants. Comme pour Céline Dion aussi : on n'en a rien à foutre de ce que tu penses de la souveraineté, et on ne veut pas que tu nous chantes la souveraineté, on veut juste que tu nous fasses de la bonne musique. Le rêve est le moteur de la réalité, mais lorsque celui-ci est énoncé en termes clairs, précis et articulés, il perd toute sa force d'inspiration, alors que c'est la chose dont nous avons le plus besoin. Lorsque la musique est soumise à l'idée, on se retrouve invariablement avec de la musique poche socialiste comme on pouvait en trouver dans la Russie communiste, ou comme on peut en trouver ici avec Loco Locass: de la musique terre-à-terre de gros bêtas.


vendredi 9 avril 2010

À l'Église catholique

«L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.» Pascal

La plus grande erreur de l'Église catholique est d'avoir imposé le célibat à ses prêtres. La pulsion sexuelle est indéracinable et inévitable, va-t-on le reconnaître un jour? Il ne semble pas y avoir grand pédophiles parmi les rangs des prêtres protestants... Ou peut-être n'est-ce qu'une impression?

On sait ce qui arrive avec les gars qu'on enferme en prison pendant plusieurs années sans qu'ils puissent faire l'amour avec des femmes : ils développent une sexualité différente, ils deviennent temporairement homosexuels, des homosexuels honteux, et ils viennent à y prendre goût, malgré eux. C'est assez tordu effectivement.

À continuer...

Réflexion sur les stars d'Hollywood et la religion

Lorsqu'il est temps de me coucher, je me sers avec un certain mépris des revues à potins Life and Style de ma blonde pour cacher la lumière de mon cadran et d'un piton rouge après une barre d'alimentation, j'ai besoin de l'obscurité complète pour dormir, et je mets même des bouchons pour ne plus rien entendre. Peu importe.

Je lève tantôt la revue pour voir l'heure et je constate que j'ai dormi 12 heures! Mais bonne nouvelle, j'ai combattu le virus : j'ai craché un gros blob jaune dans le lavabo tantôt pis j'ai pu mal à gorge. Bref, alors, je retourne le magazine et je vois une femme, qui, selon moi, est une des plus belles femmes du monde : Jessica Biel. Elle se promène seule dans New York, l'air triste, errante, son chum, el cocombre Justin Timberlake est en train pour la seconde fois de faire la fête à Las Vegas avec une autre femme... Il tripe assez fort sur une mulâtre parait-il. C'est vrai que la fille est belle et tentante, et elle n'est pas la seule d'ailleurs. Elles sont toutes belles et tentantes quand t'as du cash qui te sort par les oreilles!

Je ne suis pas contre le fait de coucher avec plusieurs femmes ou plusieurs hommes, je suis contre l'engagement pour ceux qui savent très bien que ce sera chose impossible : y a des gens comme ça et on ne peut rien y faire. Les stars d'Hollywood ne donnent pas l'exemple et sont assez idiotes et idiots : ils se marient, trompent, divorcent, se remarient, retrompent, redivorcent, se reremarient, et ainsi de suite, ad nauseam, ad infinitum, jusqu'à ce qu'ils soient tous rendus trop vieux en tant que marionnettes en carton pour mettre leur queue dans un trou ou s'écartiller les jambes pour se faire fourrer. Eille! C'est juste du sexe! Pourquoi ne pratiquez-vous pas l'échangisme au lieu de perdre votre temps à vous marier inutilement et à vous faire des saloperies dans le dos? Parce que c'est ça la réalité : ces gens sont des échangistes qui s'ignorent. De cette façon, Justin pourrait fourrer sa belle mulâtre sans envergure accompagné de Jessica dans le même lit. Il pourrait les fourrer les deux à tour de rôle. Les deux femmes pourraient apprendre à mieux se connaître et pourraient faire la paix, car ce qui est le plus probable, encore une fois, c'est que Justin va fourrer la tite nouvelle et s'en tanner dans l'instant même. Par contre, le deal marche dans les deux sens : si Jessica, qui n'est surtout pas piquée des vers, trouve un jeune loup assez beau (Timberlake, c'est pas difficile à battre!) sur la queue duquel elle a envie d'asseoir sa chatte mouillée, Justin doit accepter sa présence dans le lit conjugal.

Bref, je suis pour la polygamie et la polyandrie en relations ouvertes et sans engagement, mais je suis aussi pour l'exclusivité sexuelle et amoureuse du mariage, à condition qu'elle soit respectée. Je trouve cela assez minable de jurer fidélité et d'ensuite aller s'amuser à collectionner les scores en cachette dès que sa femme ou son homme n'est pas dans les parages. On dirait que ces gens ne tirent plus assez de plaisir à mentir aux autres, il faut qu'ils se mentent en plus à eux-mêmes. L'Église catholique, si elle se respectait le moindrement et qu'elle n'était pas constituée que de farceurs, devrait interdire à ces gens de se remarier à nouveau. On ne devrait avoir le droit que de se marier une seule fois. Ça suffit l'hypocrisie! Moi si j'étais prêtre et que je mariais la même personne pour la cinquième fois en cinq ans, je sentirais qu'on me prend pour un cave et je refuserais de faire le mariage. C'est ainsi que les voeux de mariage perdent toute leur valeur et que l'Église perd toute crédibilité à force de vouloir augmenter à tout prix le nombre de ses adhérents.

jeudi 8 avril 2010

Morale et esthétique

Pouvez-vous me dire quel est le rapport entre le bien et le mal et le beau et le laid? On parle toujours de ces choses ensemble, côte à côte, comme si ça allait de soi. Même les Grecs identifient le beau et le bien avec le terme kalos qui veut dire aussi bien l'un que l'autre. Pourtant, quel rapport peut-il bien y avoir entre morale et esthétique? Il semble qu'on ne se pose pas souvent la question...

mercredi 7 avril 2010

Citation du jour

«...mais une toute petite idée confuse est toujours plus grande qu'une très grande idée parfaitement claire.» Leopardi, p.1464, Zibaldone

Ce que son fils lui disait en réalité c'était Parle-moi...

Depuis quelques jours, je n'arrête pas de penser à mon enfance, à mes parents, à quel point ma famille fut une osti de faillite. Ces deux moineaux-là n'étaient pas faits pour être ensemble dès le début, mais quoi blâmer? qui? Rien, personne. J'ai hérité des travers de mon père, de sa génétique déficiente, de sa myopie, etc., dois-je le blâmer? Je ne peux blâmer personne si à partir de 18 ans j'ai commencé à faire de la myopie et que cela a mis un stop à mes activités sportives, dans le temps, la boxe et les arts martiaux. Si je blâme mon père, mon père doit blâmer mes grands-parents, et mes grands-parents leurs parents, et ainsi de suite, jusqu'où faudrait-il remonter? Ça n'aurait aucun sens. Et de toute façon, même si on arrivait à trouver le coupable, son nom sur un arbre généalogique, qu'est-ce que cela changerait? Et imaginons pour la cause qu'il serait même vivant, qu'est-ce que je ferais? J'irais lui foutre une tape sur la gueule? Est-ce que ça m'aiderait, ça me soulagerait? Ainsi, c'est comme ça. C'est tout ce qu'il y a à dire. Il n'y a rien à faire, rien qu'on puisse faire, on hérite, c'est tout. Ta vie sera chambardée à 18 ans, tu dois l'accepter. T'auras telle maladie ou tel problème de santé, tu dois l'accepter, ça faisait partie de ton bagage au début que t'apprends bon gré mal gré à déballer tout au long de ta vie. Bien sûr, tu t'en rajoutes toi-même des misères par-dessus le marché, comme celle-ci par exemple, de trop regarder aux autres, de trop regarder vers le passé. Mais bon. On trouve toutes sortes de raisons pour varger sur des parents qu'on déteste. Et la perfection ça n'existe pas, et bla bla bla... Mais il faut faire une différence quand même, une différence entre ce qui ne pouvait être évité et ce qui pouvait être évité. Comme mon père qui me vire contre ma mère en me racontant des saloperies sur son compte, et ma mère qui me vire contre mon père en faisant de même : deux idiots. Excusez-moi chers parents idiots, mais mon esprit d'enfant n'arrivait pas à comprendre et à démêler, je prenais tout à la lettre et tout à coeur, j'étais blessé par chacune de vos paroles malveillantes que vous vous adressiez l'un envers l'autre par mon intermédiaire. J'étais le messager de vos saloperies. Vous m'utilisiez pour vous haïr l'un l'autre, oui, vous m'utilisiez... Belle image du couple que j'avais là! Belle image de l'amour! Mais c'est plutôt mes émotions qui se fermèrent pour un temps... Pour longtemps, en fait. J'ai hérité de carences affectives, de distorsions affectives. Exemple : pour Paques, ma mère m'a donné des petits poussins dans une cage, je trouvais cela magnifique, je voulais les garder. Mais ce n'était qu'un coup qu'elle faisait à mon père pour le moment où je voudrais les ramener chez moi (c'est mon père qui avait ma garde), parce qu'elle savait évidemment qu'il n'aimait pas les animaux... Ça n'a pas pris longtemps que les poussins ont disparu. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas les garder. On voit à quel point c'est pervers et malsain tout ça. Je percevais vaguement qu'on m'utilisait et je ne comprenais pas pourquoi, mais une chose est sûre, je me sentais «utilisé», je ne me sentais pas «aimé». Très tôt, j'étais ainsi «en marge». J'étais le fils qu'on attend qu'il ait 18 ans pour pouvoir le câlisser légalement au boutte de ses bras, après l'avoir fucké émotionnellement pendant une bonne partie de son enfance et de son adolescence. Lorsque je vois aujourd'hui des parents comme ça, qui n'aiment pas leurs enfants, qui ont démissionnés de leur rôle de parents, je les reconnais tout de suite, j'ai envie de leur sauter dans face... Pourquoi vous faites des enfants bande d'imbéciles? Un enfant, c'est pas comme un chien ou un chat achetés par des sales et qui utilisent le prétexte d'un déménagement pour s'en débarrasser, alors que la vraie raison, c'est qu'ils sont juste tannés d'avoir un animal, parce qu'un animal, ça n'a toujours été qu'un objet à leurs yeux, un objet pour se désennuyer. Ils l'ont acheté en tant que bibelot, et ça reste un bibelot : ils ne ressentiront jamais ce que l'animal ressent pour eux, il y a un mur entre eux et l'animal. Eh bien, il y a des parents qui font aussi des enfants pour se désennuyer, semble-t-il... Une fois l'ennui passé, on démissionne de son rôle de parent, on redevient un Don Juan ou une Mata Hari, etc. J'ai vu l'autre jour un père qui me faisait penser au mien, il avait deux jeunes garçons : un de ses fils lui demande, Papa, comment dois-je faire cela?, son père lui répond, Ben voyons donc, t'es assez grand, débrouille-toi, enwoueille! On pourrait penser par ce genre de réponse qu'il leur enseignait à se débrouiller, à être autonomes et indépendants, ce qui est une très bonne chose, mais c'est parce que vous n'avez pas vu son visage alors qu'il proférait ces paroles, vous n'avez pas vu les enfants qui avaient l'air délaissés, vous n'avez pas entendu le ton qu'il a utilisé, vous n'avez pas senti le mur que le père avait dressé entre lui et ses enfants : il ne les écoutait pas, il ne pensait qu'à lui... Ce que son fils lui disait en réalité c'était Parle-moi... Tout est dans la manière, et il faut toujours être attentif à cela : ce que j'ai perçu personnellement était toute autre chose qu'une volonté de rendre ses fils plus débrouillards... Ce que j'ai perçu personnellement, ce que j'ai ressenti tout au fond de moi, surtout lorsque j'ai vu les nuances émotives sur le visage de l'enfant qui se faisait répondre de cette façon, c'est un père qui rationalisait sa démission de son rôle de père, son abandon, en le faisant passer pour une volonté de rendre ses fils plus débrouillards... Ainsi, si on ne porte pas attention, tout cela paraît louable et justifié, mais si on regarde de près, on se rend compte que ce n'est que mascarade et que ces enfants sont en réalité délaissés, seuls, et que leur père ne les aime pas, ce n'est qu'un père fantoche plutôt occupé à courir après les femmes qu'à s'occuper de la bonne éducation de ses fils. On peut s'imaginer ce que ça donnera plus tard... Des enfants qui vont avoir été obligés assez tôt de se créer un mur affectif avec leurs parents et qui vont avoir de la difficulté à développer leurs propres émotions par la suite, et qui vont probablement refuser, inconsciemment, les émotions chez les autres, etc. Ainsi le mal se perpétue, comme le bien. Il faut seulement prendre garde à ne pas répéter les mêmes erreurs et évaluer à sa juste valeur ce que le bien a de bien, pourquoi il est bon, pourquoi il est justifié, sinon le «bien» peut facilement disparaître ou devenir un mal. Il faut connaître la raison de ce qu'on fait... Vraiment? Je prends soin de cette fleur parce que je la trouve belle, parce que j'apprécie la vie, puisqu'elle est là et qu'elle pousse et qu'elle n'a rien demandé, c'est une petite merveille gratuite dans l'univers, etc. Je pourrais chercher une raison d'en prendre soin, mais à quoi cela sert-il de justifier rationnellement quelque chose que je fais naturellement? N'est-ce pas chercher à démonter le bien pour savoir comment il fonctionne? Aimer avec des raisons, n'est-ce pas là le début de la fin de l'amour? La fin de l'illusion amoureuse? N'est-ce pas tout ramener à des facteurs de la soi-disant évolution, à des courbes, des variables et des constantes? N'est-ce pas nous ramener à des animaux, des machines ou des bactéries qui se multiplient? N'est-ce pas nous invalider nous-mêmes, nous rabaisser, nous et les autres et tout ce qui nous entoure, par haine, par épuisement, par ressentiment, ou encore, par simple démission? N'est-ce pas tout détruire quand on a perdu l'instinct en même temps que la divinité? Les hommes seraient des dieux qui s'ignorent... ou de simples humains qui se prennent pour des dieux? Qu'est-ce alors, qu'être simplement humains? Est-ce être nécessairement imparfaits, entachés de fautes, ou est-ce plutôt de chercher à comprendre, ressentir, observer, écouter, être responsables, c'est-à-dire être capables de réponse?

lundi 5 avril 2010

La grosse masse d'imbéciles qui peuple la Terre

Je pensais à mon père, qui, aux dernières nouvelles était en train de mourir d'un cancer au niveau des testikules, et je me rappelais à quel point ça l'impressionnait tout ça, ça le motivait et ça guidait donc tellement ça vie, les belles pitounes pis les beaux chars, eille, le nirvana esti! Eh bien, aujourd'hui, on lui coupe ses grosses gosses pourries... Ouais, je sais, je suis méchant, mais à la différence de mon père, je le suis consciemment... Mot magique que celui de «conscience».

Je ne sais pas pourquoi, mais tout d'un coup, je me suis mis à ne plus regarder la «beauté»... Définition de la beauté aujourd'hui : ce qui nous saute d'en face. C'est tout. Ça nous saute d'en face, ça nous agresse pour avoir un peu d'attention, c'est du vide pur, de la néantité... Vous connaissez le mot : y a rien de plus laid qu'une personne qui se trouve belle, hein? Eh bien, ils et elles se trouvent tous beaux, et sans aucune honte. Et nous, pauvres idiots schizophrènes, nous les trouvons encore plus beaux! C'est le contraire qui se produit! Voilà, nous avons ici cet Enrique Iglesias le complaisant qui se fait aller avec sa face de plotte en chantant l'amour alors qu'il devrait chanter ses boxers avec un spot de pisse enroulés autour de ses oreilles ou les vertus de sa tuque à 40 degrés en Espagne, et nous avons là cette connasse de Paris Hilton pleine de cash qui se trouve donc belle pis bonne pis branchée et qui se pavane partout avec sa médiocrité et que sa mère appelle Bambi avant qu'on l'envoie faire un tour du côté des cellules, choses dont elle a effectivement un grand besoin. Et plus ces minables se montrent la face, plus nous les adulons, plus nous les aimons, plus nous les approuvons, plus nous les trouvons beaux... Esti de gang de moutons de câlisse à genoux devant la tévé et les célébrités... qui sont célèbres pourquoi se demande-t-on finalement? Eh bien, devinez-vous, après ce qui a été dit précédemment, elles sont célèbres pour leur célébrité voyons! Il suffit d'avoir un peu d'argent et de s'autoproclamer beaux, riches et célèbres devant le kodac pour que tout le monde vous acclame comme un héros! C'est tout! It's simple as that! C'est la recette même de l'American Dream! Et après on se demande pourquoi ces personnes-là se suicident ou meurent dans des circonstances bizarres... Eh bien, c'est parce que tout cela n'était qu'une grosse balloune et qu'il fallait bien qu'elle pète un jour... Faut être assez caves et assez vains pour accorder autant d'estime aux acclamations de la grosse masse d'imbéciles qui peuple la Terre...

La cause des Québécois est loin d'être perdue, mais des fois je trouve ça décourageant

Je me décolle encore les crottes des yeux, je bois mon café. Étrangement, je n'ai absolument rien à dire ce matin. Rien. J'ai essayé de faire une toune hier soir, pas capable de poursuivre ce que j'avais commencé. Je trouve de bons sons de clavier et de bons beats, mais je n'arrive à faire rien qui ait du sens et qui soit bon à écouter disons sur quatre ou cinq minutes. J'ai bu deux bières pis j'ai crashé, contrairement à d'habitude. J'ai mangé une tonne de patates et presque pas de veau, rien de pire pour la ligne que les maudits féculents succulents. Je pense à la maudite anglaise qui a fait de la discrimination à mon endroit à l'université anglophone X; j'hésite à porter plainte, en tout cas, j'y pense constamment. Elle essayait vraiment de me décourager au téléphone, de justifier le fait que le traitement de ma demande a été retardé en cherchant des bibittes dans mes résultats universitaires. Et plus j'y pense, plus j'en parle même, plus je crois qu'il faut que j'aille jusqu'au bout dans cette affaire-là. C'est effectivement louche ce qui s'est passé avec ma demande ET c'est pour ça qu'elle a dévié la discussion sur mes résultats, parce que je ne lui avais rien demandé par rapport à ça, je lui demandais tout simplement pourquoi ma demande n'était toujours pas traitée à cause de l'absence d'un document qui n'était même pas nécessaire pour les conditions d'admission et que j'avais ajouté simplement pour «booster» mon dossier. Mais si je n'ai pas raison sur ce point, que vais-je pouvoir faire avec la simple condescendance d'une anglo envers un Québécois? Pas grand-chose... Il n'y a qu'à aller faire un tour dans l'ouest dans ce coin-là et demander un renseignement de direction à un anglo pour voir à quel point il vous regardera de haut, il vous demandera de lui parler en anglais... Anyways, tout ça ne fait que m'occuper l'esprit inutilement et c'était d'ailleurs son but : de me faire chier le plus possible, de me retarder dans mes projets, que je pète une coche et que j'y saute dessus ou sur quelqu'un d'autre et que je me retrouve au trou et ensuite mendiant sur la Catherine. Elle serait trop heureuse là, la salope. La cause des Québécois est loin d'être perdue, mais des fois je trouve ça décourageant. La réalité, c'est qu'on entre vraiment dans un autre territoire quand on traverse à l'ouest. Les petits Québécois de l'est n'ont pas d'affaire là, c'est tout. On n'est pas de la même «race» nous autres, on est de la race des chats de ruelle et eux sont de la race des Toy Terrier pur sang. Voici d'ailleurs des images :


Chienne anglaise de l'ouest, fidèle gardienne de l'anglophonie.



Chat de ruelle de l'est qui attend pour se faire admettre dans une université anglophone à l'ouest. (C'est peine perdue mon vieux... Retourne dans ton patelin! que lui répond la chienne anglaise.)

dimanche 4 avril 2010

Il fait beau, on s'excite!

On se pitche dans l'eau de sa piscine qu'on vient de remplir, l'eau est à 10 degrés, pas grave. Un crétin sort pour gratter sa guitare en public et nous brailler du John Lennon, avec sa voix d'alcoolique fini. Tout le monde se promène tout d'un coup en gougounes, c'est drôle, on n'en voit pas autant en plein été. On fait des overdoses de saucisses sur le barbecue les deux pieds dans neige sur les montagnes de ski. Tout d'un coup, tous les hommes trouvent donc que toutes les femmes sont belles. On boit de la bière comme des cochons en criant et en faisant les fous pour faire comme dans les commerciaux de Budweiser. On met sa maudite musique latino très fort dans la cour en buvant de la Corona pis en invitant toute la famille à jaser jusqu'à passé 1h du matin... et j'en passe.

Maudit qu'on est cons quand il fait beau... 

Les Français aiment le sirop d'érable

C'est-tu bon du sirop d'érable, hein? Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais plus c'est cher, plus c'est bon! Les Français se délectent du sirop d'érable comme d'un produit raffiné, de luxe, rare; bientôt, quand la canne franchira le cap des 20$ l'unité, on verra une cohorte de snobs pour venir humer et déguster les différents sirops d'érable. Quelle belle gang de poseurs à marde! Eille, c'est juste du sirop d'érable câlisse!

samedi 3 avril 2010

L'art de bien perdre son temps

Il fait chaud, mon jeans me colle dans la craque des fesses. J'ai travaillé à la chaleur toute la journée, me sens malade, je bois une grosse bière froide. J'ai un buzz tout d'un coup, j'ai bu trop vite.

Je continue à lire Leopardi, un penseur et un créateur hors-normes. Ma lecture de ce matin dans le bus : une entrevue avec Deleuze et Guattari. J'essaie de comprendre quelque chose à l'Anti-Oedipe et ce livre m'y aide. Est-ce que je suis en train de désespérer de faire quoi que ce soit de bon dans la vie? Peut-être...

Je me sens perdu depuis un boutte. J'ai trop de livres à lire. Il faut que je me concentre, que je me recentre, mais c'est difficile de revenir sur Heidegger et seulement lui, ou encore, Hegel. Mes rêves de jeunesse, c'est terminé. Les grandes études en métaphysique à l'Université de Montréal et la maîtrise d'Aristote, c'est terminé. Tout ça ne fut qu'un beau rêve qui a été détruit par la drogue et par les années d'attente dans la pauvreté et l'impasse sociale.

Il m'arrive assez souvent de penser que je pourrais encore être capable, mais non, j'ai des dettes, il faut que je travaille, ça fait revenir sur terre assez vite. Je rêvais de devenir un maître en phénoménologie... Pour ça par contre, il n'est peut-être pas trop tard. Je sais que je serais capable de travailler avec de grands professeurs dans mon département. Ce sont des professeurs que j'estime beaucoup.

L'envie me reprends de jouer aux échecs, après les revers que j'ai connus dernièrement, je me dis qu'au moins je me valorisais de cette façon. Je trouve que je perds mon temps quand je joue à ce jeu, mais que voulez-vous, au bout du compte, tout n'est qu'une perte de temps... Alors, la stratégie à suivre, la stratégie d'une vie, ne consiste et ne consistera toujours qu'en l'art de bien perdre son temps. Je pourrais continuer et essayer de devenir maître aux échecs, je suis très près... Mais quelle splendide perte de temps par rapport à tout ce que je veux faire d'autres... Je dois faire des sacrifices! J'avais commencé à maîtriser très bien Heidegger, je dois continuer dans cette voie et ne pas écouter les merdeux comme Faye, etc., qui me découragent de continuer. Je sais, la critique de Heidegger n'aura jamais de fin, mais tant mieux alors. Je m'en fous. Cet homme est un grand, un des plus grands malgré les bassesses qu'il a commis, si c'est le cas, on ne saura jamais avec certitude.

Je me souviens d'un étudiant qui avait interprété tout de travers le Platon : Le Sophiste de Heidegger. Il a dû avoir un bon résultat, puisqu'il a terminé son doctorat. Je me souviens d'avoir critiqué son interprétation que je trouvais complètement absurde, mais sans plus. Un professeur s'est esclaffé pendant son exposé, peu importe, c'est pour dire qu'il ne comprenait rien à Heidegger. Aujourd'hui, lui enseigne, moi, je végète. Ses parents avaient de l'argent et ils ont pu lui permettre d'aller faire son doctorat dans une université plus hot en ontologie.

Pas besoin d'être un spécialiste pour réussir dans les choses les plus difficiles. Celui qui a traduit Finnegans Wake de James Joyce en français n'était pas un traducteur, mais un ingénieur. Il le faisait pour le plaisir. J'étais étonné d'apprendre cela alors que j'étais étudiant en traduction. Moi, je me fendais le cul sur les bancs à essayer de prouver mon talent, alors que lui l'avait fait sans études dans le domaine. Ce genre de cas arrive à prouver parfois toute l'inutilité des études. On peut tout faire par soi-même, nul besoin d'aucun maître en rien.

vendredi 2 avril 2010

Sondage - Max et le Nerd de laboratoire

Le Nerd est très direct et a obtenu un baccalauréat en Nerdologie. Pendant ses études, il a consacré beaucoup de temps à faire chier des gars comme Max avec ses jokes plates et ses expériences de rats de laboratoire de logique et de probabilité.

Quelle est la probabilité que le Nerd, s'il croise Max :


• reçoive une paire de claques de la part de Max?

• reçoive une paire de claques et un coup de pied au cul de la part de Max?


Vous devez classer les traits descriptifs de cette liste en commençant par le plus probable et en terminant par le moins probable. - - -

Selon la logique du Nerd, le premier énoncé est logiquement plus probable; mais selon la bonne vieille logique de notre bon vieux Max, c'est le second qui est beaucoup plus probable. C'est ça le problème avec le test présenté précédemment.

L'air devient saturé de testo et d'estro, et quand je sors de là, j'ai toujours envie de fourrer

Je me sens en forme, belle soirée, belle journée. Je n’en ai pas vraiment profité, mais seulement la présence du soleil et de la chaleur a suffi pour m'énergiser. Je suis allé au gym, j'ai pris 4lb : dures à perdre. Je suis par contre plus bâti, je suis gonflé à bloc. Je n'ai pas mal au dos, ni au cou, ni nulle part. Encore un peu à la fesse, mais ça passe. J'ai recommencé à courir en faisant attention à ne pas me reblesser. Je suis trop lourd pour mon ossature à 251lb, je dois redescendre à 230 au moins. J'aimerais bien 220 ou même 200, mais je crois que ce sera trop difficile. Je devrais avoir un régime strict pendant trois mois, et même encore là, ma musculature a grossi, je ne pourrais pas revenir au poids que j'ai eu dans le passé. Si je perds 10lb assez rapidement, je vais être correct. C'est les abus des dernières semaines qui m'ont fait grimper à ce poids : caisses de bières, fondues au fromage, beaucoup de pain et de beurre, etc. Je dois continuer à boire beaucoup d'eau, on dirait que ça fait diminuer mes allergies et je me sens ainsi plus en forme.

Je me suis fait approcher par un fife au gym: je sais pas pourquoi j'attire toujours les gais, c'est comme pour mon problème avec les grosses négresses : elles veulent toujours me foutre la face entre leurs deux grosses boules en m'appelant baby. Je le voyais qu'il me regardait là du coin de l'oeil en levant ses poids pas trop lourds. Je peux les sentir d'assez loin, j'ai su presque au premier regard que c'était un gai. J'essayais de pas faire d'échanges de regard, mais ça m'énerve de me savoir regardé, observé comme un objet. Je comprends les femmes dans ce temps-là. Aussitôt que tu les regardes une fois, ils pensent que c'est dans le sac, ils insistent. Je me suis mis à regarder les boules pis le cul des filles de façon évidente devant lui, pour lui dire mec, j'aime les femmes, va voir ailleurs. Il semble qu'il n'a pas très bien vu ma démarche.

Je change de place pour aller m'entraîner un peu avec les poids libres, mais il est là pas loin, il fait du bench press... Il en profite, il me pousse un doigt contre l'épaule et me demande : «Est-ce que tu viendrais me spotter? (spotter pour ceux qui savent pas, c'est aider la personne qui fait du bench lorsqu'elle n'a plus de force, genre mettre deux doigts en dessous de la barre et tirer pour aider à finir le set) Au début, j'ai dit oui pour ne pas faire mon homophobe, mais je me suis ravisé et j'ai dit que j'avais peu de temps pour terminer mon entraînement. J'ai bien fait en crisse, parce qu'après ça il serait devenu de plus en plus collant et j'aurais été obligé de lui mettre les points sur les i. Il avait une bonne stature, mais quand j'ai vu les poids qu'il levait sur le bench, je me suis retenu de lui dire qu'on n'a pas besoin d'un spot pour ça : c'était honteux, quatre ou cinq plate de 10 ou 15lb chaque bord. Crisse, met trois plate de 45lb chaque bord, là je te comprendrai, mais ça? Il a bien vu dans ma face que ça me tentait pas du tout. Une autre personne a finalement accepté de l'aider, pauvre lui.

À part de ça, j'ai pas vraiment vu de belle fille, encore une fois. J'ai envie de changer de gym. Il y a un peu trop de gais à mon goût dans cette place-là et pas assez de belles filles. Ça encourage toujours à pousser plus fort quand on voit des belles filles passer; il se forme comme une compétition dans l'air, entre les gars, pour celui qui lèvera le plus, pour celui qui sera le mâle dominant. L'air devient saturé de testo et d'estro, et quand je sors de là, j'ai toujours envie de fourrer.

Les préjugés des anglophones, des immigrants et des Québécois

Je me souviens de quand j'étais enseignant aux activités parascolaires dans les écoles primaires, j'entendais des choses assez dures à avaler des fois de la part des étudiants. Par exemple, je donnais ce cours dans une école anglophone avec beaucoup d'enfants italiens, et j'ai entendu une fois ce genre de propos entre jeunes, en anglais : «Quoi? Ton ami c'est un Québécois? Tu peux pas être ami avec ça, c'est un loser, et t'es un loser si tu te tiens avec eux.» Et les jeunes se liguaient contre le jeune avec leurs préjugés en le rabaissant et en le menaçant, par leur mépris, de l'exclure du groupe. Je pense que le jeune a compris qu'il fallait qu'il reste anglo jusqu'au bout des ongles et qu'il méprise lui aussi les francophones, et plus particulièrement les Québécois, et moi, du coup, j'ai compris où les problèmes commençaient dans la lutte contre le mépris et la discrimination. Je n'ai rien fait à l'époque même si cela me révoltait au plus haut point, je suis comme resté pris de court par ça, parce que je ne pensais vraiment pas à ce genre de préjugé. Je parlais anglais couramment, alors les étudiants ne pensaient vraiment pas que j'étais un Québécois et se laissaient aller librement à leurs propos racistes devant moi. Je me disais que c'était évidemment leurs parents qui les disposaient à avoir ces préjugés négatifs envers les Québécois, et que eux finalement, ne faisaient que se faire mouler là-dedans et qu'il était probablement déjà trop tard pour changer leur vision des choses, et que de toute façon, ça ne se produirait pas, parce qu'ils seraient exclus de leur milieu. Alors que nous, nous nous ouvrons à tous, eux se ferment à nous. Je me demande aujourd'hui qu'est-ce que j'aurais pu bien faire, et ma réponse est encore aujourd'hui : rien. Si j'étais intervenu d'une façon ou d'une autre, les parents l'auraient su, et j'aurais été viré tout simplement. Et déjà affamé à cause de la difficulté de trouver un emploi payant et criblé de dettes, je n'en avais pas les moyens : j'ai préféré l'argent à la fierté. Faire l'inverse aurait été un suicide, dans ma tête, par contre ça ne les a pas empêchés peu après de me virer quand même pour des raisons nébuleuses, on se perdait en explications, on avait soudainement donné mon contrat à un autre prof sans m'avertir, etc., et je me suis retrouvé encore à mendier un emploi sans avoir de bonnes références.

J'ai des tonnes d'exemples comme ça qui montrent ce qu'est la réalité au Québec. On nous prend tout simplement pour une race de sous-fifres.

Je travaillais à côté d'une pizzéria appartenant à des Juifs. Je faisais des journées de 12 heures et plus et je ne pouvais pas quitter mon poste, alors j'allais à côté m'acheter des pointes de pizza assez régulièrement. Je m'entendais bien avec l'employé qui était là la plupart du temps, je n'avais aucun problème avec lui, on était friendly parce que lui aussi faisait de longs quarts et on discutait assez souvent. Un jour j'arrive au comptoir et je l'entends avoir des propos racistes, il discute avec un autre, il dit genre : «Si t'es pas Juif, t'es pas mon ami.» Alors moi j'entends ça et je réplique immédiatement : «Et moi? Est-ce que je suis ton ami?» Il me répondit : «Est-ce que t'es Juif?» Ma réponse : «Non.» Sa réponse : «Alors t'es pas mon ami.» Je suis resté abasourdi. J'ai pris ma pointe de pizza et je ne suis plus jamais revenu manger là. J'étais vraiment navré et en crisse en même temps de voir autant de refus, de fermeture et d'incompréhension, mais en même temps, qu'est-ce que je pouvais faire?

Une fois, j'étais caissier dans un dépanneur qui se rapprochait de l'ouest. Il y avait de gros rush dans ce dépanneur-là, c'était incroyable, ça arrivait de partout en même temps. Il y avait assez souvent une longue ligne pour passer au comptoir vers les 9-10h du soir, surtout à partir du jeudi. J'entends dans la ligne une femme très agressive qui dit à son amie : «I'm in Canada, they will SERVE ME IN ENGLISH!» Et elle n'arrêtait pas de répéter ça dans la ligne... Lorsque ce fut son tour, j'ai fait semblant de ne pas connaître l'anglais : je ne comprenais rien, j'étais idiot tout d'un coup... Ça n'a pas pris longtemps que j'ai failli me faire lyncher par les gens qui étaient massés là : ils ne prenaient pas pour moi, ils prenaient pour elle. Finalement, la dame n'a jamais dit un mot de français, alors que moi je me débrouillais de mon mieux pour parler sa langue que je feignais d'ignorer. Une autre qui ne faisait aucun compromis envers les Québécois.

Une autre fois, je suis dans un hôtel. Je connaissais le commis à la réception, un Arabe. Je m'entendais assez bien avec lui, et je n'avais jamais eu aucun problème. Un soir, je reviens à ma chambre et je l'entends en train d'avoir une discussion assez mouvementée avec un autre homme, un Arabe lui aussi. J'arrive en pleine discussion et je comprends que l'autre lui demande quelque chose, et ça a rapport avec l'honneur, il dit : «Je ne suis pas un Québécois, moi!», en prenant le devant de sa chemise à deux mains à la hauteur de la poitrine et en feignant de l'arracher alors qu'il a les yeux sortis des orbites et qu'il montre les dents, enragé. Je compris immédiatement que pour lui, être Québécois, ça voulait dire être sans fierté, sans honneur, être un mou qui se laisse écraser par les autres. Après ça on se demandera pourquoi les femmes québécoises sont fascinées par les immigrants; c'est parce que c'est vraiment l'image que les hommes québécois dégagent. C'est pas compliqué : on dégage une image de perdants depuis la conquête par les Anglais, c'est tout. Si on était nés dans un pays de GI, ç'aurait été tout à fait différent. Il n'y a qu'à regarder la réaction des femmes lorsqu'un Américain traverse la frontière. Tout d'un coup, il y a de l'excitation dans l'air. Les femmes frétillent auprès d'un American, et si en plus il a un style militaire, oubliez ça, les petites culottes tombent à terre. Les femmes sont bandées sur les hommes qui projettent l'image du succès et de l'assurance, et si t'es du bon côté, t'es bien parti. C'est comme les logos des Olympiques sur la malbouffe : c'est posé sur de la merde, mais ça la fait rayonner quand même.

J'écoutais deux femmes parler hier alors que je mangeais dans un centre d'achat. La fille de une travaille comme avocate, mais elle s'occupait de quelque chose pour les ressources humaines, et elle rapportait que celle-ci lui avait dit qu'elle ne pouvait pas engager une telle parce qu'elle vient de l'est... Comme si venir de l'ouest était une condition préalable pour l'excellence... Il s'agit ici de trois Québécoises... Eh oui, le préjugé nous atteint nous aussi dès qu'on atteint une position enviable.

J'appliquais il y a pas longtemps dans une université anglophone de Montréal qui bénéficie d'une renommée internationale, l'Université X, et j'ai commencé à avoir des problèmes dès le départ. J'ai remarqué qu'on cherchait des bibittes dans mon dossier académique, on m'a même dit au téléphone avant même la sélection que je n'avais aucune chance à cause de ci et de ça, on rabaissait constamment mes résultats et il y avait toutes sortes de raisons et d'objections à mon entrée à cette université. Pourtant, ce n'est pas ce que je demandais au départ : je voulais juste savoir pourquoi on indiquait dans mon dossier «incomplet, documents à fournir», et la madame a bifurqué sur mes notes, etc., et elle a ajouté qu'ils refusaient même des étudiants avec des moyennes parfaites de 4/4, etc. J'ai compris que je faisais l'objet de discrimination. Lorsque je suis venu voir la madame qui voulait toujours plus de documents pour pouvoir traiter ma demande, et qui faisait ainsi grandement diminuer mes chances d'être accepté en en retardant le traitement dans un programme fortement contingenté, elle m'a appelé d'emblée par mon prénom... Une belle condescendance d'anglophone envers un francophone, même si je parlais tout le long en anglais, mais mon nom francophone parlait plus fort que moi, c'est comme si j'avais une étoile jaune sur la poitrine... Encore là, qu'est-ce que je peux faire? Je vais faire une plainte bien sûr, mais encore là, elle va tomber dans le néant parce que ces gens se tiennent tous entre eux et se protègent. Y a juste nous autres, les caves du Québec, qui voulons être «impartiaux».

Je sommeillais tantôt à cause de la grosse chaleur et je me suis fait réveiller par la réplique d'un Marocain je crois à une madame qui n'arrêtait pas de chialer sur la rue à un voisin ou à la personne en question pour je ne sais quoi, il lui a lancé : «On n'est pas en Grèce ici, tabarslak!» Tabarslak? Oui, un tabarslak à l'arabe avec des rrrrrrr bien roulés! Tabarrrrrrrslak!!! Ma blonde n'a pu s'empêcher de commenter avec un sourire : «Yé ben québécisé celui-là!»

jeudi 1 avril 2010

Nous vivons dans l'Immonde

C'est ça la vie, se rendre malade tout le temps, crier, pour rien, s'époumoner, pour rien. Se vider de son énergie, se faire utiliser, se faire vider, siphonner, pour rien. Tu te bats pour rien. Eux se battent pour le prestige, au prix de leur santé, toi tu ne te bats pas parce que tu as compris, mais tu es pris dans le manège avec eux, tu n'es rien, pour eux, à leurs yeux, car tu n'es pas attiré par la lumière comme les moustiques. Les moustiques veulent tous se promener en Jaguar, car cela leur fera oublier à eux-mêmes et aux autres, leur condition de misérables moustiques. C'est dans ce monde que tu vis, une lutte d'égo : tu es dans la marge, volontairement. Tu n'es rien, pour eux, à leurs yeux. Un homme sans volonté, un homme sans fierté, un homme sans courage : un lâche. C'est ce que tu es à leurs yeux.

On m'écrasera et il n'y aura plus aucun signe de moi, aucun souvenir, rien. Ça n'en valait pas la peine. Je n'en valais pas la peine, cette chose, ce nègre blanc. Il n'y aura plus aucune trace de l'injustice, car ma vie était l'injustice même, et maintenant, il n'y en a plus, exit. J'oublie le mal qu'on me fait, je n'en tiens plus compte après quelques jours. Je me dis que ça empirerait la situation de faire quelque chose, de me défendre, d'attaquer, ça ne m'empêche pas d'en rêver. Mais si je me défend, j'entre dans leur jeu, et c'est ce qu'ils veulent, que moi aussi j'entre dans la lutte pour le prestige, ils veulent que j'y croie moi aussi, que je les rassure sur sa valeur, ils veulent aussi m'écraser et me montrer, alors que la partie est gagnée d'avance pour eux, que je ne suis effectivement rien, qu'une merde, qu'une loque sans volonté, et on s'essuiera les pieds sur moi en toute bonne conscience.

Mon père pense comme ça, et c'est ce qu'il pense de moi. Hier soir, j'ai appris qu'il avait le cancer de la prostate depuis un an, et qu'on lui avait coupé les testicules à cause des métastases. J'ai eu la nouvelle par un autre membre de la famille, parce qu'il ne me parle plus depuis longtemps, parce que je ne pense pas comme lui, parce que je ne suis rien à ses yeux, parce que je ne suis pas un membre de sa secte scientiste. Je ne sais pas si je vais tenter de le rejoindre, je ne crois pas que c'est une bonne idée. Eh puis, j'ai douze heures de travail dans le corps et quatre heures de sommeil, j'y repenserai demain. Mais immédiatement, ce que je puis dire, c'est que si je vais vers lui, il me méprisera peut-être encore davantage... car il est aveugle à la réalité, tellement pris dans son idéologie, il n'est pas capable de s'arrêter et de regarder les choses en face, d'essayer de les comprendre, d'écouter ce qu'elles lui disent. Non, il leur coupe la parole et parle à leur place. C'est ça la vie. La vie de tout le monde sur cette planète... Le désert croît, nous vivons dans l'Immonde... Et c'est pourquoi il n'y a pas de monde, plus de monde, c'est pourquoi il n'y aura plus de monde...